Tribunal. "Il est tombé car il a vu tellement gros avec l'achat de cette Porsche", s'indigne maître Coralie Gay qui représente une femme de 75 ans, fragile psychologiquement et sous curatelle. Mardi, le tribunal correctionnel de Nîmes a jugé un dossier d'abus de faiblesse et de violence par une personne ayant été son conjoint.

Le prévenu, un ressortissant Belge âgé de 54 ans au moment des faits, est soupçonné d'avoir abusé de la faiblesse psychologique d'une retraitée. Une femme avec qui il a entretenu des relations intéressées à en croire les débats à l'audience publique.

La victime, une veuve, pensait avoir trouvé une oreille à qui se confier après le décès de son époux. Mais rapidement elle va dépenser sans compter pour cet homme, déjà connu de la Justice pour des violences. Les faits se sont déroulés fin 2019 à Pont-Saint-Esprit, avec une rencontre, puis une relation amoureuse et enfin des détournements d'argent. La victime aurait payé près de 12 000 euros de cadeaux en deux mois, mais c'est l'achat d'une voiture de luxe, une Porsche à 236 000 euros qui va déclencher une plainte, puis une enquête.

Le rêve de l'accusé, cette berline avec 69 000 euros d'accessoires et d'options, va finalement se transformer en cauchemar car elle le conduit tout droit à la case prison, le tribunal ayant délivré un mandat de dépôt dès la fin du procès. "Il s'agit de faits particulièrement graves sur une victime particulièrement vulnérable", insiste lors du délibéré Jérôme Reynes, le président du tribunal correctionnel. "Mais je n'ai pas voulu ce qu'elle m'offrait ! Je voulais qu'elle garde son argent. C'est elle qui voulait me faire plaisir, je lui ai même dit de se calmer car elle avait un fils. Jamais je n'ai manipulé cette femme, je demande un peu d'indulgence", explique le prévenu qui se défend seul à la barre de la juridiction répressive nîmoise.

Un vrai manipulateur

"Ses arguments viennent en totale opposition avec les arguments de preuves dans ce dossier, tranche le procureur adjoint. Il sait que madame est très fragile : il lui prépare son traitement, des médicaments qui vont assommer la victime. Elle est sous son emprise et d'ailleurs, lorsqu'ils vont acheter cette Porsche, la vendeuse est étonnée du peu de réaction de madame", poursuit le représentant du parquet de Nîmes. "Il est un vrai manipulateur, il pratique le mensonge à grande échelle. Il a la connaissance de la vulnérabilité de cette dame et va en profiter. Il joue avec les sentiments, il s'amuse de cette femme prête à se mettre à genoux face à lui", accable le procureur Frédéric Kocher. Un prévenu qui lorgnait aussi sur un appartement de madame et qui voulait le viager, "alors que la victime a un enfant pour la succession", dénonce maître Coralie Gay.

Le mis en cause, arrivé libre à l'audience, est parti entre deux policiers à la maison d'arrêt. Il a été condamné à 30 mois de prison dont 12 mois avec un sursis probatoire de 3 ans. Il lui sera interdit d'approcher la victime à sa sortie de prison. Le tribunal est allé au delà des réquisitions en ordonnant un mandat de dépôt à l'audience. La transaction commerciale d'achat de la Porsche avait été annulée auparavant.

Boris De la Cruz