JUSTICE À Fourques, trois hommes le traînent nu dans un champ
Ce mardi 19 décembre, trois hommes étaient devant le tribunal correctionnel de Nîmes pour des violences commises en réunion, enlèvement et séquestration. Une affaire loin d’être claire.
Le 11 décembre aux alentours de 22 heures, le jeune prévenu de 26 ans passe, comme à son habitude, devant chez ses parents. Curieusement, une Clio bleue grise était garée dans l’impasse de la maison familiale. À bord, quatre individus cagoulés. Surpris, le jeune homme baisse la vitre et questionne le conducteur. Il reconnaît la voix, “c’est la terreur de Beaucaire”, explique-t-il à la barre du tribunal. Après une altercation, le conducteur menace le jeune homme avec une arme et lance : “Je vais séquestrer ton père et violer ta mère.”
Le benjamin de la famille s’empresse de prévenir son frère de 29 ans. Après avoir croisé leur neveu sur la route, ils partent à trois pour retrouver les individus de cette fameuse Clio. Sur un rond-point, ils remarquent une voiture qui tente de fuir. Les trois hommes décident de poursuivre cette Clio, blanche cette fois, qui va finir par s’arrêter sur le bas-côté. Le trio sort de la voiture et l'homme de 26 ans va reconnaître deux personnes qui se trouvaient devant chez ses parents.
Deux versions opposées
La victime explique lors de l’audience : “Ils sont descendus de la voiture et j’ai reçu des coups. Je me suis défendu mais j’étais seul face à eux puis ils m’ont amené dans la voiture de force.” Il affirme aussi avoir été mis sur la banquette arrière et qu’il était entouré par le neveu et le jeune frère qui le frappait. Pourtant, les trois prévenus ont une version complètement différente : “Il monte volontairement dans notre véhicule car on l'a menacé d’aller porter plainte à la police. En montant à bord de notre voiture, il nous a dit qu’il allait tout nous expliquer.”
Sur la suite des événements, les versions continuent à diverger. Le prévenu de 29 ans explique : “Je conduisais, il était assis derrière moi. Mon frère était à côté et c’est vrai qu’il le frappait. Mon neveu était devant à côté de moi, mais nous on ne l’a jamais frappé. Nous avons roulé pendant quelques minutes puis quand j’ai freiné, il a ouvert la portière et il s’est échappé.” La victime d’une vingtaine d'années nie totalement s’être échappée et explique : “Je n’ai pas pu m’échapper. Ils m’ont amené à côté d’un canal et m’ont demandé de me déshabiller. Après tous les coups que j’ai reçus, je me suis retrouvé par terre ensanglanté, presque plus conscient et nu.”
"Ils voulaient me jeter dans le canal"
Le président tente de comprendre et questionne la victime : “Pouvez-vous expliquer exactement qui a fait quoi ? Et comment vous ont-ils frappé ?” Réponse : “J’ai lâché prise, je ne me rappelle plus. Je n'étais plus dans mon état normal." Il tente de se rappeler, puis reprend : “Je pensais qu’ils voulaient me jeter dans le canal, ils me traînaient de plus en plus proche du bord mais je m'accrochais aux trois”. Après cet épisode de grande violence, la victime a sonné chez un homme qui l’a retrouvé ensanglanté et nu. Les forces de l’ordre sont prévenues, il est emmené aux urgences de Nîmes, très amoché : 10 jours d'incapacité de travail.
Les trois hommes dans le box, stupéfaits des accusations, nient les faits. La procureure de la République tente de comprendre leur réaction : “Ces trois garçons ont voulu faire justice eux-mêmes. Mais la première chose à faire, c'est d’appeler la police. Puis la police scientifique a identifié un grand nettoyage dans la voiture ce qui semble étrange. Ils sont insérés dans la société et leur famille est très respectée dans leur ville. Je pense qu’ils ont été dépassés et se sont acharnés sur la victime."
Maître Ramon plaide pour les prévenus : “Cette famille a une très bonne réputation, elle est le symbole de la réussite. Leur père paye 165 000 € par an aux impôts. Alors, des gens jaloux veulent les attaquer. La victime est une menteuse, toutes ses déclarations sont différentes. Il est même incapable de vous expliquer qui a fait quoi. Mes clients ont toujours eu la même version du début à la fin. Il n’y a pas d’éléments suffisants pour les condamner.”
Les trois prévenus ont été jugés coupables. L’homme de 26 ans a écopé de 18 mois ferme dont 10 mois avec sursis probatoire. Son frère de 29 ans a reçu la peine de 12 mois ferme aménageable dont 6 mois avec sursis et leur neveu de 23 ans est condamné à 10 mois aménageable.
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