Dans l’après-midi du 3 octobre 2023, une patrouille de police observe durant près d’une heure un point de deal dans le quartier de Valdegour. Ils identifient deux hommes : le premier est de type nord-africain et le second a des cheveux longs. Une seconde patrouille arrive en renfort et, grâce aux descriptions de leurs collègues, ils vont arrêter deux jeunes qui sortent du quartier. Directement menottés, ils ont été placés en garde à vue durant 48 heures. Le plus jeune a 18 ans, la somme de 610 € a été retrouvée dans sa sacoche. Avec huit mentions au casier judiciaire, dont quatre liées à la drogue, il est envoyé en détention provisoire jusqu'à son jugement sur le fond ce jeudi 9 novembre. Le second protagoniste, âgé de 22 ans, possédait au moment de son interpellation un flacon contenant un gramme de cannabis, il est placé sous contrôle judiciaire.

“Mon frère était à l'hôpital, il a eu un grave accident à la jambe. J’ai donc appelé son ami pour qu’il lui rende visite. Avant qu’on y aille, je suis allé chercher ma consommation, on est sorti et on nous a embarqué. Je n’ai rien compris, on nous accuse alors qu’on est innocent”, se défend le prévenu de 22 ans, au casier judiciaire vierge. Depuis cette affaire, il a totalement arrêté de fumer. “Le seul regret que j’ai, c’est d’être un ancien fumeur. Aujourd’hui je suis dans cette situation seulement parce que j’allais acheter”, explique-t-il.

La présidente questionne le plus jeune : “Vous n’avez plus de contact avec votre mère qui habite en région parisienne. Vous êtes à la rue, votre grand-père vous a mis dehors, vous dormez dans votre voiture. On vous a arrêté avec 610 € sur vous. D'où venait cet argent ?” Il répond : “C’était de l’argent que les amis à mon frère m’ont donné pour que je lui ramène au parloir car il est en prison”. Seulement il a donné différentes versions pendant sa garde à vue... La procureure de la République Adelaïde Galtier doute fortement : “J'ai du mal à croire que ce ne sont pas eux. Ces jeunes sont venus établir des transactions. Nous avons affaire aujourd’hui à deux profils et deux parcours bien différents. À seulement 18 ans, ce jeune homme a eu un parcours fragilisé avec des mentions au casier judiciaire". Pour l'autre prévenu : "Il n’a pas de mention mais au vu des caractéristiques physiques il est fort probable que ce soit vous”, affirme la procureure.

Maître Margaux Expert plaide pour le prévenu de 22 ans : “Je plaide la relaxe sur toutes les accusations sauf sur le gain de stupéfiants. Il fait deux mètres, il est bien reconnaissable, or à aucun moment sa taille n'est évoquée dans le procès-verbal des policiers. Nous n'avons même pas de photo pour voir si les vêtements des personnes recherchées concordent avec ce qu’ils portaient lors de leurs arrestations. Vous pouvez retenir qu’il y a un doute énorme dans ce dossier, vous n’avez absolument rien pour condamner mon client. Il habite au quartier et malgré ses conditions sociales il ne s’est jamais inscrit dans la délinquance. Il travaille et son casier judiciaire est vierge”.

Maître Marine Santimaria défend le plus jeune prévenu : “Quelle misère ce dossier. Une heure entière de surveillance pour finalement ne pas interpeller les bonnes personnes. La vie de mon client est dure, il est livré à lui-même à seulement 18 ans. Il dort dans sa voiture. Vous pensez sincèrement qu’il serait là s’il travaillait pour ce réseau ? Il serait au minimum logé et nourri par un gérant.” Il sera tout de même reconnu coupable par le tribunal correctionnel de Nîmes et condamné à 16 mois de prison ferme.

Le plus âgé est condamné à un an de prison avec sursis probatoire avec l’interdiction de prendre contact avec son ami, ainsi qu'une obligation de soin et de travail.