NÎMES Le procureur Lubin sur le départ : des crimes mais aussi un hommage "au personnel de l'ombre"

Photo archives, du procureur Willy Lubin lors du procès d'Assises concernant la mort du petit Ethan, un enfant tué par son beau-père qui était un ex légionnaire.
D'importantes affaires criminelles ont été gérées par le magistrat qui tient aussi à rendre hommage aux salariés et aux greffiers du tribunal...
Il sera resté sept ans et demi au parquet de Nîmes. Alors qu’il s’apprête à partir pour la cour d’appel de Rennes, le vice-procureur Lubin revient sur son septennat gardois. Un « parcours » marqué par de grandes affaires criminelles qu’il a gérées, comme le dossier du petit Ethan. « Un petit garçon de 4 ans tué par son beau-père, un ex-légionnaire. J’ai suivi ce dossier de A à Z. Et j'ai en moi des images, des paroles de cet enfant qui suppliait cet homme, qu’il appelait « papa », d’arrêter. Je me demande toujours pourquoi cet homme a décidé d’écraser cet enfant », glisse le procureur Lubin, visiblement très marqué par ce crime. C’est lui qui a porté la voix du parquet général lors du procès aux assises.
Mais avant son départ pour la Bretagne et un poste de substitut général, le vice-procureur Willy Lubin tient à rendre hommage « au personnel de l’ombre » du tribunal. « Si la machine judiciaire fonctionne, c'est grâce à eux. Le grand public ne connaît pas ces salariés, ces agents administratifs, ces greffiers qui sont d’une grande efficacité ». « Et puis si je suis encore en vie, c'est grâce à la dame de ménage du tribunal. Elle m’a sauvé alors que j’étais de permanence un vendredi soir. Je m’étouffais, je me voyais mourir. Elle a compris ma détresse, m’a tapé partout et j’ai fini par cracher le morceau coincé », poursuit le magistrat qui a fait toute sa carrière au parquet.
« Je suis parquetier dans l’âme, c’est un état d’esprit, un esprit d’équipe », ajoute celui qui pensait en faisant son doctorat en droit intégrer le barreau pour être avocat. « Mais l’école des avocats apprend surtout à bosser sur la gestion des cabinets. Moi, je suis né avec de l’injustice autour de moi, des violations de droit… J’ai pensé que la magistrature me correspondait plus », complète celui qui est né en Haïti et qui a grandi en Guadeloupe.
Durant toutes ces années de magistrature, il a connu un premier poste à la sortie de l’École nationale de magistrature au parquet d’Avesnes-sur-Helpe dans le Nord, avant d’être muté au tribunal de Bobigny.
Pendant quelques années, il a mis sa carrière de magistrat en sommeil pour un poste de chargé de formation judiciaire en Haïti, puis au Congo auprès de structures qui travaillent pour les Nations unies. En 2014, il revient au parquet en Guadeloupe avant d’être nommé à Nîmes en 2018.
Willy Lubin vit donc ses dernières heures professionnelles à Nîmes. À partir de septembre, la Cour d’appel de Rennes va accueillir ce magistrat humain et rigoureux.