FAIT DU JOUR Simon Lanes, le nouveau visage à la tête du tribunal d’Alès
Le magistrat trentenaire prend les rênes de la présidence du tribunal judiciaire d'Alès. S’appuyant sur une expérience notable acquise, entre autres, auprès du ministère de la Justice, Simon Lanes entend rapprocher la juridiction des citoyens alésiens et raccourcir les délais d'audiencement.
Quatre ans après sa nomination, Céline Simitian a cédé son siège de présidente du tribunal judiciaire d’Alès à Simon Lanes. Le jeune magistrat de l’ordre judiciaire, âgé de 37 ans, a officiellement pris ses fonctions le lundi 2 septembre. Originaire de l’Aude, Simon Lanes arrive avec un parcours déjà riche malgré son jeune âge. Titulaire d’un master 2 de l’université Toulouse Capitole et diplômé de l’École nationale de la magistrature, il a exercé dans plusieurs juridictions. En 2019, il a été détaché au ministère de la Justice, à la Direction des services judiciaires (DSJ), où il a occupé le poste de directeur de cabinet auprès du directeur des services. Il a ainsi participé à la mise en œuvre des États généraux de la justice pour le cabinet du garde des Sceaux. Avant sa nomination à Alès, il a également exercé au tribunal judiciaire de Marseille, comme vice-président chargé du secrétariat général, où il a notamment été confronté aux défis du narco-banditisme. « J’observe que dans ces juridictions du sud de la France, nous avons un impact marqué du narco-banditisme sur l'activité pénale », confie-t-il, déterminé à s’attaquer à ce fléau sur le bassin alésien.
Dès ses débuts, Simon Lanes a été marqué par des expériences pour le moins poignantes. Notamment lors d'un premier stage en qualité d’auditeur de justice. Il se souvient avec émotion d'une intervention sur une scène de crime particulièrement violente, impliquant la mort de plusieurs enfants. « C’est quelque chose qui vous marque à vie. Des morts, j’en ai vus depuis, mais ceux-là, je ne les oublierai jamais », raconte-t-il. Cette expérience l’a conduit à privilégier les postes au parquet, une orientation qui a largement influencé le début de sa carrière.
Parmi ses inspirations, Simon Lanes cite Marie-Suzanne Le Quéau, actuellement procureure générale à la Cour d'appel de Paris. « Elle est un exemple pour moi et m’a encouragé à postuler plus tôt que prévu à des postes à responsabilité dans la magistrature », explique-t-il. Il mentionne également Paul Huber, ancien directeur des services judiciaires, comme une figure influente dans son parcours. « Il (Paul Huber, NDLR) a réalisé un travail remarquable au service de l'institution judiciaire et possède une vision approfondie du métier », précise-t-il. Enfin, Olivier Leurent, président du tribunal de Marseille, demeure pour lui un modèle de rigueur et de bienveillance. « En cas d’hésitation, je réfléchis souvent à ce que ferait Olivier Leurent. Je maintiens des contacts réguliers avec lui, ce qui est essentiel pour moi pour mes premières semaines à Alès », conclut le nouveau président du tribunal juridique d’Alès.
« C'est une grande fierté pour moi, d’être le président d’un des 164 tribunaux judiciaires de France. Je ressens une immense responsabilité, d'autant plus que ma prédécesseure, Céline Simitian, a remarquablement géré cette juridiction dans des conditions que je dois admettre plus difficiles que celles dans lesquelles nous nous trouvons actuellement, notamment grâce aux renforts d’effectifs qui nous ont été accordés par le Premier Président. »
Simon Lanes, président du tribunal judiciaire d'Alès
Des initiatives et une vision à long terme
Avec ce bagage, Simon Lanes n’arrive pas les mains vides. Il a déjà identifié des priorités pour son mandat alésien. Il ne se contente pas de gérer les affaires courantes du tribunal d’Alès, mais s’attaque également à des questions sociales et à l’ouverture de la juridiction vers l’extérieur. Parmi ses premières initiatives, il annonce en exclusivité la création d'une audience spécialement dédiée aux affaires de violences conjugales, qui aura lieu le 22 novembre, quelques jours avant la Journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes. « Il est essentiel que ces affaires soient traitées rapidement et efficacement, car elles ont un impact direct sur les victimes et sur la société en général », explique-t-il.
Parmi les chantiers prioritaires identifiés par Simon Lanes, la question des délais d'audiencement dans le pénal occupe une place centrale. Bien que la situation des services civils et du juge aux affaires familiales soit jugée « satisfaisante », grâce à l'engagement de ses collègues et aux mesures prises par sa prédécesseure Céline Simitian, il demeure attentif aux délais de traitement de ces affaires. En parallèle, il est indispensable selon lui d'améliorer les délais au pénal, où la situation est effectivement préoccupante. Actuellement, les délais d'audiencement pour un dossier en audience collégiale s'étendent jusqu'en février 2026, pour exemple. Il envisage différentes solutions pour résorber ces délais, comme la création d'audiences supplémentaires ou une rationalisation de l'organisation des audiences, en étroite collaboration avec le procureur de la République d'Alès, Abdelkrim Grini.
Mais son ambition ne s’arrête pas là. Attaché à l’idée que la justice doit dialoguer avec la société civile, Simon Lanes prévoit de multiplier les initiatives visant à rapprocher le tribunal de la population locale. La Nuit du Droit, prévue le 3 octobre prochain à Alès et ouverte au public, en est une première illustration, bien qu'il ne soit pas réellement à l’origine de cette initiative, il s’agit d’une manifestation nationale qui a lieu dans la plupart des juridictions de France. Lors de cet événement, le tribunal, en collaboration avec les archives départementales, organisera une reconstitution d’un procès criminel, celui d’Antoinette Sierri, surnommée « l’empoisonneuse de Saint-Gilles ». Le but ? Démystifier le fonctionnement de la justice. Pour l’avenir, Simon Lanes envisage également d’instaurer un Festival du film judiciaire à Alès. « Cela serait une belle occasion de faire vivre la justice autrement », avance-t-il, conscient du potentiel d’une manifestation de ce type pour la ville. Il doit prochainement rencontrer les acteurs culturels alésiens pour discuter de ces projets ainsi que d'autres initiatives potentielles pour la sous-préfecture gardoise.
« L'écoute et la bienveillance sont essentielles. Il est important d’être accessible aux collègues et aux justiciables, et de représenter une personne qui, grâce à ses capacités d’écoute, peut résoudre les problèmes. C'est fondamental. En parallèle, il est aussi nécessaire de trancher quand la situation l’exige, même si les décisions peuvent parfois être mal comprises ou difficiles à accepter. »
Simon Lanes, président du tribunal judiciaire d'Alès
Bien que la durée théorique de son mandat à Alès soit de trois à sept ans, Simon Lanes se projette déjà au-delà de l'échéance minimum. « Je pense qu’il faut rester plus longtemps pour voir les effets des décisions prises. La justice s’inscrit dans la durée, et je souhaite m’inscrire dans cette continuité », confie-t-il. Pour réussir dans ses nouvelles fonctions, celui qui se qualifie de « Gardois d’adoption » par les origines nîmoises de sa femme et son attache au département peut compter sur l’appui du procureur de la République d’Alès, Abdelkrim Grini, qui lui « a réservé un excellent accueil et avec lequel il échange au quotidien pour garantir le bon fonctionnement de la juridiction ». Les valises désormais posées dans son bureau, au premier étage du tribunal, avec vue sur le boulevard Louis-Blanc, Simon Lanes aborde sa fonction avec une vision alliant efficacité, modernité et un souci affirmé de proximité avec les Alésiens.
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