Publié il y a 2 h - Mise à jour le 29.09.2025 - Stéphanie Marin - 4 min  - vu 85 fois

ARLES Face au projet de contournement autoroutier, une résistance créative

Le collectif "En travers de la route" a organisé un week-end festif de mobilisation contre le contournement autoroutier.

- Serge Benkemoun

Près de 300 personnes ont participé, tout au long du week-end, aux animations organisées par le collectif « En travers de la route », lequel s’oppose au projet de contournement autoroutier d’Arles. L’enquête publique devrait démarrer à la fin de l’automne.

Quelques branches de sarriette, des cannes... Autour d'une table dimanche, des créateurs amateurs de couronnes végétales, de capes, sourire aux lèvres, le visage décoré de motifs animaliers pour certains. L'ambiance était conviviale. Et pourtant. S'ils se sont rassemblés tout au long de ce week-end, au Mas de Granier à Saint-Martin-de-Crau et au Mas du Lion à Arles, c'est parce qu'ils partagent la même inquiétude de voir un jour ce projet de contournement autoroutier se réaliser. "On n'a jamais été aussi proche, administrativement parlant, lâche François, membre du collectif "En travers de la route".

Ce dimanche, au Mas du Lion à Arles, lors de l'atelier créatif avant la balade naturaliste.  • S.Ma

Ce dossier, dans les tiroirs depuis plus de 20 ans, est soutenu par la majorité municipale actuelle. L'enquête d'utilité publique devrait être conduite dans le courant de cette fin d'année, pour une obtention de la déclaration d'utilité publique estimée en 2026 "avec comme ambition un début des travaux pour fin 2027, début 2028", précisait le premier édile arlésien, au mois de février dernier.

>> À relire : FAIT DU SOIR. RN 113 : réduire le trafic pour libérer Arles

La route nationale 113, laquelle relie Saint-Martin-de-Crau et Arles et permet à près de 80 000 véhicules par jour de circuler, représenterait un problème de sécurité, de santé et d’urbanisation, tant pour les Arlésiens que pour les usagers, souvent de passage. Les objectifs avec ce contournement sont de réaliser et d'assurer le dernier maillon de la continuité autoroutière entre l’Espagne et l’Italie ainsi que de libérer la ville d’Arles du trafic de transit qui la traverse actuellement et bloquerait son développement.

>> À relire : ARLES. Contournement autoroutier : lancement de la concertation interservices

Un discours officiel qui n'est pas au goût des opposants. "Les documents techniques - sécurité routière, analyse de l'air etc - nous disent que loin de résoudre les problèmes des Arlésiens, il - le contournement autoroutier, NDLR - va en accentuer certains, notamment en termes de mobilité. C'est un projet construit par des industriels pour des industriels, qui aura un impact très important sur les terres agricoles et naturelles - soit a minima 230 hectares -, sur les emplois", souligne Cyril Girard, membre du collectif et élu d'opposition "Changeons d'avenir" à la mairie d'Arles. François poursuit : "Ce sont 41 exploitations agricoles, dont beaucoup sont en bio. Aujourd'hui sur la RN 113 passent 10 400 poids lourds par jour. La dernière étude de trafic qui date de 2024 montre que parmi ces camions, 4 000 viennent ou vont en Espagne pour exporter des fruits et légumes. Où est la logique ? On va faire une autoroute pour faire passer ces camions tout en détruisant 150 hectares de terres nourricières ici."

>> À relire : L'INTERVIEW. Cyril Girard : "S'il faut occuper le terrain jusqu'à ce que les recours soient finis, on ira jusqu'au bout"

"Les Arlésiens ont été pris en otage. On leur a présenté cette solution magique depuis 25 ans : l'autoroute va tout résoudre", insiste Cyril Girard. Pour le collectif, de manière plus globale, plusieurs leviers doivent être maniés : s'appuyer davantage sur les transports fluvial et ferroviaire pour acheminer les conteneurs, installer des murs anti-bruit et mettre en place un plan local de mobilité. La question de la gratuité de ce contournement est également remise en cause, ce qui toujours selon le collectif, entraînera des reports de mobilité sur des axes secondaires.

 

Le collectif "En travers de la route" organisera plusieurs rendez-vous dans les semaines à venir.  • S.Ma

Continuer à sensibiliser

Tout au long de ce week-end initié par le collectif "En travers de la route", les quelque 300 personnes présentes ont pu participer à divers ateliers et animations - tables rondes, concert, balade naturaliste etc - sur le thème bien sûr de ce projet de contournement autoroutier. Un travail de sensibilisation qui se poursuivra dans les semaines à venir à l'occasion de projections ciné-débats, d'autres sorties organisées le long du tracé, ainsi qu'une exposition dans le courant de l'automne et de rencontres, à La Roquette par exemple, pour engager des échanges avec ceux qui soutiennent le projet.

L'avis de l'autorité environnementale nationale rendu le 25 septembre 2025

Le jeudi 25 septembre, l'autorité environnementale nationale a rendu son avis sur ce projet, lequel fait l'objet de plusieurs recommandations. "Suite au coup d’arrêt de ce processus en 2012 pour prendre en compte les risques d’inondation, de nombreux choix n’ont pas été réinterrogés, en dépit de leurs incidences environnementales significatives, notamment la création de nouveaux diffuseurs et d’une aire de repos en zone inondable, le réaménagement autoroutier à l’est et la limitation de vitesse. Alors que le projet aggrave le risque d’inondation sur plus de 10 000 bâtiments, le dossier est ambigu sur sa compatibilité avec ce risque, peut-on lire notamment dans le rapport. L’Ae recommande de produire des justifications pour tous ces choix, voire d’en reconsidérer certains. En particulier, l’Ae recommande d’éviter tout remblai non nécessaire dans le lit majeur du Rhône, d’accroître au maximum la transparence hydraulique de l’ouvrage et de réduire globalement la vulnérabilité des quartiers de Trinquetaille et de Barriol par rapport au scénario de référence, pour l’aléa « crues du Rhône », cumulé en rive droite avec l’aléa « submersion marine »." D'autres recommandations ont été formulées, soit pour compléter certains volets du dossier, soit pour prévoir des mesures supplémentaires de réduction ou de compensation (artificialisation, biodiversité et zones humides en perspective de la demande d’autorisation environnementale, gaz à effet de serre, développements de l’urbanisation). Pour lire ce document dans son intégralité, cliquez ici. 

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