Publié il y a 1 an - Mise à jour le 12.03.2023 - Anthony Maurin - 6 min  - vu 839 fois

FAIT DU JOUR César part à la conquête de la Gaule… taurine !

César Fernandez "El Quitos" (Photo Anthony Maurin).

César Fernandez "El Quitos" (Photo Anthony Maurin).

- César Fernandez "El Quitos" (Photo Anthony Maurin).

Week-end taurin organisé sur deux jours du 24 au 26 mars, la novillada sans picadors de Bellegarde, celle du Trophée Castella, sera le point culminant du moment. Voici César Fernandez "El Quitos."

César Fernandez "El Quitos" est un jeune torero franco-mexicain qui a de l’avenir. El Quitos ? Un apodo qui sonne pour les aficionados qui ont un peu de mémoire Certains parleront d’une porta gayola d’un El Quitos, à Arles, devant un Miura au début des années 1990. Ça, c’était Roberto, le père de notre El Quitos du jour, César. "On m’a mis le nom de scène de mon père, mais je ne voulais pas faire honte à ce pseudo qu’il a porté le plus haut qu’il a pu !"

Les arènes de Bellegarde (Photo Archives Anthony Maurin).

Né à Nîmes en 2000, César est parti vivre à Madrid (Pinto) avec père et mère. À leur séparation, il est revenu avec sa mère à Nîmes. Son père s’est retiré mais il a travaillé à la Union et était apoderado (il gérait la carrière de toreros). "Quand j’étais jeune à la maison, il y a toujours eu des toreros qui venaient et qui se préparaient, j'ai pu les côtoyer et ça m'aide."

César Fernandez "El Quitos" (Photo Anthony Maurin).
César Fernandez "El Quitos" (Photo Anthony Maurin). • César Fernandez "El Quitos" (Photo Anthony Maurin).

Mais de tous temps, César est dans les toros. "Pendant les grandes et les petites vacances j’allais voir mon père, j’ai grandi avec les cuadrillas, sur les routes, au campo avec les toros… Ma mère était aussi novillera et j’ai à mon tour pris cette voie. J’ai fait ma scolarité en France, où j’ai passé le bac, c’était le marché avec ma mère avant que je me lance dans les toros."

Le jeune n’est pas, vous l’aurez compris, une tête brûlée. Il pense sérieusement à être matador de toros depuis ses 15 ans, mais ce n’est qu’à 17 ans qu’il est parti et qu’il a eu l’opportunité de s’installer un temps à Séville.

Lutter pour émerger 

"J’ai débuté en septembre 2019 et ma saison 2020 était déjà projetée mais la Covid est arrivée et a faussé tous les plans. Je me prépare toujours car il ne faut pas laisser tomber le physique pour être prêt. À la fin de la saison 2020, j’ai intégré l’école de Salamanque. Je cherchais un endroit pour me préparer et c’était un point d’ancrage important de professionnels avec le campo tout proche."

Le maestro Sébastien Castella et Raphaël Coulomb, organisateur du Trophée éponyme à Bellegarde (Photo collection RC).

Son père Roberto s’est retiré du milieu en 2015 mais les deux "El Quitos" se joignent tous les jours par téléphone. Quand on naît dans les toros, parfois, le nom porte préjudice ou n’aide pas. Comme partout. C’est le cas pour César qui part à la conquête de la Gaule.

"Je lutte encore. Il est temps de valoriser les opportunités, c’est le moment." Pour la première fois, le jeune a des contrats ! "Déjà que je me préparais fort sans, je vous laisse imaginer comment je me prépare maintenant que j’en ai ! Je me fais physiquement très mal car j’ai remarqué que le physique me donne du courage. Quand je me sens fort, je sais que je suis aussi fort dans ma tête."

Discipline, rigueur, santé physique

Malgré sa vie passée dans les toros, les choses n’ont donc pas toujours été rose pour César. "Grâce à mon enfance, j’ai toujours sur parler de toros. Je sais parler ce jargon, sans difficulté en France comme en Espagne. J’aime voir le bétail, je parle avec les ganaderos lors des tientas pour savoir ce qu’ils veulent de moi. Depuis que je suis petit, c’est inné et j’ai grandi avec ça. J’ai grandi au milieu des revues spécialisées, au cœur des repas qui n’en finissaient plus avec les professionnels taurins, avec toute les ferias… Je me sers de toute cette expérience et j’ai toujours eu cette envie de toréer."

César Fernandez "El Quitos" (Photo collection César Fernandez).
César Fernandez "El Quitos" (Photo collection César Fernandez). • César Fernandez "El Quitos" (Photo collection César Fernandez).

Alors parlons un peu des qualités et des défauts du jeune. Lucide, il se connaît et ne se ment pas. Le plus important ? "La discipline, sans ça c’est impossible. Je suis patient quand il faut l’être et j’aime la rigueur. Mes défauts ? Quand je ne suis pas patient, je m’agace rapidement, ma tête fonctionne moins bien... Mais j’écoute beaucoup les gens qui sont avec moi car ils ont une demi-vie ou une vie de plus que moi qui n’ai rien vécu et j’en profite ! C’est une chance."

Une chance qu’il faut entretenir, réveiller parfois, provoquer tout le temps. Quand on a un nom, il faut se faire un prénom. Montrer sa personnalité parce qu’il n’y a que la personnalité qui compte sur la planète des toros. Se faire un prénom en toute discrétion, avancer petit à petit, suivre sa voie, pas celle des autres et ça, César l’a parfaitement compris.

Avec son apoderado, Serge Almeras, César Fernandez s'apprête à vivre une saison 2023 dense et décisive (Photo Anthony Maurin).

"J’aime ne pas être dans le moule, je suis un électron libre, c’est peut-être pour ça que j’ai été un peu mis de côté. J’aurais dû avoir ma place il y a quelques temps, ici comme ailleurs. J’ai sonné aux portes mais personne n’a répondu. Cette année ça a fonctionné et c’est une responsabilité. Mes amis viendront à Bellegarde car ils ne pouvaient pas venir me voir en Espagne ou au Mexique. Je n’ai pas de pression, je suis prêt, la préparation m’enlève la pression, j’ai fait mes devoirs !"

Provoquer sa chance

Pour être aligné dans le désordre à Gimeaux, Valencia, Bellegarde, Arles, Aignan, Aguascalientes, Vic ou encore Villaseca, il faut avoir la confiance des empresas. Le jeune, jamais ingrat quand il s’agit de remercier, ne l’oublie pas. Cette présentation en costume de lumières en France se fera à Bellegarde.

"Je tiens à féliciter Raphaël Coulomb pour la place qu’il donne aux jeunes, il faut le faire et avoir de l’audace pour cela. Son aficion parle toute seule, je pense qu’il veut donner un plus à notre aficion, à notre fête et ça passe forcément par la novillada sans picadors. C’est ainsi que l’on soutient la tauromachie et ça commence par ces arènes plus petites."

Christian Parejo à Bellegarde (Photo Archives Anthony Maurin).

Mais celui qui l’a repéré, en tout cas celui qui l’a repris en main est un autre Nîmois, Serge Almeras, un mec passionné et habitué à faire émerger des talents.

"L’année dernière sans contrat ni école, le vide emplissait ma vie. Je me suis dit que je n’allais pas passer un été à la maison à ne rien faire alors je suis allé à Salamanque. Je m’y suis préparé comme si je devais faire une saison pleine et sur place j’ai croisé un bon collègue, Nino Julien, lui aussi Nîmois. Il m’a demandé ce que je faisais, il toréait et je voulais voir des toros."

Ils prennent la route ensemble. Nino lui demande de mettre la main dans le chapeau du sorteo, César a la patte chanceuse. Il n’a pas que la patte car il rencontre des Nîmois dont Serge Almeras qu’il ne connaissait pas et qui s’occupait à l’époque de Miriam Cabas.

L'union fait la force

"Je me suis rapproché de lui pour parler d’un échange pour Miriam avec le Mexique. Le feeling est passé tout de suite et il m’a dit que s’il trouvait quelque chose il me rappellerait. Il l’a fait trois semaines après. Je n’avais toujours pas de contrat et il m’a proposé une fiesta campera chez François André." Serge Almeras n’est pas présent lors de cet exercice mais les échos qu’on lui fait sont excellents. "Il a décidé de s’occuper de moi."

Et Serge Almeras de confirmer : "Je n’avais que des bons échos, je l’ai vu la première fois chez le Marquis d’Albaserrada où il s’est s’arrimé comme un fou, où il a pris des volteretas mais où il a coupé deux oreilles. Il fallait le freiner un peu et on a appris à se découvrir dans les tentaderos comme celui chez Malabat. Le ganadero a sorti deux vaches bonnes et différentes et elles m’ont permis de découvrir le César mexicain, celui avec du temple après avoir vu le César combattant. Techniquement il doit se faire connaître, il va surprendre, je suis confiant."

El Rafi, ici à Bellegarde en 2016 (Photo Archives Anthony Maurin).

Mieux, le Nîmois a repris goût à ces sensations indescriptibles. "Il fait partie de ces garçons qui sont sur la touche mais on ne sait pas pourquoi… César m’a donné le goût de repartir ! C’est toujours le dernier avant le prochain, mais de tous les jeunes auxquels j’ai donné un coup de main, avec lui je sens qu’il se passe autre chose."

La chance de se faire remarquer en début de saison

Le Trophée Castella est peut-être un prix jeune mais il a son importance. "Je suis content de pouvoir y aller, à deux pas de chez moi, c’est le nom d’un torero français qui marque son époque et c’est en début de saison. J’aime la competencia, ça me pousse à m’arrimer encore plus !"

Une tête bien faite, une vie organisée, une histoire taurine linéaire et homogène, César Fernadez "El Quitos" mérite que les empresas s’intéressent pleinement à lui.

Le paseo à Bellegarde (Photo archive Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Les toreros de demain passent par Bellegarde, Dorian Canton et Alejandro Adame et d’autres vont suivre comme Christian Pajero, Marcos Linares, Solalito. "D’ailleurs, le cartel du 17 mai de la San Isidro à Madrid est très axé sur Bellegarde, Parejo et Linares justement ! Solalito fera aussi sa présentation à Madrid cette année. En 2023 le cartel que nous proposons à Bellegarde est de première catégorie", affirme Raphaël Coulomb, organisateur de la course.

Manuel Martin Morilla a gagné le trophée Castella l’an passé, il devrait démarrer en piquée cette année. Salvador Herrero revient après une bonne course l’an dernier. Issu d’une famille de picadors, il peut être très important et a un style proche de celui de Jose Tomas des années 1990. Mais l'attraction 2023 sera sans nul doute César Fernandez "El Quitos".

Anthony Maurin

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