Publié il y a 1 an - Mise à jour le 22.02.2023 - Anthony Maurin - 5 min  - vu 4816 fois

FAIT DU JOUR Le Gard reste pauvre et surendetté

Avec Véronique Simonin de la Direction Départementale de l’Emploi, du Travail et des Solidarités du Gard, Nathalie Ravet, directrice de la Banque de France dans le Gard présente les chiffres 2022 (Photo Anthony Maurin).

En 2022, le nombre de dossiers de surendettement déposés dans le département du Gard a baissé de 2,9 % par rapport à 2021, contre 3,1 % en région et 6,5 % en France métropolitaine.

"Le Gard compte à présent 748 000 habitants. C'est le troisième département le plus peuplé et le quatrième le plus pauvre d'Occitanie derrière l'Aude, les Pyrénées-Orientales et l'Ariège", entame Nathalie Ravet, directrice de la Banque de France dans le Gard.

Ici, on vit avec 1 687 euros en moyenne contre 1 748 en Occitanie et 1 828 en France. Évidemment, la part des plus de 55 ans est la plus importante en Occitanie car on y dénombre plus de 30 % de retraités. 29 % du revenu disponible est issu des retraites ou des pensions.

Banque de France (Photo Anthony Maurin)
La Banque de France à Nîmes (Photo Anthony Maurin)

Dans le Gard l'année dernière, 1 229 dossiers de surendettement ont été déposés. 1 262 personnes sont surendettées. L'endettement médian des ménages, hors immobilier, est de 15 986 euros. Le taux de chômage est à 10 % et 11 % de la population de moins de 65 ans est couverte par le RSA quand 19,6 % des ménages vivent sous le seuil de pauvreté... Des chiffres qui font froid dans le dos, surtout quand on les compare aux voisins.

En comparaison à 2019, année de comparaison plus pertinente car hors crise, le repli du nombre de dossiers de surendettement posé est de 10,8 % (17,1 % en Occitanie et 22 % pour la métropole). Le nombre de dossiers de surendettement traités par la commission de surendettement du Gard s'élève à 1 256, en progression de 1,8 % par rapport à 2021.

Avec Véronique Simonin de la Direction Départementale de l’Emploi, du Travail et des Solidarités du Gard, Nathalie Ravet, directrice de la Banque de France dans le Gard présente les chiffres 2022 (Photo Anthony Maurin).

Dans le Gard, l'endettement médian hors immobilier des ménages dont le dossier a été traité en 2022 s'établit à 15 986 euros (niveau supérieur à celui de l'Occitanie 15 623 euros et inférieur à celui de France métropolitaine 16 328 euros). Le flux d'inscriptions de Gardois au Fichier central des chèques augmente peu à peu. Ils étaient 798 en janvier 2022 et sont 887 un an plus tard.

60,5 % des dossiers de surendettement clos en 2022 ont donné lieu à un effacement de dettes, total ou partiel (contre 58,2 % en Occitanie et 55,4 % en France métropolitaine). "Il y a une sorte de saisonnalité dans le surendettement et on note qu'au mois de mars il y a un pic", explique Nathalie Ravet.

Profil d'un cas de surendettement

Chose surprenante et étonnante, le département du Gard compte 195 dépôts de dossiers de surendettement pour 100 000 habitants en 2022. La région Occitanie en compte 197. La France métropolitaine compte 208 dépôts de dossiers de surendettement pour 100 000 habitants...

La Banque de France à Nîmes (Photo Anthony Maurin)
La Banque de France à Nîmes (Photo Anthony Maurin)

Ensuite, 28 % (contre 31 en 2021) des personnes surendettées dans le Gard sont au chômage. Les employés, les ouvriers et les personnes sans activité professionnelle sont surreprésentés par rapport à leur part dans la population française. 56 % des ménages surendettés ne disposent d'aucune capacité de remboursement et 75 % des ménages surendettés sont locataires.

Cette proportion est presque deux fois supérieure à celle de l'ensemble des ménages français ! Enfin, 63 % des personnes surendettées sont âgées de 25 à 54 ans (alors que les 25-54 ans représentent 45 % de la population gardoise).

La Banque de France dans le Gard

Dans le département du Gard, la Banque de France a mis en place en place divers outils pour garder le lien avec la population. Un numéro national, désormais unique, sert à joindre les services aux particuliers de la Banque de France. En appelant le 3414, vous avez accès à l'ensemble des services publics d'inclusion financière de la Banque de France comme les difficultés et incidents bancaires, le surendettement, l'information sur les questions de banque et d'assurance...

Nathalie Ravet, directrice de la Banque de France dans le Gard (Photo Anthony Maurin)

En réunion deux fois par an, le Conseil départemental de l'inclusion financière (CDIF) est placé sous la présidence de la directrice départementale de la Banque de France. Il vise à mieux connaître et faire connaître les dispositifs d'inclusion financière au sein du département, à diffuser le résultat des travaux de l'Observatoire de l'inclusion bancaire au sein des territoires et à capter les préoccupations et les attentes en matière d'inclusion financière. 16 personnes, prioritairement des praticiens et des représentants des secteurs bancaire, associatif et institutionnel y siègent.

Ici il y a quelques année grâce au jeu Aventure Entrepreneur, les jeunes du Lycée de la CCI ont pu côtoyer les salariés de la Banque de France (Photo Archives Anthony Maurin).

Quand on parle du RSA et même si le nombre d'allocataires gardois est en baisse, il reste plus élevé (11 %) qu'en France (7 %). Les indicateurs de fragilité des foyers gardois sont nombreux, très nombreux. Même le Droit au compte, avec 358 cas touchés par ce phénomène sont plus nombreux ici qu'ailleurs.

Vigilance à tous les étages

Pour Odile Joffre, directrice ajointe de la Banque de France dans le Gard : "Il n'y a pas de rupture tendancielle sur le surendettement, mais nous notons comme chaque année depuis quelques temps une baisse du nombre de dossiers déposés." Seuls 5 % des dossiers déposés sont recalés. Pourquoi ? Trois possibilités. Il n'y a pas vraiment de surendettement, on a constaté l'absence de bonne foi ou il y a tout simplement une inégibilité à la procédure.

Les piliers de l'action de la Banque de France (Photo Archives Anthony Maurin).

Nathalie Ravet reprend : "Nous sommes aussi aiguillés par la capacité de remboursement des ménages et 56 % des dossiers n'en ont aucune. Nous avons malgré tout moins de dossiers déposés dans le Gard qu'ailleurs et ça, c'est un problème." Les Gardois connaissent-ils leurs droits ? La Banque de France est pourtant accessible et n'a jamais mordu personne !

Autre chose, parmi les dossiers déposés en 2022, 61 % étaient des primodéposants. Cela veut dire que près de 40 % des dossiers étaient le fruit de personnes qui étaient déjà passées par la case Banque de France.

Nathalie Ravet (Photo Anthony Maurin)

Les dettes immobilières représentent près de 35 % des dettes des ménages gardois, mais ne sont représentées qu'à hauteur de 10 % dans les dossiers déposés pour le surendettement. Les dettes à la consommation sont quant à elles présentes dans 72 % des dossiers alors qu'elles pèsent 36 % dans la dette des ménages. Enfin, les dettes pour les charges courantes sont à ne pas négliger.

Preuve que les Gardois veulent s'informer, les visites de l'espace "particuliers" sur le site de la Banque de France ont bondi de 246 % en un an ! On est passé de 1 091 visites en janvier 2022 à 3 778 en janvier 2023.

Pour joindre la Banque de France, quatre possibilités. Sur le site Internet, mais aussi le rendez-vous à Nîmes (ou à Alès une demi-journée par semaine). Pour les amateurs de courrier, c'est à Paris qu'il faut érire pour demander un rendez-vous et, enfin, il vous reste le 3414 par téléphone. Le 3414 est exclusivement destiné à des renseignements généraux ou à des prises de rendez-vous. Il n'a pas vocation à délivrer des informations nominatives.

Anthony Maurin

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