Ce mardi 9 décembre, en fin d’après-midi, dans la salle d’attente des urgences d’Alès, le temps semble interminable. Une fillette fiévreuse râle. Une autre, un peu plus âgée, se tord silencieusement de douleur. Plus loin, un garçon d’une dizaine d’années patiente, le pied enveloppé d’une compresse de fortune et déjà rougie. Sa mère raconte à une voisine qu’il a reçu un plomb de carabine. Une bêtise de gamin ? Un accident ? Peu importe. Le plomb semble peser plus lourd sur les nerfs de sa mère que dans la chair du garçon. Tout ce petit monde attend un médecin. Impatiemment. Nerveusement. La dernière « chanceuse » a été appelée il y a plus d’une heure. Depuis : plus rien. Pas un soignant. Pas même un qui se serait trompé de porte, ne serait-ce que pour redonner un peu d'espoir. Ce mardi, les urgences portent mal leur nom. La mère du garçon blessé tourne en rond, s'agace. Elle prévient l’assemblée qu’elle va « gueuler parce qu’il n’y a que comme ça que ça marche ». Elle le fait plus timidement qu’annoncé... et sans résultat. Elle attendra une demi-heure de plus. Son fils est enfin pris en charge, du moins conduit vers un box. Mais il faut encore attendre. Un jeune médecin arrive, recueille les premières informations, puis s’éloigne. Il revient un bon quart d’heure plus tard. Il est reçu ! « Mon fils a du plomb dans le pied. Il faut lui faire une radio ! Et vite, parce que le plomb, ça monte… » Devant l’étonnement du médecin qui vient d’apprendre que le plomb grimpe tout seul dans le corps, elle reprend : « Mais vous êtes vraiment médecin ? ». La même question aurait-elle été posée à un médecin expérimenté ? Pas sûr… Dans le box d’à côté, la scène se renverse presque. Une femme médecin interroge un père de famille venu seul avec sa fille : « Elle est où la maman ? » Le père bafouille, déstabilisé, presque fautif : la mère est à la maison, auprès de son bébé de quelques mois. Mais si une mère était venue seule, se serait-on inquiété de l’absence du père ? Pas sûr… Aux urgences d'Alès, ce mardi 9 décembre, entre fatigue, inquiétude et exaspération, il n’y avait pas que les patients qui avaient besoin de soins. Les règles de bienséance, elles aussi, semblaient avoir pris un coup.
Publié il y a 57 min -
Mise à jour le 11.12.2025 - Tony Duret - 2 min
ÉDITORIAL Quelques heures aux urgences d’Alès…
Quelques lignes, comme un instantané pris sur le vif. Elles n’ont pas valeur de vérité, mais certains s’y reconnaîtront peut-être.
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Tony Duret