Publié il y a 11 ans - Mise à jour le 19.12.2012 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 355 fois

CONTRATS DE GÉNÉRATION : Entre optimisme et scepticisme !

Les salariés de l'entreprise Vitame.

Proposition du candidat Hollande, le contrat de génération devrait voir le jour, l'année prochaine. En échange d'une prime de 4 000 euros, les entreprises de moins de 300 salariés s'engageraient à embaucher un jeune en CDI tout en concervant un senior. Une démarche "qualitative", pour Rudy Roucayrol, chef de l'entreprise nîmoise VITAME, mais qui peut aussi être un effet d'aubaine pour les employeurs... Décryptage.

Les diverses mesures de François Hollande en matière d'emploi rentrent doucement en application… Après la création des 150 000 emplois d'avenir, la version liftée des emplois jeunes de Lionel Jospin, le conseil des ministres a validé la semaine dernière les "contrats de génération".

Rudy Roucayrol, gérant de la société Vitame.

L'idée phare du candidat Hollande durant la Primaire socialiste qui repose sur le principe simple du "tutorat". Lorsque le chef d'une entreprise de moins de 300 salariés décide d'embaucher un jeune de moins de 26 ans et conserve en même temps un senior (plus de 57 ans), il pourra ainsi bénéficier d'une prime de 2 000 euros par an et par personne… Durant une période maximale de 3 ans. En ce qui concerne les entreprises de plus de 300 salariés, elles ne bénéficieront pas d'incitations financières. En revanche, elles risqueront une pénalité, si elles ne négocient pas d'accords de génération avant octobre 2013.

Le coût de la mesure est onéreux : 1 milliards d'euros par an, à partir de 2016, selon un document du ministère du travail. L'ambition est grande : le gouvernement table sur la création de 500 000 emplois.

Objectif affiché : Éviter le licenciement des seniors et lutter contre le chômage des jeunes. "Les patrons considèrent que les séniors ou les salariés qui ont une ancienneté trop importante dans l'entreprise coûtent cher. Tous les moyens les plus fallacieux sont bons pour les licencier. La faute grave est trop souvent invoquée", explique Bernard Vire, de la CGT précaire d'Alès. Quant aux jeunes, dont l'inexpérience peut parfois effrayer les patrons, ils affichent un taux de chômage de 24%.

Le Gard, directement concerné par la mesure

Dirigeant de l'entreprise de service à la personne Vitame, qui se compose d'une cinquantaine de salariés, le Nîmois Rudy Roucayrol se dit la fois "favorable et septique" au dispositif. Avant de préciser : "cette mesure concerne directement le Gard, où prés de 96% des entreprises sont des TPE-PME".

Élu à la CCI de Nîmes, ce chef d'entreprise, sensibilisé aux Ressources Humaines, voit dans le contrat de génération une bonne méthode pour transmettre le savoir-faire et la culture de l'entreprise. "Dans mon entreprise j'ai déjà mis un dispositif de tutorat. Lorsque nous avons une nouvelle recrue, nous faisons une formation de 3 jours avec un salarié de l'entreprise. Cela permet de ne pas lâcher la personne toute seule dans la nature, de comprendre les procédés de l'entreprise…".

Avec la médiatisation, le contrat de génération "permet aussi aux chefs d'entreprises de réfléchir aux compétences de leurs salariés et même d'envisager des plans de formations… Ça c'est une bonne chose ", rajoute Rudy Roucayrol. Si le code du travail oblige tous les deux ans, un chef d'entreprise à réaliser un entretien professionnel à ses salariés, "ils n'ont pas la capacité de les réaliser. Ils manquent de temps, de moyens… Vous vous rendez compte, ils externalisent déjà leurs services de comptabilité…".

"Le gouvernement fait encore des cadeaux aux patrons ! Oui, ces allègements, ces primes à l'embauche viennent se rajouter aux 20 milliards de cadeaux que gouvernement a dernièrement donné au patronat. C'est contre productif. Les gouvernements successifs, ont mis en place, beaucoup de dispositifs de la sorte. Cela n'a jamais marché, cela ne fait que de rajouter de la précarité à la précarité. Si ces mesurettes vont permettre quelques embauches, je reste quand même septique pour l'avenir", peste le syndicaliste.

"Je reste quand même sceptique. Vous savez, ce qui fera embaucher les patrons, ce sont les carnets de commandes remplis", affirme Rudy Roucayrol. Avant de conclure : "il faut faire attention aux effets d'aubaine. J'entends déjà autour de moi des patrons qui pensent à la prime des 4 000 euros". Les effets d'aubaine, une critique émise par Martine Aubry et Laurent Fabius durant la fameuse Primaire socialiste !

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

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