HARIBO UZÈS L'épouse du salarié menacé d'un licenciement prend part au combat
Katy Jolbert. Retenez bien ce nom car on risque d'en entendre parler. Jusqu'à présent absente des débats -- physiquement en tous cas car elle a toujours soutenu son époux, Jean-Christophe Jolbert -- la quadragénaire, maman de trois enfants, Bruno (17 ans), Lizzy (15 ans) et Xavier (5 ans) a réagi ce vendredi 8 février, devant l'usine Haribo à Uzès, à l'occasion d'une conférence de presse. Si elle se réjouit de la décision de l'Inspection du travail qui a rejeté la demande de licenciement de son mari, ordonnée par la direction de la société pour "fautes graves", elle a toutefois montré les dents. Une démonstration de force à l'égard des cinq salariés qui ont dénoncé leur collègue auprès de la direction. "Ces gens-là ont touché à ma famille, à mon mari, à mes enfants. Ces cinq personnes vont le payer. Justice est rendue maintenant, mon mari pourra reprendre le travail la tête haute, lavé de toutes accusations, mais le mal est fait." Le moral au plus bas, le couple suit actuellement un traitement médical "pour tenir le coup". "Mes enfants ont beaucoup souffert aussi, j'ai dû les conditionner à entendre que leur père était un voleur. C'est inacceptable. Mon mari va reprendre le travail de manière honnête et droite comme il l'a toujours fait. Maintenant, c'est à madame Jolbert qu'ils vont avoir affaire, a-t-elle lancé avec beaucoup d'assurance. J'attends que monsieur Bec, directeur de la société Haribo Uzès, fasse le ménage au bon endroit avec les bonnes personnes." C'est dit !
La direction a deux mois pour faire appel
Si Jean-Christophe Jolbert a obtenu un avis favorable de la part de l'Inspection du travail, pour l'heure, il ne sait toujours pas s'il pourra retrouver son poste à Haribo dès le 18 février au terme de son arrêt maladie long de plusieurs semaines. "Mercredi, j'ai envoyé un courrier à ma direction dans lequel j'ai précisé ma volonté de réintégrer l'entreprise et réclamé le paiement des indemnités depuis ma mise à pied en décembre dernier. Je n'ai pas eu de réponse." Ce vendredi, le salarié est toujours dans l'incertitude quant à sa reprise du travail, d'autant que la direction a deux mois pour faire appel auprès du ministère du travail de la décision de l'Inspection.
Bien sûr, Jean-Christophe Jolbert ne souhaite qu'une chose, se lever à nouveau le matin pour aller au travail et ce même si cela entraîne une confrontation quasi quotidienne avec ses cinq détracteurs. "Je sais faire la part des choses, mais j'avoue que pour trois entre eux, je suis encore surpris et je ne comprends pas très bien pourquoi ils m'ont accusé de vandalisme, de manipulation, de vols et d'avoir tenté de ralentir la production." Une seule explication pour l'instant, "mais qui n'explique pas tout : La répression anti-syndicale." Un argument repris par l'intersyndicale, un soutien sans faille auprès de Jean-Christophe Jolbert, qui malgré cette belle victoire ne peut s'empêcher d'être pessimiste comme en témoigne cette porte-parole de l'organisation syndicale Solidaires : "Lorsqu'on voit qu'une entreprise est capable d'employer de telles méthodes pour nous atteindre, il faut bien se dire que nous devons rester vigilants. Nous avons gagné une bataille, mais pas la guerre !" À Jérôme Maurin, délégué du personnel Haribo Uzès (CGT) et membre du CE, de reprendre : "D'ailleurs la CGT rendra compte à l'actionnaire, Monsieur Riegel, de ce qui s'est passé et lui demandera de prendre ses responsabilités auprès de la direction."
Le mot de Philippe Poutou
Venu le 10 janvier dernier sur les terres uzétiennes pour soutenir le salarié, Philippe Poutou, l'ancien candidat aux Présidentielles (NPA), y est allé de son petit mot soulignant la mobilisation de tous aux côtés Jean-Christophe Jolbert : "Face à un patron sans scrupule, un patron de choc comme on dit, c'est important qu'il y ait eu des salariés et des militants pour refuser cet abus de pouvoir, ce sur-pouvoir patronal. C'est important qu'il y ait eu de la solidarité exprimée largement au travers des réseaux syndicaux mais aussi parmi la population. [...] C'est vital que lors de telles attaques contre un salarié, il y ait une réponse collective. On le sait, on vit une crise brutale, une véritable offensive patronale qui se traduit par des attaques contre nos emplois mais aussi contre nos salaires, nos conditions de travail. [...] Alors c'est super que dans ce contexte, Jean-Christophe et ses copains aient pu gagner. Cela montre que nous pouvons collectivement, solidairement agir et empêcher les mauvais coups."
Stéphanie MARIN
stephanie.marin@objectigard.com
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