NÎMES Jazz 70 : "des erreurs oui, malversations non"
Jazz 70 a rompu son silence suite à l'annonce de Nîmes Métropole en juillet dernier de l'annulation du festival L'Agglo au rythme du jazz. L'association se défend des accusations portées à son encontre et contre-attaque, conseiller juridique et avocat à l'appui.
C'était en juillet dernier, le glas avait sonné tel un coup de grâce porté à une association sans vague jusqu'ici. Créée en 1970 par Guy Labory, l'association a traversé 43 saisons à promouvoir un jazz nouveau, un brin libertaire. Mais les temps ont changé. A l'époque, l'annulation d'un festival comme celui-ci, aurait été un tollé général. Aujourd'hui, le constat est amer et témoigne d'un désintéressement des citoyens pour l'art et la vie associative. "Ce qui vous arrive, c'est injuste, mais cela n’intéresse que nous, les adhérents et sympathisants de l'association" envoie un ancien membre actif de l'association lors de la conférence de presse d'hier. Dans une salle pourtant comble de l'hôtel Atria, Jazz 70 a passé deux heures à démanteler les accusations de Nîmes Métropole, à tenter d'interpeller le spectateur sur un dossier qu'ils jugent bancal. "C'est comme si Nîmes Métropole était passé dans un trou juridique" précise l'avocat Bernard Alle. Non content d'avoir supprimé le festival, l'agglo a également résilié tous les marchés tenus avec l'association, et durement fragilisé une organisation qui vivait en grande partie de ce festival. "Cela concerne une vingtaine de personnes à la direction artistique et à la technique qui travaillaient sur le festival pour une période de huit à douze semaines, ainsi qu'une rupture de contrat avec plus de 100 musiciens. Mais c'est aussi un manque à gagner pour les commerçants, dont l'hôtel Atria qui estime cette perte à 12 000 euros" a annoncé Laurent Duport, président de l'association. Avec le festival, s'envole une petite économie locale qui existait depuis 2006 et un moment fort attendu par un public aujourd'hui dépité. Le plus difficile à vivre pour les organisateurs réside dans le fait que Nîmes Métropole a tout bonnement coupé les ponts avec l'association, filtrant toutes tentatives de prise de contact. En faisant preuve d'une impartialité injustifiée, Nîmes Métropole favorise l'idée d'un motif sous-jacent ou le jazz n'aurait en réalité pas grand chose à voir.
"Les marchés publics sont un nid à contentieux "
Jazz 70 a dû s'en remettre à la seule lettre envoyée le 24 juillet par l'agglo pour justifier de cette décision. Ce qui a sauté aux yeux des conseillers juridiques et avocats de l'association, c'est une erreur majeure à l'intérieur de cette lettre qui trahit une prise de décision à la hâte, sans aucune concertations. Nîmes Métropole justifie la résiliation du marché en vertu d'un article de loi qui ne correspond pas aux accusations portées. "Ils font référence à l'article 28 du CCAG Travaux. Cela n'a absolument rien à voir, en réalité, ils auraient dû faire mention de l'article 32 du CCAG FCS" constate l'avocat Bernard Alle, qui reconnait alors qu'il y a bien matière à litige, puisque celui-ci serait justifiable par un texte de loi. Il précise "On ne prétend pas que tout est nickel, les marchés publics sont un nid à contentieux, tout le monde le sait. Il y a effectivement une maladresse dans le libellé, mais aussi dans les documents concernant le marché public. Mais, cela ne prouve pas leur malhonnêteté".
Une simple erreur de facturation faisant apparaître entre autre une TVA non applicable aux associations de loi 1901, mais dont Jazz 70 se défend d'avoir réellement collecté. "Toutes nos factures sont établies de la même façon depuis 2006. Comment se fait-il que cela soit devenu tout d'un coup répréhensible ?" dénonce Laurent Duport. Pour beaucoup d'adhérents, le mobile politique ne fait aucun doute. "C'est un coup organisé, certains élus viennent aux concerts, c'est impensable qu'ils ne répondent plus au téléphone" s'est interrogé l'un d'entre eux. Mobile politique ou pas, l'avenir dira si Nîmes Métropole peut aller jusqu'au bout de cette décision. Jazz 70 a par ailleurs fait une demande d’indemnisation, et fait preuve d'optimisme : "Quelques signes montrent que le dialogue pourrait reprendre" a conclu le président de l'association.
Baptiste Manzinali
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