Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 09.10.2014 - baptiste-manzinali - 4 min  - vu 277 fois

INTERVIEW Tahiti 80 ce soir à Paloma

Le groupe Tahiti 80 à Paloma. (photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

Alors que leur sixième album studio ne sortira que le 20 octobre prochain, c'est à Paloma que les rouennais les plus connus d'outre-Atlantique Tahiti 80 vont jouer leurs nouveaux morceaux en exclusivité. Rencontre avec le chanteur, Xavier Boyer.

Le dernier album date de 2011, vous revenez après trois ans d'absence. Où étiez vous passés ?

On a beaucoup tourné, à l'étranger notamment. Et puis on a quand même publié des prods plus intimistes dont un 45 tours sur un petit label et un EP 5 titres. On s'est pas mal remis en question aussi, à une époque où tout le monde est en concurrence direct sur le marché de la musique. La musique a perdu de sa valeur, les gens préfèrent dépenser 2 euros dans une bière que dans un disque. Et puis on était assez déçu de l’accueil de notre dernier album, alors qu'on avait démarré très haut au début de notre carrière. Donc oui, de la remise en question, sur le fait que l'on devait apporter une vraie valeur ajoutée à la musique, et une vraie démarche artistique. Malheureusement, j'ai l'impression que la forme a pris le dessus sur le fond, cela nous a emmené à pas mal de réflexion. On a fait un tout petit break, tout en travaillant en studio pendant 2 ans.

Après 20 ans de carrière, et un sixième album Ballroom qui est sur le point de sortir, quel regard portez vous sur l'industrie musicale d'aujourd'hui ?

Il y a eu pas mal de révolution. Les artistes interprètes sont devenus compositeurs, producteurs même. Il faut tout faire à la fois. On avait anticipé ça en investissant notre argent dans notre propre studio, c'est devenu primordial d'avoir son propre outil de production aujourd'hui. On diffuse notre musique sur notre propre label Human Sound, qui n'a pas vocation pour le moment à produire d'autres groupes, mais nous permet simplement de contrôler notre musique. On a notre propre boite d'édition aussi. C'est un travail différent, nos deux premiers albums ont été enregistré à New-York, c'était une chance énorme. Aujourd'hui, on revient même à la production K7, j'ai récupéré un duplicateur depuis pas longtemps, donc il y a ce côté fait maison. On est à tout niveau de la production, on fait nos pochettes d'albums, on gère notre fanbase, on upload nous même nos morceaux sur le net, mais c'est cool. C'est une chance mais en même temps cela ne doit pas prendre le pas sur la création musicale.

"On a sorti notre premier album avant Phoenix"

Peu de groupes français peuvent se targuer de réussir à l'étranger, tout en chantant en anglais. Peut-on considérer Tahiti 80 comme un groupe issu de la French Touch ?

On est la deuxième génération de la French Touch. Avant tout ça, c'était quasiment impossible pour un groupe français de s'exporter à l'étranger. On a sorti notre premier album avant Phoenix, on est une génération spontanée qui a bénéficié d'une démocratisation de la musique. Pour autant, après vingt ans de carrière, on a cherché à conceptualiser notre musique. J'ai fait des listes de domaines pas encore explorés. Il faut se renouveler, sans cesse. Pour Ballroom, je voulais un album à écouter d'une traite, donc il y a eu un gros choix sur l'assemblage et l'ordre des chansons pour créer quelque chose d'homogène. On s'est laissé aller dans des structures plus expérimentales, j'avais constaté des incohérences sur nos derniers disques. Donc, c'est un album moins innocent cette fois, on a réfléchi à tout.

On compare souvent Tahiti 80 à Phoenix, ça vous fait quoi ?

On a jamais vraiment fait partie de la scène versaillaise. Donc il y a pas de rapport à ce niveau là. Et puis bon, Phoenix, c'est pas le même niveau de notoriété que nous. Mais ça nous va très bien, on ne pourrait pas écrire des chansons aussi direct qu'ils le font. On a plutôt l'envie de jouer avec des codes "pop" tout en polluant le truc. Tester des nouvelles harmonies aussi, même si ça enlève de l’efficacité aux morceaux, on s'en moque. Mais je comprend que l'on puisse nous rattacher à eux, mais on n'est pas des héritiers ni des suiveurs, on a commencé avant eux. On a aussi permis à d'autres groupes français d'être crédible à l'étranger, et d'avoir du succès. Il y a vingt ans, c'était marginal.

Pourquoi avoir choisi Paloma comme résidence ?

On voulait travailler notre mise en place, les arrangements de nos nouveaux morceaux, la sonorisation. Et puis tout ça avec du nouveau matériel qui nous sort de la routine de notre studio. On a vraiment insisté pour venir ici à Paloma, j'entendais beaucoup parler de cette salle étant souvent à Montpellier. Fred Jumel, le directeur, nous avait soutenu à nos débuts à Rennes, et donc la prise de contact a été facile. Et puis, faire une résidence, c'est particulier. On peut vite se sentir enfermé, coupé du monde. Ici c'est tout l'inverse, tout est fait pour que l'on n'est pas cette impression. Parce que, il faut bien le dire, c'est un peu chiant les résidences à la base, tu bosses tes morceaux en essayant de ne rien laisser au hasard, etc..Mais ici, on est vraiment bien. Et puis dans la foulée, on va tester tout ça ce jeudi soir. C'est risqué, j'ai toujours peur de ça, mais il faut le faire. On espère que cela confirmera ce que l'on pense de nos nouveaux morceaux.

En 2007, Xavier Boyer, tu faisais une parenthèse solo. Est-ce que d'autres sides-projects sont prévus ?

En 2007, ça faisait déjà 10 ans que l'on jouait ensemble. C'était un besoin personnel, je voulais être mon propre tyran (rire). Et je crois que ça nous a donné un peu de vacance à tous. Après, étant le chanteur et le compositeur principal de Tahiti 80, c'était difficile de m'éloigner totalement de ce que je fais déjà. Mais j'ai bossé des nouveaux morceaux et je pense sortir un nouveau projet solo l'année prochaine, pas aussi folk que le précédent.

Tahiti 80 + Pony Taylor + The George Kaplan Conspiracy

Jeudi 9 octobre 2014 à Paloma, 20H00

Tarif unique : 6 €

Baptiste Manzinali

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