BURGOA vs DENAT "Je n'ai pas de leçon à recevoir de vous", s'agace Jean Denat
Toute cette journée, la rédaction d'Objectif Gard se transforme en ring politique à l'approche des départementales. Place à présent au duel Burgoa (UMP)/Denat (PS).
Laurent Burgoa : Le premier ministre Manuel Valls se déplace vendredi à Vauvert pour soutenir le soldat Denat. Pourtant, tout au long de la campagne, vous avez expliqué qu'il ne fallait pas transformer cet enjeu local en une campagne nationale... Cette visite nationalise le scrutin.
Jean Denat : Je persiste à dire, contre votre campagne et celle du Front national, que l'enjeu est départemental, et nos candidats sont les seuls à défendre cette proximité. Le premier tour est passé. Il nous reste à faire ce que votre leader Jean-Paul Fournier a indiqué, c'est-à-dire rassembler les Républicains contre le FN.
L.B : Ne craignez-vous pas de jeter de l'huile sur le feu et amplifier le vote FN ?
J.D : Et je pense qu'aujourd'hui, dans ce pays, celui qui incarne le mieux la République, c'est Manuel Valls. Il viendra à Vauvert rappeler ces valeurs et nous verrons si en petite Camargue on veut laisser s'installer un candidat qui découvre les affaires du département face à un président qui a un bilan. Et partout où il y a un duel gauche-FN, je salue la décision courageuse du maire de Nîmes de dire "il faut voter à gauche". J'avais moi-même voté Chirac et je ne l'ai jamais regretté.
L. B. : Vous n'avez pas mis le logo socialiste sur vos documents de campagne. Ou alors ceux qui l'ont mis, ils ne sont plus au second tour. Moi en 2011, quand j'étais candidat aux cantonales, je n'ai pas eu honte de mettre le logo de l'UMP.
J. D. : Faites votre campagne et laissez-nous faire la notre ! Je n'ai pas de leçon à recevoir quant à mes convictions. Elles sont ancrées, anciennes, affichées, publiques. Ensuite, je pense que les gens ont autre chose à faire que de regarder les logos sur les documents de campagne. Il choisissent des hommes et des femmes en qui ils ont confiance et qui sont proches d'eux. Aujourd'hui nous avons certes une gauche divisée mais si on comptabilise les voix, nous sommes à 37,5 %, le FN à 35,5 % et vous êtes à 27,7 %. Mais je ne vous dis pas que c'est un score qui me plaît, car je suis choquée des résultats de l'extrême droite.
L. B. : En fin d'année dernière, un de vos proches collaborateurs a pris contact avec le conseil général des Alpes-Maritimes pour se renseigner sur leur dispositif anti-fraude sociale.
J. D. : Je démens ces informations.
IL.B : Il paraîtrait même que ce ne soit pas possible de le mettre en place dans le Gard compte tenu de l'hostilité de vos partenaires communistes. Élu, comment ferez-vous demain pour leur faire entendre raison ?
J.D : Ce n'est pas dans nos habitudes de demander conseil aux autres. Aujourd'hui, nous faisons nos contrôles. Pour 2014, nous en comptabilisons 33 000 qui ont rapporté 6,6 millions d'euros. Nous avons progressé en pourcentage d'argent récupéré, mais peut-être pouvons nous faire plus. Je refuse de stigmatiser ceux qui perçoivent le RSA. Ceux qui trichent, nous les poursuivons via notre service contentieux, composé de quatre personnes qui traquent la fraude.
L. B. : Quand on compare le Gard aux Alpes-Maritimes, nous avons à peu près le même nombre de bénéficiaires. Vous dites avoir fait 33 000 contrôles en 2014 alors que celui de Ciotti en a fait 4 000, avec le double de personnel. Je suis surpris que vous puissiez atteindre ce chiffre-là.
J. D. : Pourtant nous l'avons fait ! Ces chiffres sont transparents, vérifiables. Je doute des informations que vous me donnez. Je pense que le conseil général des Alpes-Maritimes procède différemment. Peut-être que sur un seul contrôle, le RSA est supprimé alors que de notre côté nous en faisons 3 ou 4 avant de prendre cette décision. Nous vérifions davantage de choses.
L. B. : N'est-ce pas compliqué de faire la chasse au RSA dans une majorité où les communistes y sont profondément hostiles ?
J. D. : Une majorité ça vit avec des sensibilités différentes. Je n'ai pas de difficulté avec les communistes. J'en ai eu avec M. Suau, qui a co-construit le budget et assumé ses choix. Mais comme c'était avant les élections, il y a eu des tensions. Nous ne sommes tributaires de personne. Ce ne sont pas les élus qui traquent et qui désignent les fraudeurs. Et nous ne sommes pas laxistes.
L. B. : Lorsque l'on analyse les subventions versées par le Département, je constate qu'elles ne concernent pas des projets structurants portés par des élus de droite.
J. D. : C'est dommage de finir aussi petitement...
L.B : Vauvert, oubliée jusque 2014 en raison de son maire UMP, vient comme par hasard de percevoir une subvention d'un million d'euros pour la rénovation de la voirie. M. Denat, considérez-vous que Nîmes, Alès et Saint-Gilles ne font pas partie du Gard ?
J.D : La subvention de Vauvert s'inscrit dans la suite d'un projet initié par la municipalité précédente. Si Gérard Gayaud avait été réélu maire de Vauvert, il aurait reçu la même subvention. Cette commune a été très bien aidée. Ensuite, nous avons 5,7 millions d'euros de travaux prévus pour refaire le Pont de Saint-Gilles, mais cela ne se fait pas le temps d'une campagne, ça prend des années. A Nîmes, le maire était très heureux d'apprendre que nous participions au Papi II (programme d'actions et de prévention des inondations) ou encore à l'Anru (agence nationale pour la rénovation urbaine). Enfin, à Alès, j'ai signé une convention avec le maire Max Roustan concernant le projet de contournement de la ville. La politique au conseil général c'est beaucoup plus sérieux que ça. Quand on ambitionne de devenir président, c'est dommage de faire de la politique aussi basse.
Elodie Boschet
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