Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 10.04.2016 - anthony-maurin - 5 min  - vu 1662 fois

PORTRAIT DU DIMANCHE Sophie Rigon, chantre de la culture et fière Nîmoise d'adoption

Sophie Rigon, une femme simple, qui aime la vie, la culture et passer des bons moments avec les artistes des mondes du cinéma et de la gastronomie (Photo Anthony Maurin)

Vous ne la connaissez peut-être pas encore car elle aime la discrétion mais Sophie Rigon est une personnalité culturelle incontournable de la vie nîmoise. Un carnet d'adresses bien garni, des idées culturelles intéressantes et le festival "Un réalisateur dans la ville" sont ses atouts.

Bouquet et Depardieu, Blier, Chabrol, Rossellini, Lhermitte, Hossein, Huppert, Leconte, Jugnot, Onteniente, Brasseur, Mocky ou encore Tavernier ou Lelouch... La liste est longue et Sophie Rigon ne tient pas à froisser les égos mais ces quelques noms vous donnent l'ampleur des connaissances de la personne et de son influence sur le monde culturel de la région.

Qui est la discrète mais célèbre Sophie Rigon?

Je suis Nîmoise d'adoption, mon mari est du coin. C'est un cévenol de La Grand'Combe. A Nîmes, j'ai ouvert trois restaurants car je suis avant tout une cuisinière avec un carnet d'adresses bien fourni! J'ai aussi eu une boulangerie située Place de la Révolution toujours à Nîmes. Notre regretté Jean-Pierre Coffe avait même déclaré qu'on y trouvait le meilleur pain que l'on cuisait au feu de bois! La gastronomie, c'est une culture et ça amène à beaucoup de choses.

La gastronomie relie les Hommes, vos connaissances aiment venir chez vous mais êtes-vous présente dans les médias?

J'ai fait quelques télévisions... Avec Michel Denisot où j'étais en compagnie de Carole Bouquet. Nous nous apprécions énormément, nous nous sommes choisies et sommes un peu comme des sœurs. J'ai aussi fait 3 télévisions avec Jean-Pierre Coffe, nous avons gagné un concours face à Nana Mouskouri et à des Anglais grâce aux Halles de Nîmes qui étaient à ce moment les moins chères d'Europe! Enfin, je suis aussi passée en tant qu'invitée puis invitée d'honneur dans les émissions de Jean-Luc Petitrenaud.

La Maison de Sophie, votre demeure située sur l'Avenue Carnot, accueille des artistes depuis quand?

Nous sommes arrivés dans cette maison il y a 13 ans. Au début, c'était un hôtel mais depuis peu nous sommes passés en chambres d'hôtes. Des grands noms sont venus ici. Le mois dernier Thierry Lhermitte et il y a encore quelques jours, on avait la présence d'Annie Duperey qui était en repérage pour un film qu'elle va tourner à Nîmes en 2017. C'est mon seul but... Je veux attirer des artistes afin qu'ils achètent à Nîmes pour créer et faire parler de la ville! A Arles ou à Saint-Rémy de Provence, les artistes font parler de ces villes. La culture anime l'économie.

Votre festival "Un réalisateur dans la ville" aura-t-il lieu cette année?

Oui mais je ne comprends pas... Je fais un festival social, gratuit et libre d'accès avec des artistes qui sont présents lors des projections. Chaque année, 12000 personnes sur cinq jours viennent aux assister à la diffusion en plein-air des films aux Jardins de la Fontaine et cette année, j'apprends à la dernière minute que le Conseil départemental ne nous donne pas sa subvention de 4000 euros... Je ne comprends vraiment pas et je le regrette car c'est un grand festival qui réunit beaucoup de monde, qui crée du lien social et intergénérationnel, tout ce dont Denis Bouad, le Président, parle dans ses discours! Je continuerai, je n'abandonnerai pas par amour de ma ville et de mon département! Il me faut cependant trouver d'autres financements pour combler ce trou...

Danièle Thompson était pressentie pour être l'invitée d'honneur du prochain festival, une première pour une femme...

Oui, en effet, Danièle Thompson sera la prochaine réalisatrice à venir pour le festival. C'est une première mais en réalité, c'est Nicole Garcia qui devait être la première femme réalisatrice à venir! Comme elle sera en plein montage d'un film avec Marion Cotillard, elle ne sera pas des nôtres. Par contre, je peux vous dire que l'année suivante sera la sienne, c'est sûr!

Question bête mais pourquoi le choix de Danièle Thompson?

Tout simplement parce qu'elle est fantastique! Je n'ai même pas à m'occuper de faire venir les acteurs, puisqu'elle leur dira de venir et ils seront nombreux! Elle a énormément de talent  et nous commencerons le 27 juillet avec la Grande Vadrouille, le film de son père Gérard Oury, dont elle est scénariste, ce que peu de gens savent. Mais elle a aussi fait les scénarios des Aventures de Rabbi Jacob ou encore de La Boum. En tant que réalisatrice elle a fait 5 films qui seront diffusés lors du festival donc cette année devrait être exceptionnelle!

N'avez-vous pas trop de mal à trouver une nouvelle tête chaque année pour le festival?

C'est assez incroyable mais chaque réalisateur qui est venu à Nîmes fait une publicité énorme sur la qualité notre festival! Chacun le dit au suivant qui le dit à celui d'après, c'est génial pour la ville et pour nous. De plus, je sais que quand on passe un coup de téléphone, les réalisateurs nous disent qu'on leur dit de ne surtout jamais refuser de venir à Nîmes pour ce festival! C'est positif, non? Je suis en train de voir pour Almodovar, il viendra, j'en suis sûre.

Quelle place doit avoir la culture dans la vie quotidienne?

Si les partis politiques de tous bords pensaient un peu plus à la culture, je suis certaine que l'économie se relèverait! La culture attire les gens qui peuvent ensuite s'installer de manière pérenne à des endroits où il n'y a rien et créer des choses. Nous n'avons pas de salle à la hauteur de notre ville, il faudrait aussi reprendre l'été au mois d'août dans les arènes un opéra de qualité. Mettre un peu de jazz, mais du jazz de haut niveau, ça attirerait des mécènes et du très beau monde... Regardons ce que font les villes comme Aix-en-Provence!

Un coup de gueule à pousser?

J'aimerais avoir un rendez-vous avec le Président de Département, Denis Bouad, pour parler du festival et pour créer un musée du cinéma. Rien de très coûteux, le bâtiment appartient déjà au Conseil départemental, il y aurait quelques bénévoles et une pièce réservée à la diffusion de vieux films, un peu comme dans une cinémathèque! Je me bats au quotidien pour que les gens viennent tourner dans notre département et à Nîmes alors ma demande est légitime, je pense.

Votre meilleur souvenir?

Je pense que c'est avec Jean Lafont... Il m'a tout appris, tout a commencé chez lui, autour de sa table où j'ai passé des années formidables. C'est lui qui m'a appris à faire la cuisine, qui m'a appris le goût des choses, des belles et bonnes choses, le goût de la vie, le fait d'être humble et de rester simple. Ce sont des moments inoubliables passés avec un homme merveilleux.

Et votre pire?

Le décès de ma mère en décembre dernier à l'âge de 99 ans. C'est la catastrophe de ma vie car elle était la femme de ma vie.

Anthony Maurin

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