Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 24.11.2016 - thierry-allard - 3 min  - vu 355 fois

FAIT DU JOUR Apprendre le français pour s’insérer et gagner en autonomie

La formatrice du CCAS d'Aramon Aline Dahy au milieu de quelques élèves (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

« Qui peut me citer un moyen de transport ? » La question posée par la formatrice du Centre communal d’action sociale (CCAS) d’Aramon Aline Dahy peut sembler simple en apparence.

Sauf qu’elle est posée dans le cadre d’un atelier de sociolinguistique proposé à Aramon trois fois par semaine et destiné à des personnes qui ne parlent ni n’écrivent le français.

« Je veux savoir parler, écrire, tout »

Une douzaine de personnes, que des femmes, y participait mardi après-midi. « Elles sont là depuis longtemps, parfois quinze, vingt ou trente ans, et elles se sont occupé des enfants, du foyer, pendant que leurs maris travaillaient », explique Aline Dahy. Ainsi, une fois les enfants partis, les plus âgées se sont retrouvées isolées, face à une langue qu’elles ne maîtrisent pas : « elles s’aperçoivent qu’elles sont coincées », poursuit la formatrice. Il y a aussi des plus jeunes, qui veulent éviter cette situation.

Depuis 2011, Aramon propose cet atelier où l’oral, mais aussi l’écrit sont au programme. Kheira, originaire de Meynes, y participe depuis 2012 : « au début je ne savais même pas dire mon prénom, explique-t-elle. Aujourd’hui, je prends rendez-vous chez le médecin toute seule et je peux parler à la maîtresse d’école. » Tout sourire, elle affirme vouloir « savoir parler, écrire, tout » et compte « passer (mon) permis pour trouver un travail. » Elle prépare désormais le test de connaissance du français pour pouvoir demander la nationalité française.

La mobilité revient souvent dans les projets des uns et des autres, sur un territoire rural où les transports sont souvent un frein à la vie quotidienne, et a fortiori dans la recherche d’un travail : « elles sont six à travailler le code, compte Aline Dahy, qui leur donne des cours de préparation du code de la route. Il existait une association à Nîmes qui le faisait, mais elle a fermé, alors je le fais ici entre midi et deux. »

Un tremplin vers le travail

Le but est transparent : l’insertion sociale : « elles ont toutes des métiers, on a une couturière, une cuisinière, une coiffeuse, une brodeuse, mais valoriser tout ça c’est compliqué », note Aline Dahy. Pour autant, des participantes à l’atelier y arrivent. Ainsi, Aziza a participé à l’atelier pendant plusieurs mois avant de trouver du travail : « j’ai commencé ici parce que je ne comprenais rien au français », reconnaît-elle. Arrivée à Montfrin en provenance d’Espagne, elle parlait uniquement l’espagnol et l’arabe. Aujourd’hui, même si « le français c’est très difficile, je me défends », glisse-t-elle dans un sourire avec un petit accent espagnol. Elle travaille comme aide ménage depuis septembre 2013, « et ses deux garçons ont aussi trouvé du travail », précise la formatrice.

En plein atelier (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Pour Nassira aussi, l’atelier a ouvert la porte du monde du travail : « je suis à l’atelier depuis 3 ans, j’ai travaillé dans un chantier d’insertion à Aramon pendant un an, j’ai fait une formation femme de ménage à Villeneuve et j’ai passé une formation débutant en informatique » énumère-t-elle avec fierté. Alors qu’elle a commencé les cours de code de la route, elle attend aujourd’hui une réponse à sa candidature pour travailler à la cantine municipale. Il y a aussi Sabah, qui travaille comme saisonnière dans les champs aramonnais, toutes des exemples à suivre pour les deux nouvelles, Jamila et Fatma. Et les hommes ? « On en a de temps en temps, récemment on a eu un Espagnol, un Chinois et un Guinéen, explique Aline Dahy. Mais ils trouvent plus rapidement du travail. »

« Un moyen de rompre l’isolement »

Pour une meilleure efficacité des ateliers, la formatrice choisit des thèmes concrets, de la vie quotidienne. Aujourd’hui, les transports. Après avoir demandé aux élèves d’énumérer tous les moyens de transports qu’elles connaissaient, Aline Dahy simule avec l’une d’entre elles un appel téléphonique pour commander un trajet de transport à la demande, avant de passer à la lecture et à l’utilisation concrète des horaires d’une ligne de TER, puis de leur mettre une carte entre les mains pour leur permettre de mieux se repérer.

L’ambiance est studieuse et décontractée, et les exercices ponctués d’éclats de rire : « pour elles, c’est aussi un moyen de rompre l’isolement, de voir les autres », note Aline Dahy. « Vous savez, on dit que les étrangers ne veulent pas travailler, mais plein de problèmes se posent à eux, estime la formatrice. Il y a la barrière de la langue, les problèmes de transports, elles font ce qu’elles peuvent pour s’en sortir et ont beaucoup de courage. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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