Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 10.12.2016 - abdel-samari - 6 min  - vu 715 fois

INTERVIEW Julien Sanchez : "Je suis extrêmement investi pour Beaucaire"

Julien Sanchez, maire FN de Beaucaire. Photo : Coralie Mollaret.

A la tête de la quatrième ville du Gard, le maire d'extrême-droite tente de relever le pari de Marine le Pen : réussir localement pour prouver la capacité du FN à gérer des collectivités. 

ObjectifGard : Depuis deux ans et demi vous dirigez Beaucaire, quel est votre bilan ?

Julien Sanchez : Mon bilan, c'est la proximité avec les citoyens. Les Beaucairois veulent des élus qu'ils peuvent rencontrer, avec qui ils sont en contact. Je fais des permanences deux fois par mois avec un objectif : être au courant des problèmes et les régler, même si souvent, ils sont liés à la communauté de communes.

En quoi l'action que vous menez est différente de celle de vos prédécesseurs ?

Déjà, je ne me fais pas rembourser mes repas, je paie mes spectacles ainsi que l'entrée aux Arènes ! En 6 ans, l'ancien maire avait embauché 109 nouvelles personnes. En deux et demi, j'ai titularisé seulement deux personnes en remplacement des départs à la retraite. Voilà la différence ! Mon but est de baisser les coûts de fonctionnement de la Ville et d'augmenter les dépenses d'investissement. On peut me reprocher pleins de chose, détester les idées du Front National si on veut, mais pour ce qui est de Beaucaire, je suis extrêmement investi.

Selon certains, vous auriez tendance à embaucher des stagiaires frontistes venus des quatre coins de France ?

Ce que je regarde, c'est la compétence. Je n'ai pas titularisé des personnes en fonction des opinions politiques. À l'inverse, à mon cabinet, j'ai deux emplois qui sont politiques avec une nécessité de confiance. Pour le reste, j'ai parfois recruté des contractuels au service communication. Ils ont été embauché pour six mois sur des postes existants à durée déterminée.

Quel est le montant de l'investissement chaque année de la ville ?

C'est très variable, au moins 3 M. Cette année, on est près des 11 M puisque nous avons lancé des grands travaux d'équipement stratégique pour la ville. Nous regardons à la fois l'état des écoles et les grands projets structurants bloqués depuis 15 ou 20 ans. Il faut mettre en valeur la beauté de Beaucaire, c'est l'une des 105 villes de France à avoir un secteur sauvegardé, un patrimoine exceptionnelle avec le Canal du Rhône à Sète qui est en plein cœur de ville... Nous avons des atouts énormes.

Pourriez-vous nous citer quelques projets ?

Le plus intéressant, c'est le quartier sud canal, le long du Canal du Rhône à Sète. On veut y implanter de jeunes ménages, des retraités, des employés qui ont un pouvoir d'achat. On veut faire en sorte que les personnes puissent consommer près de chez elles et relèvent le commerce de centre-ville. Dans nos villes du sud de la France, les commerces de centre-ville souffrent. C'est pour cela que nous avons mis en place un dispositif de rabais de 30% sur les loyers les deux premières années pour tout nouveau commerce qui s'ouvre au centre-ville de Beaucaire. Et puis,  ce quartier c'est tout de même 500 logements et ce ne sera pas du HLM. C'est une des clés du redressement de Beaucaire.

A quel moment seront accessible ces logements ?

Dans les 3 ans, 2019-2020, nous aurons déjà les premiers logements livrés. La première pierre sera posée fin 2018 pour le lancement des travaux.

D'autres projets ?

Le quai Sadi Carnot : on refait totalement le quai, les réseaux secs et humides et l'année prochaine, la voirie avec un mode de transport doux. On va amener la Via Rhona le long du canal du Rhône à Sète. On crée une trentaine de places gratuites. C'est un projet de 2 M.

Un autre projet : la réhabilitation et l'extension de l'école nationale qui accueillera les enfants du centre-ville et du futur quartier sud canal est en cours. C'est un projet de 2.5 M qui démarre en mai 2017 pour deux ans. Que les habitants s'appellent Pierre ou Mohamed, ce n'est pas mon problème. Moi je veux que cette école soit en bon état et que les enfants soient dans des bonnes conditions.

Quel est le montant de la dette de la ville ? Allez-vous l'endetter encore plus avec tous ces projets ?

À mon arrivée, la dette était à 11.6 M. Quand on a pris la mairie, il a fallu que l'on réalise l'emprunt contracté par notre prédécesseur pour financer des travaux réalisés trois mois avant l'élection. Notamment le conservatoire, la rue Nationale et le centre aéré. Ce n'était pas mes investissements ni mes choix mais il a bien fallu payer. On rembourse chaque année près de 1.5 M d'emprunt. Au 1er janvier 2016, la dette était de 11.6 M. A la fin de mon mandat, je prévois une dette de 11.2 M. Il n'y aura donc pas d’aggravation de la dette. Et puis les taux d'intérêts sont à des niveaux extrêmement faibles. Enfin, si vous n'empruntez pas, vous ne faites rien !

Vous avez entrepris le non remplacement de contractuels, vous évoquez de nombreux postes en trop au sein de la collectivité. Pour autant, 10 nouveaux postes au sein de la police municipale sont crées. Quelle est votre stratégie ? 

Quand je suis arrivé, j'ai fait en sorte de détecter les dépenses nuisibles et superflus. Je n'ai pas renouvelé des contractuels dont le poste n'était pas indispensable. Par ailleurs, je n'ai pas remplacé tous les départs en retraite parce qui ne s'agissait pas d'agents essentiels. Nous avons ainsi économiser des dépenses de fonctionnement. L'opposition nous a même félicité sur le montant des dépenses de personnels en 2015 qui étaient en forte baisse ! Par ailleurs, je me suis appuyé sur le rapport de la chambre des comptes concernant la prime de fin d'année. À partir du 21ème jour d'absences d'un agent, la prime passe à un euro. Elle n'est pas supprimée mais fortement baissée. Nous voulons baisser les dépenses de fonctionnement. Vous savez, beaucoup de communes augmentent leur impôt. Ce n'est pas notre choix.

De nouvelles baisses d'impôts sont-elles à l'ordre du jour ?

On l'a fait ces dernières années et on continuera à le faire. On travaille sur le montant. Certains ont dit que c'était une baisse symbolique. Les habitants de Bagnols et Vauvert pour prendre que ces deux exemples auraient aimé avoir une baisse symbolique alors qu'ils ont subi une augmentation de 10%. Et je ne parle pas du Département...

Quelles sont vos relations avec la CCBTA ? 

Énormément d'habitants se plaignent de problèmes liés aux compétences de la CCBTA. Un exemple : la nouvelle organisation pour le ramassage des ordures ménagères. Désormais, ce sont aux habitants de se rendre dans les lieux de collecte pour jeter leur poubelle. On a des personnes en fauteuils roulants qui n'arrivent pas à se hisser pour jeter leur poubelle. Des mamies font plus de 800 mètres pour se rendre dans les points de collecte tous les matins. Ce n'est pas normal ! C'est une régression du service public ! En plus, on commence à voir arriver des rats, forcément, le nettoyage se fait qu'une fois par an.

Vous tapez sur la communauté de communes et de l'autre vous avez besoin d'elle pour financer vos projets ? Même chose avec le Département ... 

Le Département nous aide à hauteur de 80.000 euros. Pour la 4ème ville du Gard, c'est un peu l’aumône. Surtout au regard des projets que nous avons de plusieurs millions d'euros. On aurait pu espérer avoir plus mais c'est déjà bien, ce n'est pas zéro. Mme Delga elle c'est zéro. La communauté de communes nous aide sur un projet : le centre des congrès. Ce n'est pas l'argent de M. Martinez mais celui des impôts des habitants y compris ceux de Beaucaire qui contribuent à 60% au budget de la CCBTA. Il me semble que l'on mérite d'avoir un peu d'argent en retour.

Un mot d'actualité nationale : vous avez intégré le conseil stratégique de Marine Le Pen en vue de la Présidentielle, serez-vous candidat aux Législatives ?

Ce n'est pas à l'ordre du jour.

Pourtant, on a l'impression que le cumul des mandats vous guette avec votre fonction de maire, conseiller d'opposition à la région et peut-être demain, député ?

De toute façon, on ne peut pas avoir plus de deux mandats. Je ne me suis pas encore posé la question. Je m'occupe de mon mandat de maire et de faire la campagne de Marine le Pen parce que je n'ai pas envie d'en prendre encore pour cinq ans avec François Fillon ou un autre.

On ne vous pas entendue sur François Fillon ?

J'ai été un peu surpris par sa victoire... Je le trouve un peu fade. François Fillon n'est pas un personnage qui m'intéresse, il a déjà était premier ministre, ministre... Il a eu l'occasion de faire ses preuves et l'on voit le bilan des Républicains à la tête de l'Etat ... François Fillon, c'est du bluff. Lui et ses amis sont très amis avec l'Islam, ils financent ces cultes, ils inaugurent des mosquées et ne sont pas étonné d'être à côté d'une petite fille de cinq ou six ans voilée des pieds à la tête. Je ne crois pas que les électeurs de droite veuillent voter pour ça.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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