ALÈS Itinérances 2018 : la Faim des fous exhume une horreur silencieuse
C'est à ça que ça sert un vrai festival : montrer des choses que l'on ne verrait nulle part ailleurs. Un jour, les hasards de la programmation nous conduisent à voir la Faim des fous de Franck Seuret. Et on bascule dans une abîme de tristesse et désespoir qui va bien au-delà de l'horreur.
Lors de la seconde guerre modiale, sous le régime de Vichy, la France doit produire pour l'Allemagne. Le pays est affamé et le gouvernement met en place des tickets de rationnement pour chaque citoyen. Les quantités de nourriture fournies par ces tickets ne suffisent pas assurer la moitié du besoin calorique journalier. À charge pour les gens de compléter sur le "marché libre". Les documentaires ou fictions qui relatent ces épisodes sont légion. Silence total sur ce qui s'est passé dans les hôpitaux psychiatriques français. "Ils étaient déjà morts socialement, ils sont donc vraiment mort dans un silence absolu", dira une historienne au cours du documentaire.
Pas d'autre issue que la faim
Tuer ces gens, ne relevait pas d'une politique sociale volontaire comme en Allemagne à la même période. Il ne s'agissait pas d'une extermination mais juste de laisser mourir des êtres humains de faim parce que le gouvernement de l'époque ne jugeait pas nécessaire d'augmenter leurs rations et leur accordait les mêmes qu'aux autres citoyens. Sauf qu'à l'intérieur des asiles, ils n'avaient aucune possibilité d'améliorer cet ordinaire plus qu'insuffisant et mourraient de faim.
Une horreur qui aurait pu être évitée
À la fin de la guerre, sous la pression de nombreux médecins, le gouvernement va augmenter les rations. Cette part supplémentaire n'a privé personne et on a vu redescendre significativement la courbe de mortalité. Le pire aurait pu donc être évité. Le bilan est lourd. 76 000 êtres humains ont perdu la vie dans d'atroces conditions. Seules les archives des hôpitaux psychiatriques relatent cet épisode sombre de notre histoire. Franck Seuret, journaliste spécialisé dans le handicap depuis plus de 20 ans entend parler de cette histoire et décide de la porter au grand jour.
"J'ai du faire appel à un financement participatif pour réaliser ce documentaire", raconte Franck Seuret. La difficulté pour évoquer ce sujet pour le réalisateur, était qu'il n'existe pas d'images d'archives, juste une photo… "Mon documentaire est donc basé sur des témoignages de gens qui fouillent le passé de leurs ascendants et d'enquêtes aux archives", poursuit-il. De ce fait, il est donc très difficile de trouver un diffuseur télé, déplore Franck Seuret. "Heureusement, il y a les festivals comme Itinérances. Je pense qu'il faut parler de cet épisode", conclut-il. "Je trouve que ce sujet dépasse l'intérêt historique. Ce qui s'est passé peut se reproduire. Aujourd'hui, le Venezuela connait une grave crise économique et les hôpitaux psychiatriques laissent mourir leurs patients… Il faut être vigilants et se questionner."
Véronique Palomar
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