Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 18.07.2018 - anthony-maurin - 5 min  - vu 1641 fois

FAIT DU JOUR Pas perdus pour tout le monde ?

Le service des objets trouvés à Nîmes est un petit bijou d'insolite en période estivale. Zoom sur un boulot pas comme les autres.
Différents bacs à clés... Le dernier, celui de juillet est déjà rempli alors qu'il reste la moitié du mois (Photo Anthony Maurin).

(Photo Anthony Maurin).

Isabelle n'a pas un job comme tout le monde. Elle bosse au service des objets trouvés de la ville de Nîmes. Employée par la municipalité, elle veille au bon fonctionnement de ce service gratuit, un peu spécial et pas franchement connu.

Dimanche dernier, avec la finale et le monde dans les rues, il a dû y avoir de nombreuses pertes ou vols mais tous ces objets ne sont pas encore revenus à leur point de chute quand ils sont retrouvés. C'est ici, au bureau des objets trouvés qu'ils échouent.  " Avant, c'était la Police municipale qui les récupérait mais depuis au moins dix ans, c'est nous ", annonce Isabelle.

Mais entendons-nous sur le terme objet trouvé. " Ça reste flou ! Il y a un problème de communication mais les objets sont nettement plus vastes. Les objets, comme nous l'entendons, lunettes, casquettes, doudous, cartes, vêtements... ne représentent qu'entre 3 % et 5 % de ce qu'on nous rapporte. Ici, on nous ramène les portefeuilles avec les papiers et les sacs à main qui proviennent certainement en grande partie de pertes et ou de vols. Le contenant, c'est 95 % de notre travail ! " poursuit Isabelle.

Le service des objets trouvés, tout le monde connaît sans connaître mais comme les deux employés ne sont pas habilités à faire des recherches... On peut vite tourner en rond.  " En général, nous enregistrons entre 3 600 et 4 000 dossiers par an. Actuellement, nous en sommes à 2 000 depuis le début de l'année. Le commissariat ne prend plus de dépôt de plainte pour une perte de papiers, seulement pour un vol. Depuis 2016, nous ne pouvons plus rendre les cartes d'identité à cause des usurpations (sauf permis de conduire), c'est un ordre du préfet. Il n'y a qu'à regarder les émissions qui passent à la TV pour savoir que l'usurpation est onéreuse pour l'État et désastreuse pour le citoyen ", accentue Isabelle.

Dans les faits, été, ferias, manifestations, concerts : Les occasions sont belles pour faire la fête mais elles le sont tout autant pour perdre gros en peu de temps. Vous faites partie des malheureux, tentez votre chance et foncez au bureau de Nîmes. " Nous suivons la vie du quotidien de la cité. Les gens se rendent compte, toujours en urgence, qu'ils ont besoin de leurs papiers pour partir en congés... Cela prend du temps et si l'on n'a pas fait les bonnes démarches... Aujourd'hui il y a plus de risques qu'il y a 30 ans et les conséquences peuvent être très lourdes ", note l'employée qui en profite pour dispenser quelques utiles conseils.

Dans ces cartons, des vies entières... Oubliées, perdues et qui attendent de retrouver leur propriétaire (Photo Anthony Maurin).

Ne pas tout mettre dans le portefeuille. Il est très important de faire son changement d'adresse car c'est la dernière adresse connue qui permettra de vous retrouver. Quand vous subissez un vol, n'hésitez pas à voir si votre carte bancaire peut vous assurer.

" Récemment quelqu'un nous a donné une pièce d'identité qui était perdue depuis 10 ans ! Parfois les gens ne se rendent pas compte de la gravité de la chose. Il faut agir de suite. Le mieux c'est de venir directement nous voir. Il faut nous appeler régulièrement mais c'est parfois long. Nous sommes là pour ça et quand nous recevons quelqu'un qui retrouve ses effets personnels et souvent intimes, ça lui fait du bien et nous aussi ", s'exclame Isabelle.

(Photo Anthony Maurin).

Sachez toutefois que " 0,05 % de notre travail consiste à nous occuper d'un objet de valeur. C'est très exceptionnel. Il en va de même pour les smartphones, ne croyez pas qu'on trouve des IPhone X... Ici c'est plutôt Wiko ". Vu qu'on parle téléphonie, n'oubliez pas de prendre le numéro IMEI de votre smartphone (*#06#), c'est un numéro primordial car c'est la carte d'identité de votre objet et sans ça, on ne vous le rendra jamais.

Un policier municipal rapporte les effets débusqués dans la nuit (Photo Anthony Maurin).

Sinon, on trouve quoi d'autres ? Les objets insolites...  Pour Isabelle, il y a de tout. " Des gens font les poubelles et nous ramènent leurs trouvailles mais pour d'autres, c'est un peu plus gênant. Des valises perdues dans lesquelles étaient placées des objets sexuels ou des DVD pornos. En tout cas, les gens ne se dégonflent pas et viennent nous voir comme si de rien n'était. C'est l'intimité de la vie. On a aussi des dentiers et des appareils auditifs... Un jour, on nous a rapporté une croix de cimetière. Une croix en marbre, un machin grand comme ça ! On m'a aussi demandé si on avait retrouvé une montre Rolex à 22 000 euros... Mais attention, on ne prend pas les êtres vivants... Ni les enfants, ni les animaux et un mineur ne peut pas venir seul récupérer des affaires ! "

Et les clés, ces petits objets du quotidien que l'on perd constamment. " Ah ! Les clés ! On joue au jeu des sept erreurs avec les propriétaires potentiels ! Habituellement, je reçois 50 trousseaux par mois mais en été nous sommes plus proches des 200-250. Rien ne ressemble plus à une clé qu'une autre clé et si le porte-clés a plu à la personne qui a volé ou trouvé le trousseau, il n'y est plus ", rappelle l'employée.

Téléphones portables, divers et bijoux (Photo Anthony Maurin).

Travaillant encore au papier carbone, le service n'est peut-être pas à la pointe de la technologie mais laisse la place à l'humain. L'identité de la personne qui vient déposer un objet trouvé ne sera pas demandée. " Si vous ne pouvez pas vous rendre directement au service, donnez ce que vous venez de trouver à un agent de police, mettez-le dans une enveloppe puis à la Poste... Ça nous reviendra forcément. Les lundis, mardis et mercredis, en général on s'occupe des retours du week-end. On inventorie, répertorie et on reçoit environ 40 coups de téléphone par jour. La semaine dernière, nous avons traité 385 dossiers et je ne compte pas la coupe du monde, juste de lundi à vendredi ! ", ajoute l'employée municipale.

Une fois l'objet ramené au service, place au stockage. " On dépouille la totalité du portefeuille. On détaille la couleur, la matière et la forme de manière exhaustive. Nous mettons 15 minutes à tout répertorier. Si on trouve une adresse, nous envoyons un courrier avec une convocation c'est pour cela que c'est bien de mettre un numéro de téléphone et surtout votre adresse dans tous vos papiers. Nous conservons tout pendant un an et un jour à partir de la date d'enregistrement sauf pour ce que l'on ne garde que deux mois et que l'on revoit aux organismes tels que la CPAM, les banques, les transports... Nous n'enregistrons pas les vêtements. Enfin, c'est le commissaire aux comptes qui, une fois le délai passé, décide de la suite des événements ", note Isabelle.

Agressé il y a quelques semaines à Pont-Saint-Esprit, cet usager a dû venir à Nîmes où a été retrouvé son portefeuille. Heureux dénouement, il n'aura pas à refaire ses papiers sauf sa carte d'identité bien entendu (Photo Anthony Maurin).

Si vous avez perdu vos affaires lors d'un concert dans les arènes, c'est la société Océan, l'entreprise de nettoyage de la Ville, qui est censée rapporter les trouvailles... Jusqu'ici, rien.

Bureau des objets trouvés en Mairie de Nîmes, 10 rue de la Trésorerie 30033 Nîmes CEDEX 9. Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 17h. Téléphone : 04.66.76.72.32.

Anthony Maurin

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