Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 10.08.2018 - anthony-maurin - 4 min  - vu 1335 fois

NÎMES En histoire naturelle, la ville se découvre tout aussi bien

Le Muséum d'histoire naturelle de Nîmes a longtemps été un des plus importants de France. Daniel-Jean Valade, adjoint à la culture en charge des musées nous en dit plus.
La partie animalière (Photo Anthony Maurin).

Entrée du museum... Attention à Maurice la girafe ! (Photo Anthony Maurin).

Jésuites, protestants et Nîmois... Histoire surnaturelle à comprendre en partie grâce aux abords du musée en question et à l'histoire de ce lieu spécial de la cité.

Comme tous les musées de la ville (sauf le fastueux traitant de la romanité) le musée d'histoire naturelle a pris ses quartiers dans un bâtiment à l'histoire lourde de sens. " Ici a été créé le premier collège et université des arts, c'était la première université protestante de Nîmes. C'est Marguerite de Navarre qui l'a voulu et c'est son frère, le roi François 1er qui l'a validée. Ce lieu est très important dans notre histoire car on y retrouve aussi la symbolique de l'esprit envahisseur des jésuites. Nîmes était une place forte de la Réforme, notamment grâce à l'imprimerie, et l'histoire des " placards " s'est ajoutée à cela. Les jésuites avaient demandé le remplacement par des jésuites de tous les professeurs protestants qui mouraient ou partaient à la retraite ", entame l'adjoint à la culture Daniel-Jean Valade.

Le cloître des jésuites (Photo Anthony Maurin).

Nous sommes en 1539, le collège est créé. Mais le temps file et nous voilà au XIXe siècle. Nîmes resplendit et a un poumon économique tel que les Nîmois vont se permettent de prendre l'air partout à travers le monde. Véritables globe-trotteurs, ils amassent des souvenirs, collectent des idées et rentrent au bercail les poches pleines et les yeux assouvis par tant de nouveautés. " L'architecture des lieux est solennellement exubérante. C'est grâce aux jésuites et à leurs putti (*) que l'on retrouve un peu partout. Après le départ de la bibliothèque vers Carré d'art, ce musée avait été investi par l'archéologie. Maintenant que l'archéologie est au musée de la romanité, il nous faut nous étaler dans l'espace. Adeline Rouilly, la directrice du musée, va bientôt proposer une nouvelle présentation des collections ", poursuit notre guide.

Fermées au public, la bibliothèque et la collection de géologie sont pourtant des modèles du genre (Photo Anthony Maurin).

Entrons dans le musée... Un petit hall, au loin le quadrilatère des jésuites mais avant, une imposante girafe attend patiemment le visiteur. Maurice, oui c'est ainsi qu'il se nomme, est la première véritable attraction que vous ne pouvez pas manquer car Maurice est naturalisé (empaillé). " Ce musée est lié à celui de Paris. Les Nîmois ont beaucoup voyagé et sont revenus avec des collections remarquables comme celle de géologie de Bonnet, celle de Séguier pour les fossiles ou celle de Thérond pour l'entomologie. D'ailleurs, les Américains ont voulu acheter cette dernière collection mais la famille a préférer la léguer à notre musée. Nous avons beaucoup de choses en réserves... "

Daniel-Jean Valade et une statue-menhir (Photo Anthony Maurin).

Passons à la première salle, celle qui évoque la préhistoire. " Voilà, ça, c'est quelque chose que je pourrais voler ! Une de ces statues-menhirs. Pour nous dans la région, ce sont les premiers repères de l'Homme. Je suis très attaché à cela, pour reprendre une exposition, ces pierres nous font signe. " Dès le néolithique le Gard a été un lieu de passage des premiers hommes qui franchissaient les Alpes et longeaient la méditerranée à la recherche d'un point d'ancrage. Alliant les pentes douces d'une moyenne montagne et la proximité rare de la mer, notre département semblait être un spot idéal. Il l'est toujours. " Les peintures de Baume-Latrone sont tout simplement magnifiques. On parle beaucoup de Lascaux ou de Cosquer mais quand même, elles sont au moins aussi vieilles. "

La reproduction des peintures existantes dans la grotte de Baume-Latrone (Photo Anthony Maurin).

La salle d'ethnologie, ouverte dans les années 1930 mais qui pourrait aujourd'hui faire grincer quelques dents, a toujours eu la volonté d'être visible et d'assumer le passé qui lui permet aujourd'hui d'être ce qu'elle est. Parmi les beautés, raretés et autres objets insolites, des fers d'esclaves. " Les seuls d'Europe. Ici, la muséographie est foisonnante mais elle est logique. Les cartels, les affichettes qui présentent les objets sont souvent d'origine, faites à la main au début du musée. J'aime beaucoup une parure de tête confectionnée avec beaucoup de plumes appartenant à de nombreux oiseaux différents, elle est très rare. "

Le plus visuel pour les enfants c'est la salle des animaux. Naturalisés, fossilisés ou dans des bocaux de formol, vous en prenez plein les mirettes et chaque Nîmois a été marqué dès sa plus tendre enfance. " Tous les enfants sont venus ici avec l'école mais aussi avec leur famille. J'étais terrorisé par les bocaux.. Mais nous avons gardé la portée pédagogique. Adeline Rouilly fait du bon travail et propose des choses nouvelles qui permettent aux enfants de mieux comprendre. Un jour, un scientifique se baladait et nous a dit que la vertèbre de baleine avait été mise à l'envers ! Vous voyez ce toro, il s'agirait d'un Pablo Romero. Son transport jusqu'ici a été cocasse à travers les rues de la ville. Monté sur roulettes, il avait fière allure. "

La fameuse vertèbre de baleine et une armature en bois pour mieux comprendre cet animal (Photo Anthony Maurin).

La Ville achète rarement des objets. Ce sont plutôt les objets qui viennent à la Ville. Des legs, tradition protestante, font l'essence de ce musée. Cachée aux yeux du public, une vaste bibliothèque suivie de l'immensité de la collection de géologie de Maximilien Dumas. Tout est classé, répertorié, étiqueté. Une fois la visite terminée, le cloître (quadrilatère) des jésuites semble appeler le visiteur dans sa quiétude inquiétante. Vidé à 90% de ses collections, il est là, paisible, solitaire, jouxtant ce musée quasi délabré. L'ensemble ferait un lieu culturel de haute lignée et ne saurait faillir.

Le cloître des Jésuites et les restes lapidaires de la Ville (Photo Anthony Maurin).

Un tel musée dans un lieu aussi spécial pour la ville et pour son histoire ne peut être laissé à l'abandon plus longtemps. Des projets plus ou moins glorieux fleurissent dans certaines têtes mais la municipalité tient à conserver ce patrimoine inoubliable in situ. La toiture a déjà été refaite mais un étage, le dernier, est condamné à cause du mauvais emploi qu'on en faisait au XIXe siècle. Réhabiliter les lieux serait une excellente chose. Le musée de la romanité a coûté quelque 60 millions d'euros. Peut-on imaginer qu'une partie des futurs investissements nîmois aillent dans cette direction vu que la Ville n'a plus à supporter ce coup de modernité ? Le portefeuille est ouvert pour la culture à Nîmes. Il était temps et pourvu que ça dure !

Angelot nu et ailé dans les représentations artistiques.

Anthony Maurin

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