Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 15.08.2018 - veronique-palomar - 5 min  - vu 1877 fois

FAIT DU JOUR L'envers des plages

Au Grau-du-Roi, avant le lever du soleil, des équipes sont au travail pour que les plages soient propres

nettoyage plage Grau (Photo Véronique Camplan)

La plage reste le loisir phare des vacanciers, et l'atout principal des stations balnéaires, point de départ ou d’arrivée de tous les plaisirs d’été. Oui mais la condition sinequanon à notre bonheur est qu’elles soient propres et accueillantes et qu’au moment de poser notre serviette dans le sable, on ait le sentiment d’être le premier … Seulement nous ne sommes pas toujours prêts à laisser l’endroit tel que nous l’avons trouvé…  Alors, nécessité faisant loi, des travailleurs de l’ombre veillent à ce que chaque jour soit un jour nouveau. Ils ont accepté que nous les suivions pour vous.

Il est 5h00 et tout le monde est arrivé au local technique de la mairie. Ce matin, le maire a tenu à venir assister au départ des équipes, l’occasion, en pleine saison, de les remercier et de les encourager. Un gobelet de café plus tard, c’est parti. Ils sont 20 à se partager les 6 plages de la commune, de l’Espiguette aux plages du centre en passant par le Boucanet en été… Ça fait une sacrée surface. Jusqu’à 11h vont se partager le travail, divisés en 4 équipes de 5. Leurs missions : vider les poubelles, laver et curer les 37 douches, balayer les tapis qui favorisent l’accès aux plages aux personnes à mobilité réduite et enfin, nettoyer le sable de tout ce qui y a été abandonné la veille. Challenge supplémentaire, arriver avant les goélands…

Des plages à prendre avec des pincettes !

Il fait grand nuit, les engins démarrent (Photo Véronique Camplan)

Tracteur et niveleuse font démarrer leurs moteurs dans la nuit pour se diriger vers les plages du centre ville. Celles-ci seront nettoyées et aplanies mécaniquement par les engins pendant qu’une équipe s’occupera des poubelles et des douches en pick-up.  Une grande partie de la plage du Boucanet et celle de l’Espiguette font l’objet d’un traitement particulier. Elles sont nettoyées manuellement. L’Espiguette depuis quelques années fait partie du plan Natura 2000, en conséquence de quoi, pour le respect de son aspect sauvage et la préservation de la biodiversité, aucun engin ne peut venir labourer le sable. Ce sont des hommes munis de pinces qui ramassent un par un tous les déchets.

Magie d'une lever de soleil sur l'Espiguette

L'Espiguette en rose (Photo Véronique Camplan)

Lorsque l’on arrive alors que les premières lueurs du jour pointent à peine, le spectacle est féérique. Devant nous une grands étendue sauvage et calme que seule vient troubler le vol lourd des goélands dérangés par la lumière des phares. Pascal Michalski, responsable des plages, conduit cette visite guidée un peu particulière. "C'est magnifique", ne peut-il s'empêcher de s'exclamer, heureux de nous voir partager son enthousiasme. Tout comme Christophe, il est titulaire et veille à l'année sur les plages. "L'hiver on remet en place les ganivelles" (longs morceaux de châtaigner qui retiennent le sable des dunes), "on entretient la flore, on répare les dégâts des tempêtes…  et on fait parfois de jolies découvertes. Dernièrement, une tortue cistude, que l'on pensait disparue de nos marais."

"Souvent ce sont les enfants qui donnent l'exemple"

Pascal Michalski, responsable des plages (photo Véronique Camplan)

"Personne ne voulait me croire", s'amuse Pascal, "mais elle sont revenues, s'exclame-il avec fierté. C'est pour ça que l'on essaie d'empêcher les gens d'aller dans les dunes…" Curieux paradoxe, ces vacanciers sur le confort desquels il veille chaque jour et qui font parfois montre de peu de considération. "On retrouve de tout, même des jouets de plage, abandonnés quand les vacances sont finies. On les récupère pour des familles qui n'ont pas les moyens. Mais ça ne se fait pas", déplore-t-il. Comme de laisser ses ordures sur le sable… Mais globalement les plages sont plus propres qu'avant, les gens plus précautionneux. "Souvent ce sont les enfants qui donnent l'exemple," remarque Pascal… "On va faire des interventions dans les écoles et ça paye". Pascal est responsable des plages mais aussi pompier et spécialiste des NAC (nouveaux animaux de compagnie). Une vie bien remplie au service des autres et de la nature.

Plus vite que les goélands

Le soleil se lève à peine et les pick-up sot déjà pleins et de nouveaux sacs en place (Photo Véronique Camplan)

L’équipe chargée de vider les poubelles saute de la voiture et agit le plus vite possible. Ceux qui s'occupent des douches et des passages s'affairent plus loin. La municipalité a installé des poubelles pourvues de couvercles mais personne ne pensent à les fermer, alors goélands et mouettes se servent et trient en éparpillant les ordures alentours…  La benne du pick-up se remplit vite.

Un beau métier

Rien n'échappe à Chrisphe qui connaît son secteur sur le bout des yeux (Photo Véronique Camplan)

Christophe, muni d’une pince, fait lui un travail de fourmi, là un papier moitié enterré, plus loin des mégots, des bouteilles vides, des serviettes de plage, des jouets d’enfants… Encore des mégots. Avec l'expérience, il a l'œil et dans le jour qui se lève, rien ne lui échappe. Christophe considère qu'il fait un beau métier, tout comme ses collègues, ici on ne bosse pas, on est en mission, pour préserver cet endroit magique et par voie de conséquence aussi un peu la planète… "Il faut travailler vite, quand les gens viennent s'installer ça devient plus compliqué. Mais j'en profite pour faire un peu de pédagogie", sourit Christophe qui en plus fait partie de la police de l'environnement et des gardes du littoral.

Le mégot qui pourrit tout

Fastidieux mais important, ramasser des mégots encore et encore … (Photo Véronique Camplan)

Ces petits filtres usagés sont de véritables fléaux. Par jour, Christophe en ramasse entre 300 et 400 ! Quand on sait qu’un mégot pollue 1m3 d’eau et un m2 de terre selon l’endroit où il se trouve, la tâche est ingrate mais loin d’être inutile. La municipalité offre des cendriers de plages gratuitement en plusieurs points dont les péages des parkings. … "On en trouve enterrés dans le sable," s'insurge Christophe "et pourtant il y a des poubelles tout le long de la plage …"

Une autre activité invisible : la vérification quotidienne de la qualité des eaux de baignade

Un laboratoire analyse quotidiennement les eaux de baignade et livre ses résultats en moins de 3h (Photo D.R)

Cet été, pour la 2e année consécutive, des analyses quotidiennes sont menées sur les 6 plages du Grau du Roi( Rive droite, Rive gauche, Port-Camargue sud, Port-Camargue nord, Le Boucanet, la pointe de l’Espiguette) avec des résultats fiables en moins de 3h. La mise en place de ce dispositif a été confiée à Suez dans le cadre du contrat de  délégation de service public pour l’assainissement. Du 1er juillet au 31 août, trois agents, recrutés et formés spécifiquement pour cette mission, prélèvent tous les jours, à 6 h du matin, les eaux des 6 plages du Grau du Roi et de 4 points pouvant présenter un éventuel risque de pollution (port, canal…). Une heure plus tard, les échantillons sont ensuite analysés par le laboratoire installé sur la station d’épuration intercommunale à l’Espiguette.

Certains d'entre nous oublient parfois que la plage n'est pas un bac à sable et la mer une pataugeoire. Nous avons le privilège de vivre des moment inoubliables au sein d'une nature fragile et sauvage sur laquelle une équipe veille dans l'ombre pour notre plaisir. Et si nous faisions un petit effort ?

Véronique Palomar-Camplan

Véronique Palomar

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