IL Y A 30 ANS Le 3 octobre 1988 des sportifs nîmois
Les Crocos Didier Combe et Philippe Debaty, l’Usamiste Alain Portes et Marc Andrieu du RCN se rappellent du jour où Nîmes était sous les eaux.
Elle n’est pas restée dans les mémoires, cette maussade saison 1988-1989. Il faut dire que les Nîmois avaient d’autres préoccupations que les ballons, qu’il soit rond ou ovale. Tous les sportifs avaient rendez-vous pour s’entraîner.
Chez les Crocos, qui viennent de faire match nul à Clermont 1-1, c’est direction l’hippodrome des Courbiers. Alors quand Philippe Debaty quitte son appartement de la rue Bec de Lièvre, il est stoppé très rapidement. « Sur le boulevard Victor Hugo, c’était un torrent d’eau et de boue. Dans la rue, les gens nous demandaient de l’aide », se souvient le gardien de but. À ce niveau, traverser le boulevard est trop dangereux. Pourtant, il souligne que « cela aurait été pire, s’il n’avait pas eu le trou du chantier du Carrée d’art en construction ». En effet, la quantité d’eau retenue sur le chantier est estimée à 500 000 m3. Dans ces conditions, il était difficile de reprendre l’entrainement quelques jours plutôt : « nous étions hagards, nous n’avions pas envie de reprendre. »
Son coéquipier, Didier Combe comptait bien lui aussi se rendre à l’entraînement. C’est sans se douter de ce qu’il se passait qu’il quitte le foyer familial d'Aubais, en compagnie d’Olivier, son frère. « Mais en arrivant à Langlade, ma voiture avait de l’eau jusqu’aux vitres. » Mais la 205 GTI n’ira pas beaucoup plus loin, « à Milhaud, le véhicule s’est noyé. Dans la rue nous avions de l’eau jusqu’à la taille. » C’est en s’agrippant de portail en portail que les deux frères se déplacent.
« Je m’en souviendrai toute ma vie »
À ce moment, le défenseur nîmois se fait une réflexion : « je me suis dit que les gens qui étaient dans le malheur, c’est peut-être ceux qui viennent nous encourager le week-end. Quand tu vois ta ville dans cet état, ça fait mal au cœur. Je m’en souviendrai toute ma vie. »
Le handballeur Alain Portes, n’est pas près de l’oublier lui aussi. Ce matin-là, il doit conduire sa fille de six mois chez sa nounou, route d’Alès. Mais, au moment de quitter son domicile de la route de Générac, rien ne s’est passé comme prévu. « À 7h30, je n’ai pas pu franchir les ponts. » Il n’est alors plus question de l’entraînement de 10 heures à Pablo Neruda, mais juste de sauver sa vie. Rentré chez lui, c’est de son balcon qu’il assiste à la montée des eaux.
« C’était comme après un bombardement »
« J’ai vu mes coéquipiers Teoule et Teyssier qui avaient de l’eau jusqu’aux genoux.Quant à Volle, sa voiture a été inondée dans le parking sous-terrain. Dans la rue, c’était comme après un bombardement ». Alors, le joueur de l’USAM va aider les sinistrés avec un sentiment douloureux. « Je culpabilisais de ne pas avoir été inondé alors que tant de personnes avaient tout perdu.» Mais le désarroi des Nîmois n’avait pas sensibilisé tout le monde. « Nous devions affronter Metz, le week-end suivant, mais ils ont refusé de reporter le match. »
Pas très classe, les Messins sur le coup. Il a fallu que la FFHB (fédération française de handball) intervienne pour imposer le report aux Mosellans. Et l’Usamiste a de la mémoire : « nous trouvions cela terriblement indécent. On s’en est souvenu et après, avec Metz, cela ne sait jamais bien passé. Il y avait même eu une bagarre à Nîmes. » À l’issue de la saison, l’USAM perd son titre de champion de France et s’incline en finale de la coupe de France.Les deux au profit de Créteil...
Est-ce une conséquence des inondations ? Alain Portes n’en est pas certain. « C’est clair que cela ne nous a pas aidés. Il y avait moins d’enthousiasme dans les tribunes. Mais Créteil était bien armé cette année-là. Je ne suis pas sûr qu’on aurait été champion sans les inondations. »
« J’ai un voisin qui a retrouvé sa fosse septique à deux kilomètres ».
Le RCN n’avait pas un titre à défendre mais une saison en D1 à jouer. Après avoir été finaliste du groupe B, il affronte Pau, Nice, Thuir et Arras. Mais le championnat devient secondaire ce lundi matin. Marc Andrieu, le trois-quart centre international du Rugby Club Nîmois, a vu de très près la montée des eaux. « À 7h30, je suis passé à coté des quais de la fontaine qui débordaient. » Très inquiet, il rentre chez lui et il est très surpris par certains bruits : « au camp des Garrigues, les militaires faisaient encore des exercices alors que la ville était sous les eaux ».
Dans le quartier de la Planète, où il habite encore aujourd’hui, Marc Andrieu ne subit pas trop de dégâts. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde dans ce secteur. « J’ai un voisin qui a retrouvé sa fosse septique à deux kilomètres. » Comme tous les Nîmois, les sportifs locaux ont aussi vécu une journée qui restera gravée dans leur mémoire. Le lundi 3 octobre 1988 tout a basculé et rien ne sera plus jamais comme avant.
Norman Jardin
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