Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 11.10.2018 - corentin-corger - 4 min  - vu 1375 fois

FAIT DU JOUR Arbitre international, coach mental... Régis Bardera se régale

Régis Bardera arbitre au plus niveau du basket français depuis 18 ans. Sa deuxième casquette est préparateur mental. Une activité qu'il pratique entre autre au sein de l'USAM.
À gauche, le demi-centre de l'USAM, O'Brian Nyateu, observé par Régis (DR)

Régis Bardera et le Basket-ball, une très grande histoire d'amour qui continue de s'écrire (DR)

Ce soir l'USAM affronte Chambéry pour le choc de la sixième journée de StarLigue. L'occasion de mettre en lumière un personnage atypique qui va rejoindre ponctuellement le staff nîmois, en tant que coach mental. Voici l'histoire de Régis Bardera. 

Avant de côtoyer des handballeurs, Régis Bardera, qui fêtera ses 45 ans dans un mois, est un inconditionnel du basket-ball. "J'ai commencé à 10 ans à Rousson car ma voisine dont j'étais fou amoureux, qui avait 5 ans de plus que moi, jouait au basket", confie l'intéressé. Mais très vite ce n'est pas ballon en main, mais sifflet en bouche que le natif d'Alès s'épanouit : "le samedi après-midi, j'espérais qu'il n'y ait pas d'arbitre désigné pour arbitrer les jeunes." Rare sont les enfants de douze ans qui se passionnent pour incarner l'homme en noir. "J'avais vraiment la force et le courage de prendre une décision rapidement. Ça me permettait de diriger à ma façon avec mes valeurs et d'avoir de la reconnaissance." 

Régis a choisi sa voie et ne ne voit que par l'arbitrage. Des études mises de côté et des sacrifices pour atteindre ses rêves qui se réalisent en 2001. Il devient arbitre en Pro A, la première division du basket français et atteint le niveau international en 2004. Une carrière dont Régis dit avoir compris les raisons à l'âge de 30 ans : "mon père n'était pas un homme qui a respecté la loi. J'ai donc choisi une activité où je faisais en sorte d'avoir un rapport à la règle et de la faire respecter. J'ai consacré la première partie de ma vie à travailler pour être le meilleur possible en arbitrage." 

Cinq années avec la génération Parker

Régis Bardera en action lors d'une compétition de 3x3 avec toujours l'humain au cœur des décisions (DR) • Picasa

Des choix payant mais pourtant cette passion passe au second plan. Car l'activité principale de Régis se situe au conseil départemental où, depuis 1998, il travaille au service sports jeunesse. Affilié à la FIBA (Fédération internationale de basket), le Gardois va arbitrer des matches internationaux et des finales de championnat de France. Toujours dans le top 10 français, il lui fallait être le numéro un pour prétendre obtenir un sifflet aux championnats du monde ou aux jeux olympiques. Les JO, Régis y participera peut-être à Tokyo en 2020 pour arbitrer le basket en 3x3 qui rentre au programme de cette olympiade.

Une expérience qui lui permet de vivre des moments particuliers. "J'ai travaillé cinq étés (2009-2014) avec la génération des Tony Parker, Boris Diaw. Durant les préparations, j'arbitrais les matches à l'entraînement pour cadrer et soulager les coaches." Un travail notamment en individuel car les règles du basket en Europe sont différentes de la NBA, la ligue américaine. Après 15 ans au niveau international, Régis met fin à sa carrière en cinq contre cinq mais continue d'arbitrer en Pro A où il entame sa 18e saison. Car depuis quatre ans, Régis coiffe une troisième casquette.

La préparation mentale, une évidence

"J'ai toujours été très sensible à la préparation mentale et petit à petit j'ai eu envie de me former", confesse Régis. Un an de formation à Paris lui a permis de se spécialiser sur le coaching mental, le management et l'optimisation du potentiel. Un apprentissage vécu aux côtés notamment de l'ancien footballeur Vikash Dhorasoo, d'un rugbymen du Top 14 ou de chefs d’entreprise... Son activité d'arbitre lui a permis de construire de la matière pour entamer celle de coach mental. "J'ai réfléchi pendant 15 ans aux techniques et outils qui m'ont permis d'arriver au plus haut niveau, de surmonter au mieux les événements de stress. De savoir comment appréhender la seconde de doute." 

Quelques interventions auprès d'entreprises mais aussi une approche dédiée aux sportifs. "La préparation mentale c'est pouvoir remplacer toutes les émotions toxiques par des émotions positives. Écouter l'autre, repérer sa force et la valoriser pour l'utiliser dans les moments un peu délicat." Dans la méthode Bardera, la première des choses est d'aller chercher la force que l'on a en soi que l'autre, l'adversaire en sport, ne possède pas. "La force des plus grands, à tous les niveaux, c'est d'arriver à déceler ce qui est unique chez soi, affirme le coach mental, toute démarche commence avec un gros travail d’introspection." 

Une volonté de positiver qui change, en quelques minutes de discussion avec Régis, notre manière de visualiser les choses. Pour cela il fait appel à l'imagerie mentale, "c'est rechercher une émotion positive qui est liée à notre enfance, notre vie et qui nous rappelle un moment agréable". Des outils pour permettre de gérer au mieux ses émotions lors d'un moment fatidique et délicat. Comme les déclencheurs émotionnels où la technique est d'associer un moment particulier à un geste qui va servir de bouton poussoir pour rappeler les sensations de l'instant vécu à un moment où l'on en aura besoin.

Un travail au quotidien 

Un savoir-faire que Régis met ponctuellement au service de l'équipe de France féminine de basket avec laquelle il revient notamment des championnats du monde où les Bleues se sont classées cinquième. Maintenant, quand son emploi du temps lui permet, il va s'occuper des handballeurs de l'USAM. En stage la saison dernière, il va désormais intervenir surtout individuellement mais aussi collectivement : "ce sont les joueurs qui se rapprochent. Je ne vais pas les solliciter directement."

La préparation mentale est un travail au quotidien pour le sportif, "elle est indispensable au même niveau que la préparation physique et technique. La préparation mentale va permettre de tirer la quintessence des deux autres. Le couplage corps et esprit est essentiel." Toujours sensible à l'humain cette activité de coach mental semble une évidence quand l'on découvre le personnage Régis Bardera. Lui qui considère désormais se préoccuper des autres alors que "pendant des années j'ai été centré sur moi. Je n'ai pensé qu'à moi pour arriver au plus haut niveau. Et là maintenant, je suis centré sur les autres. À mon humble niveau je veux permettre d'améliorer la vie des gens." 

On espère que cette aide sera précieuse aux Usamistes qui vont devoir gérer leurs émotions dès ce soir face à Chambéry, deuxième du championnat.

Corentin Corger

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