ARLES Fusillade à Griffeuille : deux hommes condamnés à sept et dix ans de prison, deux autres relaxés

Le palais de justice de Tarascon.
- S.MaPlus de deux ans après la fusillade qui avait fait trois blessés dans le quartier Griffeuille à Arles, le tribunal correctionnel de Tarascon a prononcé, ce mardi 1er juillet, des peines de sept et dix ans de prison ferme à l’encontre de deux des prévenus. Deux autres ont été relaxés. Ce dossier s’inscrit dans un contexte de trafic de stupéfiants.
Un, deux, trois coups, puis des tirs en rafale. Ce 17 avril 2023, trois personnes attablées à la terrasse d'un snack, place Vincent-Auriol, dans le quartier de Griffeuille à Arles, ont été blessées par balles. L'enquête révélera qu'il s'agit de victimes collatérales d'un acte d'intimidation lié au trafic de stupéfiants. Il est 22h25 lorsqu'une camionnette blanche de marque Peugeot, munie de fausses plaques d’immatriculation, se gare à proximité de la place. À son bord, deux individus, dont le tireur, en possession d'un pistolet mitrailleur de type Sten. Les enquêteurs ont recensé vingt étuis percutés de calibre 9 mm, ainsi que des impacts de projectiles dans deux appartements. Le véhicule - signalé volé dans la nuit du 3 au 4 avril 2023 dans le secteur d’Avignon - est retrouvé incendié deux heures plus tard, à 500 mètres des lieux de la fusillade, sur un chemin. L’arme ainsi qu’un chargeur vide y sont également découverts. L'enquête s'appuie notamment sur le système de vidéosurveillance de la ville d'Arles et les analyses génétiques, lesquelles vont révéler un élément important.
Un ADN est retrouvé sur l'un des étuis percutés, correspondant à celui de Luc, déjà bien connu de la justice avec une quarantaine de condamnations à son actif. Le 30 avril, toujours en 2023, cet homme alors âgé de 25 ans avait d'ailleurs été interpellé à Bagnols-sur-Cèze pour transport d'armes de catégorie A. Il a été condamné le 27 mars dernier par le tribunal de Nîmes à 8 ans de prison. Lors de cette interpellation, 15 jours après la fusillade à Griffeuille, un téléphone comportant des éléments en lien avec cette affaire a été découvert dans sa sacoche. Comme lors de son jugement à Nîmes, il s'est défendu d'en être le propriétaire ce mardi 1er juillet, devant le tribunal correctionnel de Tarascon. Quant à la douille, le prévenu avance l’hypothèse d’un transfert d’ADN : « À l’époque, je travaillais dans une épicerie de nuit », explique-t-il, avant de se souvenir d’une rencontre à Bagnols-sur-Cèze avec un individu transportant un sac contenant des munitions. « Par curiosité et par bêtise, je les ai touchées sans mettre de gants », souffle-t-il. Son avocat, Maître Thomas Galtier, insiste, alors que son client est soupçonné par le procureur Vincent Clergerie d’être le commanditaire du « coup de pression » : « Ce n’est pas le seul ADN retrouvé sur cette douille. » Il souligne également que cette trace génétique n’apparaît ni sur les 19 autres douilles, ni sur l’arme, ni sur le chargeur, concluant : « Il ne peut ni l’avoir fournie, ni l’avoir utilisée. »
Aux côtés de Luc dans le box, ce mardi, Ahmed, 22 ans, tous deux détenus, dans ce dossier, depuis décembre 2023. S’ajoutent deux amis d’Ahmed, placés sous contrôle judiciaire également en décembre 2023. Aucun d'entre eux n'est identifié comme le tireur, même si le représentant du ministère public a émis quelques doutes à l’encontre d’Ahmed. Ce rôle est attribué à un surnommé « Barthez », décédé au mois de mai 2024 à Béziers, lors d'une opération similaire à celle de Griffeuille, écrasé par un véhicule conduit par ses complices. Ahmed, récemment condamné pour trafic de stupéfiants, avait « une mission à accomplir ». L'Avignonnais devait récupérer la camionnette Peugeot à Bagnols-sur-Cèze et « déposer quelqu’un à Arles », explique-t-il, niant connaître la finalité de cette mission confiée sous la menace d’armes, et rémunérée à hauteur de 1 500€. À l’origine de la menace, Ahmed avait désigné Luc, avant de finalement se rétracter.
L’enquête téléphonique permet de suivre le fil de cette fameuse soirée du 17 avril et révèle l’intervention des deux amis d'Ahmed à sa demande. « Je leur ai demandé un service, mais ils ne savaient pas ce qui se passait », a déclaré ce dernier. Ce service demandé était de jouer les chauffeurs avant et après la fusillade, « rien ne permet d’établir que mon client avait connaissance du projet délictueux », a martelé Maître Stéphan Gauthier, avocat de l'un des jeunes hommes. Tous deux ont été relaxés par le tribunal correctionnel de Tarascon.
Dans ses réquisitions, le procureur a sollicité des peines de 9 et 15 ans de prison à l’encontre d’Ahmed et de Luc. « Aujourd’hui, la gravité des faits, la gravité de ce narcoterrorisme qui gangrène le territoire nécessite de nos juridictions une réponse ferme », a-t-il indiqué, soulignant que « ce procès aurait dû toucher la barre d’une cour d’assises. » Le tribunal correctionnel a condamné Ahmed à 7 ans de prison, Luc écope quant à lui de 10 ans ferme. Ils ont 10 jours pour faire appel.