Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 05.11.2018 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 434 fois

FAIT DU JOUR Michael Stange : « Sur l'Europe, l’opinion des Français change »

Michael Stange, directeur de la Maison de l'Europe à Nîmes (Photo : Coralie Mollaret)

À sept mois des élections européennes, un sondage Eurobaromètre indique que 64% des Français estiment que notre pays bénéficie de l’adhésion à l’UE (Union Européenne). Directeur de la Maison de l'Europe à Nîmes, Michael Stange apporte son éclairage...

Objectif Gard : En 2014 aux Européennes, moins d'un électeur sur deux s'est déplacé aux urnes dans le Gard. Comment expliquer cette indifférence ?

Michael Stange : Les gens ne savent pas à quoi servent ces élections. Ils en perçoivent mal les enjeux. En France, on vote davantage aux scrutins locaux, exceptée pour la Présidentielle, qui est particulière. Le problème, c’est qu’aujourd’hui 60% des lois votées à l’Assemblée nationale sont des adaptations des directives européennes. Si nous n’avons pas la main sur ce qui se décide au sein de l'UE (Union Européenne), nous allons juste subir les conséquences.

Justement, à quoi servent les Européennes ?

Le 26 mai 2019, le scrutin (national et de liste) permettra d’élire 79 députés européens, soit cinq de plus qu’en 2014 (*). La France est la deuxième formation la plus importante du Parlement européen. Les groupes politiques ne sont pas les mêmes qu’en France : les Républicains siègent dans le groupe des conservateurs du PPE (Parti populaire européen). C'est également le cas de l’Union chrétienne-démocrate d'Allemagne d’Angela MerkelCes groupes différents expliquent aussi pourquoi les électeurs s’identifient mal à l'EU. 

Quel est le rôle des députés eurodéputés ?

Ils votent, amendent ou rejettent les textes proposés par la commission européenne. Celle-ci est composée de 28 commissaires, parmi lesquels l’ex-ministre français Pierre Moscovici, en charge des Affaires économiques. Pour chaque texte proposé, les ministres concernés de chaque pays se concertent avant de le présenter au Parlement. 

Concrètement, comment l’Europe agit-elle sur notre quotidien ?

Il y a de très nombreuses choses, par exemple le tri sélectif qui provient d’une directive de l’UE de 1990. Aujourd’hui, vous avez le choix d’habiter ou de travailler librement dans l’un des 27 pays de l’Union (**). Vous pouvez voyager sans visa, ni titre de séjour. Il y a aussi la monnaie commune. Tous ces acquis semblent normaux aujourd’hui, mais ce n’était pas le cas avant.

Ces avantages ont aussi un revers. Concernant le travail, la concurrence déloyale des autres pays européens nuit à notre économie...

Croyez-moi, la France gagne plus qu’elle n'y perd. Nous sommes un grand exportateur de produits alimentaires et nous avons gagné de nombreuses parts de marché. On oublie trop souvent que la France a été à l’initiative de l’Europe avec le discours de l’ex-ministre des Affaires étrangères français, Robert Schuman. L’Europe, c’est souvent le bouc-émissaire. Si quelque chose ne marche pas ? C’est la faute de Bruxelles ! Sur la directive des travailleurs détachés, le problème vient de la fraude des entreprises puisqu'un travailleur immigré européen est soumis aux lois du pays dans lequel il exerce. Un récent sondage d’Eurobaromètre indique que 64% (***) des Français pensent que la France bénéficie de l’adhésion à l’Europe. C’est le score le plus élevé depuis 1983 !

Comment analysez-vous ce sondage ?

C’est un changement d’opinion. En 2008, il y a eu la crise financière et en 2017, la crise migratoire. Pourtant, la Grèce n’est pas sortie de la zone euro et cette année, le flux migratoire est en baisse de 82%. Je pense que les citoyens se rendent compte que l’Europe peut être utile dans certains domaines et qu’elle doit moins intervenir dans d’autres. 

Quels seront les grands enjeux du scrutin de 2019 ? 

Ça diverge d’un pays à l'autre. En France, la sécurité des citoyens en lien avec le terrorisme, les problèmes aux frontières pourraient être au centre des débats. Idem pour l’emploi, notamment dans le secteur agricole avec la baisse des aides de la PAC (Politique agricole commune) prévue dans le prochain budget.

Et l'immigration ? 

Ce thème arrive bien après. La France a accueilli 30 000 migrants pour un pays de 64 millions d’habitants (contre 1,3 millions pour l’Allemagne et ses 82 695 000 habitants, NDLR). En France, c’est un problème idéologique, pas une réalité ! Un problème réchauffé par les populistes. Montrez-moi les Syriens à Nîmes ! Aussi, je conseille à vos lecteurs de ne pas voir les Européennes comme un moyen de sanctionner Emmanuel Macron. Ce serait un échec fatal, comme en 2014 lorsque le Front national est arrivé en tête des urnes.

Vous vous dites apolitique. Toutefois, à vous écouter, le Rassemblement national (Ex-FN) n’est pas trop votre tasse de thé…

Quel est l’objectif du RN ? C’est de sortir de l’union européenne et de sa zone euro. Bon, cette thèse s’est adoucie parce qu’ils voient bien que ça ne tient pas la route. Nous, nous sommes dans la construction de l’Union européenne et non dans sa destruction.

Propos recueillis par Coralie Mollaret 

coralie.mollaret@objectifgard.com 

Après le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne, prévu pour mars 2019.

** L'Union européenne compte 28 pays (États membres) : l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, la Bulgarie, Chypre, la Croatie, le Danemark, l'Espagne, l'Estonie, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l'Irlande, l'Italie, la Lituanie, la Lettonie, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République tchèque, la Roumanie, le Royaume-Uni, la Slovaquie, la Slovénie et la Suède.

*** Lien du sondage : Fiche nationale FR

Pour aller plus loin : https://www.touteleurope.eu/actualite/elections-europeennes-2019-mode-d-emploi.html

https://www.cettefoisjevote.eu/

Coralie Mollaret

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