Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 25.10.2019 - elodie-boschet - 4 min  - vu 5249 fois

ALÈS L’Agglo prend l’eau

Conseil de communauté d'Alès Agglomération. Photo Tony Duret/Objectif Gard

30 délibérations étaient à l’ordre du jour du conseil de communauté de ce jeudi 24 octobre. Parmi elles, un dossier de taille : la gestion des services publics de production d’eau potable et d’assainissement.

Pour ce premier conseil d’agglomération après la pause estivale, élus et public ont certainement noté un léger changement : la présence, à la droite du président Max Roustan, du nouveau directeur général des services, Patrick Cathelineau. Son prédécesseur Christophe Rivenq n’était cependant pas bien loin : il était assis à la gauche du patron de l’Agglomération. Et si l’apparence n’est plus tout à fait la même, les rôles n’ont pas changé. Sur le dossier de l’eau, c’est Christophe Rivenq qui a présenté les enjeux de la nouvelle gestion privée par celui qui a décroché le gros lot, le concessionnaire Veolia.

Max Roustan : « La loi, c’est moi ! »

À partir du 1er janvier 2020, les compétences de la production d’eau potable et d’assainissement seront donc transférées à la communauté d’agglomération. Si le choix du gestionnaire s’est porté sur Veolia, c’est parce qu’il « propose une qualité de service d’un très bon niveau » et « présente le meilleur équilibre entre fiabilité technique et intérêt financier », assure l’ancien directeur général des services qui, pendant de longues minutes, a défendu les points forts de ce contrat de 12 ans avec Veolia.

Avec cette nouvelle gestion, Christophe Rivenq promet un prix moyen de l’eau à 0,23€ du m3 alors qu’individuellement, des communes auraient dû payer des sommes grimpant jusqu’à 14,41€. Du côté de l’opposition, comme il en a l'habitude en conseil municipal, Jean-Michel Suau demande « à quel titre Christophe Rivenq intervient ? » Du tac au tac, Max Roustan réaffirme son autorité à la manière d'un Mélenchon devant les policiers : « La loi, c’est moi ! Je souhaite que Christophe Rivenq parle et si ça ne vous plaît pas, c’est pareil. »

Après cet échange très viril, Jean-Michel Suau a relancé le débat que les élus avaient déjà eu en séance un an plus tôt : « En refusant un retour à la régie publique, vous jouez contre la collectivité et contre les habitants. » Sylvain André, le maire de Cendras, est du même avis, tout comme Benjamin Mathéaud : « Ces grands groupes comme Veolia se jouent de nous et nous sommes là pour les rétribuer. »

Et s’adressant à Max Roustan : « Vous avez manqué d’audace sur ce sujet. Dire que nous allons reprendre en main notre destinée sur la production de l’eau, cela aurait été un formidable projet, d’autant que je pense que nous avons les compétences techniques au sein de l’Agglo. » On n’entendra pas la fin de l’intervention de l’opposant : le président, agacé, lui a coupé le micro, laissant Christophe Rivenq embrayer sur l’assainissement, dont le prix unique s’élèvera à 1€ par m3.

Jean-Michel Perret inquiet

 Avant de passer au vote, le maire de Saint-Hilaire-de-Brethmas, Jean-Michel Perret, exprime sa « grande inquiétude » liée à la « non-conformité de la station d’épuration » qui se trouve sur sa commune et pour laquelle l’État menace de bloquer les permis de construire. « Vous avez reçu un courrier de la préfecture en février 2018 et depuis, aucune action concrète n’a été menée », déplore le maire. « Je suis inquiet pour les permis de construire, pour le développement économique du territoire, pour les 3 400 emplois du bâtiment et tous les autres emplois indirects. »

Max Roustan répond que les travaux exigés par l’État nécessiteraient « de défoncer toute les rues d’Alès » pour une remise aux normes. Il se veut toutefois rassurant : « Nous en avons discuté avec le préfet et ça devrait bien se passer. » Plus technique, Christophe Rivenq détaille : « C’est illusoire de penser que nous pouvons régler ce problème. Certains réseaux ont 200 ans… Des solutions existent pour répondre assez rapidement aux directives européennes en stoppant, par exemple, les eaux avant qu’elles n'arrivent à la station. Les services de l’État et de l’Agglo sont en train d’y travailler. »

La politique de l’habitat vue par la Chambre régionale des comptes

 La séance s’est terminée sur le rapport d’observations définitives de la Chambre régionale des comptes. Un rapport qui fait notamment état « de la bonne santé de la communauté d’agglomération en 2018 », souligne Patrick Cathelineau. Il s’agissait d’un contrôle sur la politique de l’habitat d’Alès Agglomération « qui est en train de se refonder avec la mise en place d’un nouveau PLH (programme local de l'habitat, Ndlr). »

Dans ce rapport, la Chambre régionale des comptes a émis huit recommandations, « dont celle d’adopter un PLU intercommunal. » Si Patrick Cathelineau est satisfait, Benjamin Mathéaud n'a pas la même lecture et dénonce « un constat cinglant » des magistrats financiers sur la politique du logement, citant cet extrait : « le suivi et la gestion des demandes demeurent à ce jour trop légers. » Après Mélenchon pour Roustan, Mathéaud reprend Aimé Jacquet et demande à l'Agglo « de muscler son jeu. »

En fin de séance, le maire de La Grand’Combe, Patrick Malavieille, avait lui musclé son intervention en faveur de l’intercommunalité. « La Cour des comptes juge de là où elle est. Et sur mon territoire, je peux vous dire que j’ai été confronté à des jugements qui m’ont effaré alors que je ne pouvais pas aller plus vite. Le responsable, c’est l’État ! », lance-t-il dans le brouhaha général des élus qui quittent la salle.

Élodie Boschet

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