Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 06.12.2019 - abdel-samari - 3 min  - vu 333 fois

LE 7H50 de Françoise Dumas : "Si nous partons du Mali, les djihadistes reprendront leurs actions"

La députée Françoise Dumas lors d'un déplacement au Mali (Photo : DR/Objectif Gard)

La députée Françoise Dumas est aussi présidente de la commission de la Défense nationale et des forces armées. C'est dans ce cadre qu'elle s'exprime ce matin dans le 7h50. L'occasion d'évoquer la mort des treize militaires français alors qu’ils menaient une opération de combat anti-terroriste dans le sud-est du Mali. Et aussi la situation géopolitique de territoires gangrenés par la mouvance djihadiste. 

Objectif Gard : Ce sont de tristes jours avec la mort des militaires français au Mali. Et dimanche dernier, le décès de trois secouristes lors des intempéries dans le Var et les Bouches-du-Rhône. Comment réagissez-vous ?

Françoise Dumas : Oui, de tristes journées en particulier pour ceux qui s'engagent pour nous protéger au quotidien à l'intérieur et à l'extérieur du pays. J'ai une pensée pour les familles, les proches qui sont dans la peine. Le Gard est à nouveau touché. Je pense à leurs camarades du SDIS 30 et ceux du 13.

La situation au Mali ne semble pas encore totalement réglée. Comment doit-on agir ?

Il faut continuer et poursuivre le travail entrepris depuis 2013. Il est certain que la perte des 13 militaires nous interroge. Mais rappelons-nous qu'au déclenchement de l'opération Serval, nous avons eu des victoires tactiques et stratégiques. Nous avons stoppé la progression des djihadistes et sommes même parvenus à reconquérir des territoires. Ensuite, l'opération Barkhane a pris le relais avec une mission simple : aider les états légitimes, ce que l'on appelle le G5 Sahel à reprendre entièrement le contrôle de leur territoire. Un territoire plus grand que l'Europe qui subit les attaques de groupes armées, sans foi ni loi, des bandes de criminels djihadistes. Ce sont d'abord les populations qu'il faut protéger. Des habitants peu scolarisés, vulnérables.

La France ne fait-elle pas preuve d'ingérence ?

Ce sont ces pays amis qui nous ont demandé de l'aide. Il ne s'agit donc pas d'ingérence mais de solidarité. Rappelons-nous la Seconde Guerre mondiale. Les alliés étaient là pour nous aider. Par ailleurs, je souligne que nous ne sommes pas seuls. Il y a 10 000 militaires de l'ONU, les pays du G5 ont déployé au total 5 000 hommes. Et les pays européens volontaires accompagnent également nos interventions par la formation des militaires maliens.

Françoise Dumas au Mali (Photo : DR/Objectif Gard)

Mais nous ne pourrons pas rester éternellement sur place. Quels sont les moyens mis en place pour rendre autonome les forces de sécurité locales ?

La stratégie sahélienne de la France est de faire en sorte que ces pays acquièrent la capacité sécuritaire pour assurer leur défense de façon autonome. Elle repose sur une approche globale où l'armée, la police doivent être renforcées, mais aussi les services de justice ou d'éducation. Nous sommes face à beaucoup de pauvreté, peu de perspective économique. Notre action est principalement d'éviter la catastrophe. Je comprends que ce soit très long mais c'est avant tout les populations sur place qui en paient le prix. Si nous partons du Mali, les djihadistes reprendront leurs actions. Et, à terme, menaceront l'Europe et les citoyens européens. Les frontières sont très poreuses. Des pays européens peuvent être rapidement touchés. Nous devons donc agir à la racine et combattre ce terrorisme le plus fort et le plus vite possible.

Le Président de la République, Emmanuel Macron, qui sera dans le Gard ce matin est intervenu cette semaine lors du sommet de l’Alliance atlantique à Londres pour poser ses conditions sur la poursuite de l’opération Barkhane au Sahel... Il souhaite une coalition internationale. Un laboratoire d’une future défense européenne ?

L'union Européenne n'a pas aujourd'hui de compétences dans ce cadre, chaque pays est libre de gérer sa propre sécurité. Nous travaillons au sein de la commission de la défense que je préside autour de la question d'une politique commune de défense. Si nous n'avons pas la même vision du risque avec tous les pays européens, force est de constater qu'une cause nous unit : le risque djihadiste. Comment on se protège ? Qu'est-ce que l'on veut faire ensemble ? L'idée est de travailler à une future défense européenne qui ne se substituerait pas à l'OTAN mais qui serait complémentaire. Il nous faut développer à partir de nos valeurs européennes, notre propre capacité d'agir. La France a une place singulière dans le concert des nations. Emmanuel Macron impulse cette dynamique nécessaire pour assurer notre avenir en toute sécurité dans l'Europe.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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