Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 16.03.2020 - coralie-mollaret - 7 min  - vu 844 fois

FAIT DU JOUR Dans le Gard, le coronavirus grippe les municipales

Dépouillement dans le bureau de vote 302 à Nîmes (Photo Anthony Maurin)

Nîmes, Alès, Bagnols, Vauvert, Uzès, Villeneuve... Le premier tour des Municipales 2020 a été marqué par une forte abstention liée à la crise sanitaire du Covid-19. De quoi engendrer des résultats parfois surprenants. 

Nîmes : vous avez dit quinquangulaire ? 

Nîmes, premier tour des Municipales, dimanche soir. Sur les 88 000 électeurs, seul 32% d’entre eux se sont rendus aux urnes. En pleine crise sanitaire du Covid-19, nombreux ont été les Nîmois qui ont boudé le scrutin. « Qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse ! », commente le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, lorsque l’on fait référence à la légitimité de son résultat. Avec 34% des suffrages exprimés, la tête de liste Choisissons Nîmes se place largement en tête du scrutin. 

Dix points derrière, c’est la surprise : un coude-à-coude entre le président de Nîmes métropole, Yvan Lachaud, et leader de la liste Nîmes citoyenne à Gauche, Vincent Bouget qui récoltent un peu plus de 15% des suffrages. Quant au Rassemblement national, Yoann Gillet récolte seulement 14,7% des voix. Quant à l’écologiste Daniel Richard, son score fait mentir les sondages avec 12,1% des suffrages. Nîmes s’orienterait vers une quinquangulaire… Inédit dans l’histoire politique de la ville. 

L’imbattable Roustan ! 

Si l’abstention peut provoquer quelques surprises, elles ne perturbe pas certains équilibres. À Alès, ni le coronavirus, ni l’union de la Gauche auront eu raison de Max Roustan. Pour autant, l’abstention est énorme : comme à Nîmes, seulement 32% des électeurs sont passés dans l’isoloir. Et ce sont les personnes âgées, pourtant les plus fragiles face au Covid-19, qui sont venues accomplir leur devoir de citoyen, tandis que les jeunes ont plutôt eu tendance à ne pas se déplacer. Ce vote des aînés, mais pas que, a incontestablement favorisé Max Roustan qui tutoie son record de 2001 (59,36%) avec 56,80% des voix.

Dans la deuxième ville du Gard, l’élection est donc pliée : le second tour tant espéré par le Printemps alésien, liste d’union de la Gauche représentée par le communiste Paul Planque qui rassemble 22,84% des suffrages, n’aura pas lieu. Derrière lui, le candidat du Rassemblement national, Francis Bassier comptabilise 8,68% des voix – un moins bon score qu’en 2014 – suivi par l’ex-collaborateur de Max Roustan, Marc Peyroche (3,97%), qui n’aura pas eu sa revanche lors de cette élection. Arrivent ensuite le conseiller municipal d’opposition Fabien Gabillon (3,23%) qui perd son siège d’élu, le candidat de La République en marche, Éric Bouchité, (2,40%) qui fait un score presque aussi bas que Jérôme Garcia (2,04%) pour Lutte ouvrière. Aujourd’hui, la vie municipale reprend son cours normal à Alès.

À Bagnols, Chapelet de la tête et des épaules

À Bagnols également les équilibres résistent. À l’aube de ces municipales, la troisième ville du Gard faisait office d’objectif pour le Rassemblement national, qui avait choisi d’y concentrer ses forces dans le Gard rhodanien. Exeunt les listes à Villeneuve ou à Pont-Saint-Esprit, donc, pour une liste présentée comme celle de « l’union des Droites » à Bagnols, que le RN imaginait prenable. A priori, ce ne sera pas pour cette fois : le maire sortant Jean-Yves Chapelet arrive largement en tête et met dix points à Corine Martin (39,71 % contre 28,83 %). Le maire sortant sort donc renforcé, et le RN, bien que crédité d’un score plus qu’honorable, déçu, comme le reconnaissait Corine Martin après la proclamation des résultats.

Quant à la Gauche, elle est désormais condamnée à s’entendre pour espérer quelque chose. Les deux listes qui la revendiquent, « Alliance citoyenne » et « Convergences citoyennes », sont toutes les deux qualifiées et au coude à coude, autour de 12 %. Voilà pour le paysage politique dessiné par ce premier tour, à l’issue d’un scrutin marqué comme partout ailleurs par l’épidémie de coronavirus et l’abstention record qui en a découlé. À Bagnols, seuls 37,75 % des électeurs ont voté ce dimanche, un chiffre de 22 % en recul par rapport à 2014.

De quoi, selon certains, remettre en cause la légitimité du scrutin, Christian Roux allant même jusqu’à parler de « déni de démocratie. » Reste que dans ce contexte pour le moins particulier, l’enjeu était de mobiliser au mieux le peu d’électorat qui est venu voter. Et à ce jeu, c’est clairement Jean-Yves Chapelet qui a le mieux tiré son épingle du jeu. En attendant le second tour.

Claire Lapeyronie résiste à Pont-Saint-Esprit

À Pont-Saint-Esprit, Claire Lapeyronie est arrivée en tête du 1er tour avec 44,33% des voix mais seulement 1 293 voix. Soit 18,4 % des inscrits sur les listes électorales. « Je suis heureuse de ce résultat. Je regrette la faible participation globale de 44 % », a commenté la maire après l’annonce des résultats. Regret partagé par Catherine Chantry, qui est deuxième avec 30,49 %, et par Didier Bonneaud, en troisième place, avec 26,17 %.

« 4 000 votants sont restés chez eux et la candidate arrivée en tête a eu 1 293 voix », constate ce dernier. Pas beaucoup à son goût, mais c’est tout de même la maire sortante qui semble avoir réussi le mieux à mobiliser son électorat en ces temps de propagation du virus. Mais sans cette participation en berne, les écarts auraient-ils été les mêmes ? Et la première place aurait-elle été occupée par Claire Lapeyronie ?

Là, Catherine Chantry, deuxième se retrouve dans « une position stratégique » de deuxième. L’option alliance avec Didier Bonneaud semble la plus évidente pour tenter de renverser le classement. « On a des points communs notamment au niveau de la vision de l’Agglo. Je vais tout faire pour gagner, je vais voir quelle est la meilleure stratégie avec mon équipe. On n’a pas tant d’écart que ça entre les uns et les autres », confie-t-elle. Lui aussi est plutôt favorable et espère « une vision de regroupement avec certaines personnes ». Sans citer, on devine de qui il s’agit. Alors est-ce qu’une alliance suffira à renverser la tendance de ce premier tour ? Et qu’en sera-t-il de l’abstention liée au coronavirus dimanche prochain ? La stratégie politique devrait se dessiner dans les prochains jours.

À Villeneuve, Bories reprend le flambeau

Dans la cité cardinalice, acquise à la Droite depuis un quart de siècle, l’abstention a aussi pulvérisé les records, avec seulement 39,9 % de participation, soit 24 % de moins qu’en 2014. Pas de quoi bouleverser la sociologie de l’électorat villeneuvois, qui a choisi Pascale Bories très largement, avec 59,14 % des suffrages. La dauphine de Jean-Marc Roubaud va donc succéder au maire sortant, « naturellement » serait-on tentés d’ajouter, en reprenant le nom de sa liste. Derrière, les deux listes situées plus à Gauche de l’échiquier politique émargent autour de 20 %. Si c’est la déception qui domine du côté de Florent Lemont (« Union citoyenne de Villeneuve »), la liste « Villeneuve tout commence » choisit de positiver, et voit dans ce score honorable un début encourageant.

À Uzès, Chapon repart pour un tour

À Uzès comme à Villeneuve, l’abstention a culminé lors de ce premier tour, avec un taux de participation de 40,18 % contre 62,97 % en 2014, mais la ville n’a pas changé de bord : Jean-Luc Chapon, maire depuis 1983, a été réélu avec 57,98 % des suffrages. Jean-Luc Chapon repart donc pour un septième mandat d’affilée à 78 ans. Pas vraiment une surprise, face à deux listes menées par l’ancien député Christophe Cavard et l’opposante actuelle Lydie Defos du Rau, qui ont choisi de faire liste à part alors que leurs programmes étaient très voisins. Ici aussi, le coronavirus n’aura pas fondamentalement changé la sociologie électorale d’une commune marquée par la fidélité à son premier édile.

Les maires résistent aussi en Petite Camargue

En Petite Camargue aussi, avec un taux d’abstention compris entre 40 et 50%, le premier tour des élections municipales a globalement réussi aux maires sortants. Des maires comme celui d'Aigues-Mortes où le sortant Pierre Mauméjean qui a écrasé la concurrence et plié le scrutin avec 54% des suffrages. « Avec quatre listes sur la ligne de départ, je n’osais pas trop y croire même si certains de mes colistiers pensaient à cette hypothèse », a reconnu l’intéressé, qui relègue Cédric Bonato, son principal concurrent à plus de 20 points. Autre maire à remettre son poste en jeu, Jean-Paul Franc n’a pas tremblé à Aimargues où il compile 56% des suffrages.

Une victoire dès le premier tour, Robert Crauste l’envisageait à demi-mot. Le maire du Grau-du-Roi arrive largement en tête avec plus de 44% des voix. Mais les Graulens devront bien revenir aux urnes pour un second tour. Derrière lui, la Droite divisée depuis plusieurs mois s’est peut-être trouvée un nouveau leader en la personne de Charly Crespe. Trentenaire et benjamin de l’élection, le candidat de la liste Un nouveau souffle pour le Grau-du-Roi arrive en seconde position avec 21% des suffrages et devance Léopold Rosso, personnalité historique des Républicains et crédité de 15%. Irréconciliable au cours du précédent mandat, la Droite graulenne parviendra-t-elle à s’entendre pendant l’entre deux-tours pour inquiéter Robert Crauste ?

L’Extrême-Droite peut-elle gagner Vauvert ? 

À Vauvert, l’affaire est plus complexe. Inquiet, le maire sortant Jean Denat a toutes les raisons de l’être. Le socialiste a encore fort à faire face à Jean-Louis Meizonnet, dans une commune où le Rassemblement national a l’habitude de battre des records. Au soir du premier tour, l’écart entre le maire sortant Jean Denat et son rival Rassemblement national n’est que de deux points, soit 85 voix.

À chaud, les deux candidats qualifiés ont appelé les électeurs à faire barrage, l’un au  « au Rassemblement national », l’autre « à la politique socialo-macroniste de Jean Denat ». Quid des reports de voix la candidate de Droite, Joëlle Cachia-Moreno qui enregistre 9% des voix ? En petite Camargue, la porosité entre la Droite républicaine et l’extrême-Droite est réelle. Quid aussi de la mobilisation de l’entre-deux-tours dans une commune ou un électeur sur deux ne s’était pas déplacé aux urnes. 

Victoire en demi-teinte pour Julien Sanchez 

Enfin, le territoire de Beaucaire a été marqué par l’élection du maire Rassemblement national, Julien Sanchez. Avec 59% des voix, le sortant confirme son élection de 2014, mobilisant son électorat. Toutefois ses ambitions d’obtenir la communauté de commune de Beaucaire Terre d’Argence ont été douchés, ce soir. À Bellegarde, le sortant Juan Martinez conserve sa commune au premier tour avec 58% des suffrages. Ce soir, le sortant a pris sa revanche contre l’extrême-Droite qui l’avait battu aux départementales de 2015. Une défaite qui prive Julien Sanchez de conseillers communautaires, capables de voter pour lui à la présidence de CCBTA (Communauté de communes Beaucaire Terre d’Argence). Une victoire en demi-teinte pour le Rassemblement national. 

La rédaction 

Coralie Mollaret

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