Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 18.03.2020 - coralie-mollaret - 5 min  - vu 37165 fois

FAIT DU JOUR Covid-19 : le Gard à l’heure du confinement

Place du marché, mardi peu après midi (Photo : Anthony Maurin)

Après les restrictions de déplacement imposées par le président Emmanuel Macron, les Gardois s’apprêtent à adopter un nouveau mode de vie pour ces prochaines semaines. 

Tous à la maison. Dans son allocution de lundi soir, le président Emmanuel Macron a été clair.  Aucun déplacement autorisé sauf pour se rendre au travail, dans un établissement médical ou pour faire ses courses. Ces nouvelles mesures sont entrées en vigueur mardi à midi. 

Du coup, il faut s'adapter, bien s'organiser et surtout, ne pas céder à la panique. À Nîmes, à la pharmacie de l’Esplanade, ce n'est pas encore ça... Ce mardi matin, quelques esprits se sont échauffés. Une dame qui fait la queue demande à un jeune homme où est-ce qu’il a acheté son masque de chantier. " Ça se servira à rien !, commente Sandrine, une autre cliente, infirmière hygiéniste de métier. Il existe deux sortes de masque : le FFP1 qui sert à protéger les autres de ses postillons et le FFP2 pour nous protéger de l’extérieur ! " Un matériel qui est pour l’heure réservé au personnel hospitalier plus que jamais mobilisé. Le chercheur et député Philippe Berta a indiqué que " le CHU serait livré aujourd’hui en nouveaux masques. "" 

Lasse du manque d’information, Sandrine est aussi exaspérée par les personnes qui mettent des gants à l’extérieur : " C’est sale. Surtout une fois que vous rentrez chez vous et que vous touchez tout, vous pouvez contaminer votre habitation. " Face à des clients de plus en plus attentifs à ses dires, Sandrine rappelle " qu’il faut bien se laver les mains, au moins une minute, en n’oubliant pas le bout des doigts et les poignets. "

Peu avant midi, ce mardi (Photo : Coralie Mollaret)

Sur l'avenue Feuchères, " on se balade, on prend l'air avant le confinement. On en profite, en plus il fait beau ! Nous n'entrons pas en contact avec les autres mais ça fait du bien car à partir de midi on ne sait pas jusqu'à quand on sera enfermés ", avoue un couple de quinquagénaires.

À l'approche du gong méridien, les voitures se font plus rares, les bruits plus sourds et les vélos fleurissent dans les rues de la cité des Antonin. D'autres, plus courageux encore, ont suivi les consignes présidentielles et courent, courent, courent.

Derrière la Maison carrée, peu avant midi, on se parle depuis le balcon (Photo Anthony Maurin).

" Allez rentre chez toi couillon ! ", me lance un automobiliste immobilisé à un feu tricolore. Au bureau tabac Le Marigny, place Jules Guesde, " l'avantage quand on fait la queue en ces temps de coronavirus, c'est qu'on peut garder l’œil sur le vélo ! Ça fait bizarre mais je le comprends tout à fait, c'est pour notre bien mais les Français aiment leur liberté, surtout nous, les Méditerranéens ! ", affirme Roger.

L'avenue Feuchères à 11h30 ce mardi (Photo Anthony Maurin).

D'autres sont plus inconscients, croisés non loin de la Maison carrée, se promènent tranquillement et tapent la discute avec qui le veut. " Moi, je fais ce que je veux. C'est pas Macron qui va me dire quoi faire ! Je finis ce que je dois finir et j'irai peut-être chez moi mais je sors quand je veux. C'est n'importe quoi, je suis sûr que c'est des conneries ! " Bon, tout le monde n'a pas la lumière à tous les étages...

En ville, on ne voit guère plus que les éboueurs, les infirmiers libéraux, les forces de l'ordre, les travailleurs obligés d'aller au boulot et quelques déboussolés qui ne tarderont pas à prendre la mesure de l'importance de rester chez soi.

Le boulevard Victor-Hugo (Photo Anthony Maurin).

À Alès, mardi matin, à quelques heures du début officiel du confinement, les Alésiens fréquentent encore les commerces autorisés. Mais contrairement à l’ordinaire, on constate que l’heure est à la prudence : les badauds se saluent, se parlent à distance, et laissent une marge de sécurité quand ils patientent dans ou à l’entrée des magasins. Hormis ces quelques mesures de sécurité, et beaucoup de monde en moins, la vie continue.

Les halles de l'Abbaye à Alès hier matin. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Aux halles de l’Abbaye, plusieurs étaliers ont répondu présent : charcutier, fromager, primeur, poissonnier… Les supermarchés aussi ont ouvert leurs portes. À Monoprix, on rassure. Une affichette annonce les mesures de protection prises par le personnel : les gants sont changés régulièrement et immédiatement en cas de contact avec un client ; les poignées des caddies, les balances, les terminaux de carte bancaire sont nettoyés au moins toutes les 3 heures…

Entre deux clients, une caissière, protégée par un masque et des gants, trouve que « c’est encore animé ». Dans une boulangerie du centre-ville, une vendeuse est du même avis, mais le regrette : « Il y a trop de gens à mon goût. Ils viennent se promener comme si de rien n’était. Tant qu’on ne leur interdira pas de sortir, ils continueront à faire leurs courses comme avant ».

Les rues d'Alès sont désertes ce mardi après-midi. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Dans l’après-midi, c’est beaucoup plus calme. Une ambiance de dimanche matin pluvieux, sauf que le soleil tape et que nous sommes en pleine semaine. De rares personnes, le plus souvent des retraités, font quelques petites courses. Autre signe de vie : les navettes Ales’Y, vides, parcourent la ville. « On est un service public », explique la conductrice. Sur la place des Martyrs de la Résistance, quatre jeunes improvisent un foot sur la place déserte. Mais à part ces quelques manifestations de vie, les Alésiens sont majoritairement respectueux des consignes. La ville est bel et bien passée en mode confinement.

Les rues d'Alès sont désertes ce mardi après-midi. Photo Tony Duret / Objectif Gard

À Bagnols/Cèze, le centre-ville est quasi désert ce mardi après-midi vers 15 heures, et il y a toute la place qu’on veut pour se garer. En venant, sur la route reliant Avignon à la capitale du Gard rhodanien, on a pu constater que le trafic était principalement constitué de semi-remorques et de fourgonnettes, preuve qu’au moins une partie de l’économie n’est pas à l’arrêt.

À la sortie de la commune, la police nationale contrôle les véhicules et se fait présenter les fameuses attestations désormais requises. À Saint-Laurent-des-Arbres, ce sont les gendarmes qui contrôlent les véhicules au rond-point de l’entrée du village.

La rue de la République, à Bagnols, principale artère commerçante de la ville, mardi après-midi (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

À Bagnols/Cèze, la rue de la République, principale artère commerçante de la troisième ville du Gard, est déserte, ou presque. À peine croise-t-on deux, peut-être trois personnes sur l’ensemble de la remontée de la rue, qui doit bien faire un kilomètre. On remarque que l’une d’entre elles a un papier plié dans la main gauche, probablement son « attestation de déplacement dérogatoire ».

La place Mallet, à Bagnols, complètement déserte ce mardi après-midi (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

La place Jean-Jaurès, centre névralgique de la circulation automobile à Bagnols, elle aussi déserte (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Une rue où pratiquement tous les rideaux de fer sont baissés. Le peu de bruit qu’on entend vient des télévisions et des conversations aux étages. Seuls la pharmacie, le tabac, la boucherie et la maison de la presse restent ouverts, mais même dans ces commerces, il n’y a pas foule. Mis à part la canicule de l’été dernier, qui avait vidé les rues de Bagnols et la place Mallet, on n’a pas souvenir d’un centre-ville aussi désert. Le confinement, qui pouvait encore ce matin paraître abstrait, est désormais bel et bien réel.

Coralie Mollaret & Anthony Maurin à Nîmes / Tony Duret à Alès / Thierry Allard à Bagnols-sur-Cèze

Coralie Mollaret

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