FAIT DU JOUR Immersion à Vers-Pont-du-Gard au temps du confinement
Vers-Pont-du-Gard, village de 1 900 âmes, au bout, comme son nom l'indique, du célèbre aqueduc romain fermé jusqu'à nouvel ordre. Ici comme ailleurs, le confinement est appliqué depuis le 17 mars. Les rues sont quasiment vides. Seule la rue du Grand bourg voit un peu de vie, là où les deux seuls commerces du village sont ouverts : la boulangerie et le tabac-presse.
Devant les deux vitrines, les habitants font la queue en respectant scrupuleusement les distances d'un mètre entre chacun. Certains munis de masques. "Les sorties, on évite au maximum, juste pour faire des courses et aller à la pharmacie", confirme Lisianne Dumont, habitant Vers depuis 31 ans, qui s'apprête à faire quelques emplettes au tabac. "À Vers, c'est désert, ça fait bizarre de se faire contrôler dans les rues régulièrement au niveau des attestations", ressent Barbara Conde qui sort une à deux fois par semaine pour faire les courses.
Un peu à l'écart, Emmanuel promène son chien Claudette et réfléchit à la situation : "Les journées se ressemblent un peu toutes. Elles sont rythmées par des événements auxquels on n'attachait pas forcément d'importance auparavant. L'événement de la journée, c'est aller au tabac ou faire ses courses. C'est un rapport au temps qui est très différent. Y a plus de semaines, plus de week-end."
Pour Cyril Lendrin, qui tient le bureau de tabac du village depuis une dizaine d'années, "c'est une nécessité de rester ouvert aujourd'hui pour l'information, pour le tabac. On a aménagé les horaires en ouvrant que le matin pour tenir compte du confinement mais 7/7j." Chaque matin, il nettoie de fond en comble son commerce et il a installé une plaque en plexiglas au niveau de la caisse pour éviter toute projection de postillons. Il s'équipe de gants et d'un masque et les clients doivent rentrer un par un dans la boutique. Malgré le confinement, son commerce reste relativement fréquenté.
"C'est normal qu'en cette période, on soit là pour les gens"
Dominique Quelo, qui dirige la boulangerie dans la même rue, a aussi choisi d'ouvrir que le matin en plus d'appliquer des règles d'hygiène strictes. "Les gens nous remercient plusieurs fois dans la journée pour être ouvert mais c'est la moindre des choses. C'est normal qu'en cette période, on soit là pour eux. Ils nous aident aussi, l'ambiance n'est pas toujours au plus haut mais ils nous permettent de garder le cap", témoigne-t-il.
La situation affecte le moral des habitants. Limiter les sorties n'est pas choses facile. Pour autant, le confinement est plutôt bien respecté dans le village. Les 35 associations sont à l'arrêt, les complexes omnisports, boulodrome, stade sont fermés. Le marché du samedi matin a été suspendu par décision préfectoral.
À Vers, aucune contravention n'a été donnée par la gendarmerie nationale de Remoulins ni par la police municipale qui mise sur la pédagogie : "On va sur le terrain, le plus important c'est d'être présent, d'aller au contact des gens pour contrôler les attestations. C'est bien la principale mission: que les gens justifient de leurs déplacements et apprécier si c'est valable ou pas. Le but n'est pas de réprimer mais de rappeler les consignes et expliquer l'évolution de la situation", atteste Noël Campillo, policier municipal de la commune. Il poursuit : "Ça se passe plutôt bien, les gens ont tendance à sortir le papier avant que j'arrive. Tout est sous contrôle dans nos petits villages de campagne, il n'y a pas de difficultés."
Aucune personne atteinte du coronavirus dans le village
Du côté de la mairie, les grands moyens ont été sortis niveau communication pour informer tous les habitants. Avec une attention particulière envers les publics sensibles : "Nous avons par l'intermédiaire de notre service accueil recensé toutes les personnes vulnérables sur notre commune, nous essayons de les contacter a minima une fois tous les deux jours. S'ils ont besoin de faire des courses ou de quelque chose en particulier, nous mettons à leur disposition les employés municipaux", explique le maire, Olivier Sauzet. À sa connaissance, aucune personne du village n'est atteinte du coronavirus, seulement quelques cas suspects. Une personne qui est originaire de Vers, est aussi décédée des suites du virus il y a quelques jours, mais à Aix-en-Provence.
Pour faciliter au maximum la vie à la population, plusieurs initiatives ont également fleuri au sein du village. À commencer par l'entraide entre voisins comme le constate le boulanger Dominique Quelo : "Certains clients vont prendre pour le voisin, la famille... On n'a moins de clients mais le panier a augmenté." Même constat chez Jérôme Taulelle, à la tête de l'exploitation La Marquise de Vers. Il fait partie des quelques producteurs du village à avoir maintenu un point de vente ou un service de livraison.
"Nous, on vend essentiellement notre production de fraises et d'asperges. Nous avons voulu laisser un point de vente pour rendre service aux gens du coin et pour nous, il était essentiel de continuer l'activité et écouler la marchandise", expose l'exploitant. La vente directe fait partie des valeurs de La Marquise de Vers qui la pratique depuis trois générations. Mais le confinement leur a apporté une nouvelle clientèle : "Ce qui est intéressant là, c'est qu'on a des personnes dans un rayon de 15 km qui nous ont découvert. [...] Les gens ont eu le déclic du local et c'est aussi un prétexte de sortie."
Des petites mains confectionnent des masques en tissu
Une autre façon d'aider est née aussi chez trois couturières bénévoles du village. Elles sont plusieurs à confectionner des masques en tissu à la demande. Parmi elle : Maeva Mangel, qui a laissé de côté crochet et aiguille et a cousu une trentaine de masques en deux-trois semaines : "J'ai vu sur les réseaux sociaux qu'on pouvait créer les masques nous-mêmes, je me suis basée sur les tutos du CHU de Grenoble. J'ai pris du tissu que j'avais à la maison et j'ai lancé un appel sur les réseaux pour qu'on puisse m'en apporter aussi car ça part vite."
Elle les fabrique avec deux couches de tissus : un venant de l'hôpital, l'autre découpé dans des draps. "C'est bien sûr loin de protéger comme des masques FFP2 mais ça permet de se préserver des projections de postillons et aussi des contacts car on a tendance à se toucher le visage", poursuit-elle. Elle ira déposer ses dernières créations à la pharmacie du village qui enregistre plusieurs demandes. Preuve que le virus aura au moins généré un mouvement de solidarité au sein du village comme un peu partout en France.
Marie Meunier
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