Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 07.06.2020 - norman-jardin - 3 min  - vu 4619 fois

FAIT DU JOUR À Nîmes, il y a 50 ans, un cambriolage retentissant au musée des Beaux-Arts

Les amateurs de bijoux de luxe étaient passés par les airs pour pénétrer dans les lieux...
Le Glaucos valant à lui seul 750 000 francs (fonds Collignon - Archives municipales de Nîmes)

Les malfaiteurs sont passés par là (fonds Collignon - Archives municipales de Nîmes)

Dans la nuit du 6 au 7 juin 1970, un cambriolage a lieu au musée des Beaux-Arts de Nîmes. Des bijoux de grande valeur dessinés par Georges Braque sont volés. Les malfaiteurs sont tout simplement passés par une fenêtre.

C’est un braquage à l’ancienne, sans haine ni violence. Une histoire qui nous vient d’une époque où les cambrioleurs étaient encore qualifiés de « brigands » ou de « bandits » et les policiers de «perdreaux ». Le temps aussi des braquages rocambolesques.

3 000 visiteurs en un mois

En ce début de la décennie 1970, la ville de Nîmes n’est pas peu fière d’accueillir une exposition exceptionnelle. Le musée des Beaux-Arts abrite une collection de bijoux dessinés par Georges Braque, l’artiste français décédé en 1963, et exécutés par le maître diamantaire parisien Henri-Michel Herger de Lowenfeld. Pendant un mois, plus de 3 000 personnes se bousculent pour admirer les joyaux dans le bâtiment de la rue Cité Foulc.

L’équivalent de 1.7 millions d'euros de préjudice

C’est une réussite, et ce dimanche 7 juin 1970 au petit matin, le concierge du musée s’apprête à ouvrir les portes pour la dernière fois. Il constate alors les dégâts. Des bijoux ont disparu. C’est un passant qui vient donner l’alerte et le concierge, qui vit dans le musée avec sa famille, n’a rien entendu. Un témoin déclare qu’il a vu une DS blanche en stationnement dans une rue voisine, mais c’est un indice plutôt mince pour le SRPJ (Service Régional de Police Judiciaire) de Montpellier, en charge de l’enquête.

Un poisson nommé Glaucos

Le préjudice est évalué à 1,5 millions de francs (soit environ 1,7 millions d’euros d’aujourd’hui). La pièce principale du larcin est un poisson nommé Glaucos constitué de 4,5 kilos d’or et qui est estimé à lui seul à 750 000 francs.

Le maire, Émile Jourdan, au centre, assistant à l’exposition (Fonds Collignon - Archives municipales de Nîmes)

Arrivés sur place, les enquêteurs trouvent sur place un galet qui a servi à briser une vitre, ainsi que deux crics qui ont permis d’écarter les barreaux d’une fenêtre, du côté de la rue Massillon, après que les monte-en-l'air ont enjambé la grille. Très vite, il apparaît que le vol est l’œuvre d’amateurs d’art, car ils n'ont dérobé que les plus belles pièces.

« Après 31 expositions internationales, c’est à Nîmes que c'est arrivé...»

Pour réussir leur projet, les voleurs n’ont pas eu à trop s'employer puisque malgré la valeur des œuvres exposées il n'y avait aucun garde pour surveiller la collection. Surprenant quand on sait que le musée abrite à cette époque des œuvres de Raphaël et de Rembrandt. L’exposition était organisée conjointement par la mairie de Nîmes et Henri-Michel Herger de Lowemfeld. Ce dernier déclare dans France-Soir le 9 juin : « Après 31 expositions internationales, c’est à Nîmes que le coup est arrivé… »

Le maître diamantaire Henri-Michel Herger de Lowenfeld, à droite, à son arrivée à l’aéroport de Nîmes - Garons (fonds Collignon - Archives municipales de Nîmes)

Mais les bijoux sont trop célèbres, et les voleurs risquent d’avoir du mal à les revendre. D’autant que l’affaire fait la Une de la presse nationale. Cela donne des idées à quelques opportunistes. Un poseur-tuyauteur de Morrière et un maçon de Sorgues réclament une rançon en échange des bijoux. C’est une mauvaise plaisanterie qui tourne mal pour les deux hommes qui sont inculpés de tentatives d’escroquerie et écroués.

Un Montpelliérain, un Sétois et un Marseillais

Pendant ce temps, les bijoux restent toujours introuvables. Mais en 25 juin 1972, les policiers de la brigade antigang de la préfecture de police de Paris procèdent à une perquisition dans un box à Saint-Denis. Il est loué par trois hommes que les policiers suivaient depuis longtemps. Le trio est constitué d’un Montpellierain, d'un Sétois et d'un Marseillais.

Dans le repère de la bande, les policiers retrouvent ce qu’ils cherchaient, c’est à dire 127 revolvers, 2 pistolets et 2 500 cartouches. Ils découvrent surtout le butin de plusieurs cambriolages, et les fameux bijoux volés à Nîmes. C’est ainsi que se termine l’affaire d’un des plus fameux cambriolages jamais réalisé dans la ville-préfecture du Gard. Quant aux bijoux, un demi-siècle plus tard, ils réapparaissent lors d'une exposition ou d'une vente aux enchères de luxe.

Norman Jardin

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