SAINT-GILLES Masque obligatoire et histoires pagnolesques
À Saint-Gilles comme dans quatorze autres villes du Gard, le port du masque est devenu obligatoire en ville. Un samedi presque comme les autres dans la cité camarguaise.
15 août en France, la religion chrétienne est en ébullition, au moins à Lourdes en temps normal. Il fut une époque où c’était à Saint-Gilles que les pèlerins venaient par milliers pour vivre leur religion. Actuellement, les touristes sont là, mais n'ont pas tous compris qu'il faut porter le masque de manière obligatoire. "Je ne suis pas au courant, personne ne me l'a encore dit, vous êtes sûr ?", interroge une Belge en terrasse de café où l'on ricane un peu de sa candeur.
Aujourd’hui, les pèlerinages sont finis et la crise sanitaire parachève l’œuvre du malin. À Saint-Gilles, depuis ce samedi 15 août, il fallait justement être bien malin pour déjouer l’arrêté préfectoral imposant le port du masque dans les rues de la cité. En fait, les malins étaient nombreux, mais il y avait encore plus d'intelligents qui respectent les autres et qui les protègent malgré les contraintes estivales.
"Vous savez je n’en ferai qu'à ma tête ! J’ai beau être une personne à risque car âgée, si je sors sous cette chaleur avec le masque, je meurs !", brosse un habitant réboussier qui n'aura pas le droit de se plaindre s'il est touché par la Covid-19. Les gendarmes sont présents, patrouillent et font pas mal de pédagogie. "Ils ne verbalisent pas ! Ils nous disent qu’il faut mettre le masque, mais à ma connaissance personne n’a encore pris un PV alors ça ne nous incite pas trop à être en règle..."
Il est certain que l’affichage obligeant le port du masque n’est pas caché, mais plutôt discret. Quelques pancartes sont accrochées à des toulousaines mais rien de fou et de trop visible à l'entrée de la ville. "Je comprends, les touristes ne sont pas au courant et certains Saint-Gillois font semblant de ne pas l’être. Heureusement que les flics sont là pour faire respecter la loi mais j’attends qu’ils verbalisent car aujourd’hui c’est un peu l’histoire du chat et de la souris", lance une habitante âgée résidant à proximité des bars.
"Là il faut le mettre, là aussi, mais pas là. En fait c’est juste aux endroits où il y a les bars et où les gens ont tendance à se rassembler !", s’inquiète un habitué qui n'a pas encore vu ses collègues ce matin. "Je comprends l’idée mais franchement on est à Saint-Gilles, pas à Paris ! Ici il fait chaud, il n’y a pas de fraîcheur et on ne sortira plus à cause de ce masque. En fait, on nous ordonne presque de nous confiner tout en ayant le droit de sortir couvert...", poursuit un autre Saint-Gillois.
Autant dire que les terrasses sont animées en cette matinée du 15 août. Chacun sort un bon mot et fait rire l'assemblée. "Regarde-la... Elle est ridicule avec son masque en Indiennes ! C'est encore une touriste qui veut faire croire qu'elle est du cru, quelle tristesse", s'agace un pilier de bar. "Mais non, tu ne la reconnais pas ?", lui lance son voisin de comptoir. En fait de touriste, la pauvre femme est la serveuse du bistrot d'en face qui embauche un peu en avance. Rigolade, mea-culpa et nouvelle tournée.
Aux portes de la Camargue et de ses envies de liberté, les touristes qui découvrent cette loi et qui n’ont pas toujours prévu le coup doivent composer avec. Les cyclistes, informés ou zélés, sont rares mais certains sont bien équipés. La pire vision, et il y a de nombreux cas, c’est celle de personnes âgées, dehors, discutant, échangeant, s’embrassant et se baladant sans masque et sans vergogne. Alors que c’est justement pour protéger cette typologie de personne que le Préfet Didier Lauga impose ce satané masque... Voilà de quoi décourager toute envie de bien faire les choses...
Retour en terrasse et aux histoires narrées. "Hier, j'ai fait un rêve. On était tous masqués et on n'arrivait plus à boire à cause du masque. J'étais malheureux mais le plus mal, c'était le patron parce qu'on nous obligeait à ne pas payer car les pièces étaient contaminées !" Heureusement que le port du masque n'est obligatoire que quand on marche d'un point A à un point B et non quand on est à table, tranquille, avec sa boisson ou sa pitance ! "Moi, je ne sais pas si je vais rêver ce soir, mais cette histoire ne m'ennuie pas du tout, au contraire, je remarque qu'on est de plus en plus à l'aise avec tout ça et que cette habitude est en train de rentrer dans les mœurs."
Anthony Maurin
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