UZÈS « Pourquoi s’acharner sur les lieux culturels ? » : le patron du cinéma le Capitole dans l’incompréhension
En ce vendredi pluvieux de décembre, jour du 90e anniversaire du comédien uzétien Jean-Louis Trintignant, Jean Rochas, le propriétaire du cinéma le Capitole, à Uzès, n’est pas derrière son projecteur, mais dans le hall les outils en main.
« Je fais quelques travaux d’entretien, de l’amélioration, explique-t-il. Lors du premier confinement on a refait les peintures, là l’idée est d’égayer le cinéma, le rendre plus attrayant, parce que c’est une vieille dame. » Une vieille dame de bientôt 110 ans. « Le cinéma a ouvert en 1911, et n’avait jamais fermé jusqu’à mars dernier », souffle-t-il.
Si Jean Rochas fait des travaux, c’est aussi car il l’affirme : « on a besoin d’être ici, ça nous manque. » Être ici, dans son cinéma indépendant de trois salles, il imaginait, comme toute la profession, que ce serait à partir du 15 décembre. Las, la réouverture des cinémas comme des théâtres a été différée de trois semaines suite aux annonces du Premier ministre Jean Castex jeudi soir. « C’est la catastrophe », tranche Jean Rochas.
C’est qu’il avait bossé pour la préparer, cette très attendue réouverture, à une période de vacances de Noël qui représente, avec celles de la Toussaint, 25 % de son chiffre d’affaires. « J’ai travaillé une semaine non-stop sur la programmation, tout était prêt, imprimé, et programmé sur les réseaux sociaux », affirme-t-il en montrant des tableaux manuscrits sur lesquels il avait calé la programmation de ses trois cinémas, celui d’Uzès et ceux de Saint-Jean-de-Maurienne et Bourg-Saint-Maurice, en Savoie. « Je me suis arraché les cheveux pour concilier les films sortis en octobre et qui étaient en deuxième semaine et toutes les sorties », reprend-t-il.
Ce report de la réouverture, Jean Rochas ne le comprend pas vraiment. « Depuis le début, je suis dans l’incompréhension. Pourquoi s’acharner sur les lieux culturels ? J’ai du mal à comprendre », lance-t-il. Et ce alors que « nous ne faisons pas de concentration, il n’y a pas eu de cluster dans un cinéma, il y avait des règles strictes et bien appliquées, il est très dommage de priver des gens de culture. » Jean Rochas rappelle également le rôle de « service public » du cinéma, qui accueille d’ordinaire beaucoup de scolaires.
En attendant de pouvoir rouvrir, Jean Rochas a mis ses dix salariés en chômage partiel, et s’inquiète pour la suite : « ils ont capitalisé des congés payés sur une année où on n’a rien gagné, comment on va les financer l’année prochaine ? » Et à la question de savoir si son cinéma est menacé par la situation, la réponse est « oui. Économiquement parlant, nous sommes à zéro. Nous avons des aides de l’État et un peu d’argent sur un fonds de soutien, mais ce qui m’inquiète le plus c’est l’avenir, ce qui a été perdu cette année va être répercuté en 2021 et 2022. »
La clé pour lui passera par la public, « car les films, on va en avoir, lâche-t-il. Le gros boulot va être de raccrocher les jeunes et les familles. » Jean Rochas a l’expérience du premier confinement, à l’issue duquel « on a mis trois mois à retrouver notre clientèle. En octobre on bossait super bien, mais quand on s’est posé pour regarder les chiffres on était à 50 % du chiffre de 2019. Mais on était content de voir du monde et des clients fidèles. »
Thierry ALLARD
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