Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 25.01.2021 - boris-boutet - 3 min  - vu 3414 fois

FAIT DU JOUR Au Cailar, l'expérimentation qui pourrait révolutionner les communautés énergétiques

De gauche à droite, Amaury Pachurka, à l'initiative du projet, Michel Breton, son voisin, et Étienne  Pelloux, élu au Cailar. (Photo Boris Boutet)

Depuis plusieurs mois, huit foyers et la ville du Cailar se préparent à un test de grande ampleur de communauté énergétique, piloté par la société Beoga. Celle-ci a investi 2,5 M€ pour cette expérimentation qui doit servir à améliorer ses outils technologiques avant de les proposer au grand public à travers le globe. 

Au départ, un constat. "D'après les sondages, 92% de la population française souhaite plus d'énergies renouvelables, mais seul un quart est réellement engagé dans la démarche, souligne Amaury Pachurka, qui a co-fondé Beoga à l'occasion d'un voyage à Hong-Kong alors qu'il travaillait chez Véolia depuis 15 ans. L’offre autour de la transition énergétique est largement insuffisante."

Pour y remédier, l'entrepreneur croit en l'efficacité des communautés énergétiques, ces groupes de personnes physiques ou morales qui décident de produire, consommer et partager leur électricité. "Il s'agit en quelques sortes d'un pot commun du surplus d'énergie, image-t-il. Elles offrent des solutions pour fournir des énergies renouvelables, locales et abordables. Le défi de Beoga, c'est de les rendre simples de fonctionnement et performantes. Nous utilisons pour cela un boitier qui, grâce aux compteurs Linky, analyse les consommations de chacun des membres. Notre application permet ensuite de déterminer quand ces derniers peuvent profiter d'un surplus d'énergie produite pour brancher leurs différents appareils." 

Une belle opportunité pour le village

Et si le siège de Beoga est installé à Montpellier, l'expérimentation nécessaire à l'affinage des algorithmes que la société utilise ne pouvait se faire qu'en milieu rural. "Notre cible est principalement là-bas et notamment dans les quartiers résidentiels qui offrent la possibilité de surfaces importantes pour l'installation de panneaux solaires, explique Amaury Pachurka. Comme je vis au Cailar, j'ai décidé de tenter le coup sur place." 

À l'occasion d'une réunion publique organisée dans la commune fin 2019, l'ingénieur expose son projet. "Pour la ville du Cailar, c'était une belle occasion à saisir, estime Étienne Pelloux, conseiller municipal qui supervise les opérations. Nous sommes très sensibles aux problématiques écologiques et l'opportunité était belle pour faire avancer les choses."

Depuis peu, des panneaux solaires ont été installés par la société d'Amaury Pachurka au stade du Cailar. (Photo Boris Boutet)

Au total, et en plus de la Ville et d'Amaury Pachurka lui-même, sept foyers cailarens ont rejoint l'association Smart Lou Quila pour former la première communauté énergétique pilotée par Beoga. "La société investit 2,5 M€ pour cette expérimentation, indique le chef d'entreprise. Cela se matérialise par l'installation de panneaux solaires sur cinq sites de productions, quatre maisons et le stade municipal, mais aussi de trois batteries de 10 kWh pour stocker l'énergie produite. Deux véhicules électriques doivent également participer aux tests, le mien et un autre dont bénéficiera la ville du Cailar." 

Voisin d'Amaury Pachurka, Claude Breton a immédiatement été séduit par cette communauté énergétique pas comme les autres. "Je suis sensible aux panneaux photovoltaïques, mes enfants en possèdent plusieurs, raconte le retraité. J'étais enthousiaste à l'idée d'en avoir quelques-uns sur ma villa. Le projet est intéressant car il renforce le sentiment de solidarité entre nous : l'un produit de l'électricité, l'autre stocke et on en profite à tour de rôle. Et puis, cela devrait nous permettre de faire de économies."

Des factures abaissées de 20%

Alors que Beoga prévoit de proposer des abonnements à 30€ par mois pour son application, la société estime qu'une fois celui-ci payé, l'utilisateur bénéficiera d'une baisse de sa consommation d'électricité avoisinant les 20%. "L'objectif c'est de mettre en parallèle écologie et économies et que cela profite à tout le monde, souligne Amaury Pachurka, qui compte Enedis parmi ses partenaires. Le fournisseur d'électricité sécurise ses approvisionnements d'énergie tandis que le distributeur pourra gagner en anticipation. Quant à l'utilisateur, en plus des économies réalisées, il a la possibilité de devenir acteur et d'optimiser sa consommation grâce à notre technologie." 

Alors que les boitiers permettant la communication entre foyers vont être installés dans les prochains jours, l'expérimentation devrait officiellement débuter au mois de mars. "Beoga est dans les starting-block, se projette Amaury Pachurka. Nous sommes déjà présents dans 17 pays sur l'ensemble du globe pour évaluer les possibilités de développement." 

Adoubée par le ministère de la Transition écologique qui lui a décerné le label Greentech, Beoga compte aussi aider des communautés énergétiques à voir le jour dans l'Hexagone. En France, moins de 11 000 citoyens sont engagés dans une démarche souvent jugée complexe et peu rentable. L'expérimentation cailarenne pourrait bien changer la donne.

Boris Boutet

Boris Boutet

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