A la une
Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 25.01.2021 - abdel-samari - 5 min  - vu 2499 fois

LE 7H50 de la sous-préfète Iulia Suc : "L’État est très investi pour les quartiers prioritaires"

Photo AS / Objectif Gard

Iulia Suc, la sous-préfète et directrice de cabinet du préfet du Gard revient pour Objectif Gard sur l'actualité du département de ces dernières semaines, en particulier la situation dans les quartiers populaires de Nîmes. Offensive, elle a depuis plusieurs semaines montré qu'elle ne restait pas les bras croisés. Au contraire, elle compte s'investir pleinement dans sa mission de contact pour montrer que l'État, plus que jamais, n'abandonne personne. Elle est l'invitée du 7H50.

Objectif Gard : Quel est votre regard sur le département du Gard, sept mois après votre prise de fonctions ?

Iulia Suc : Je suis dans le Gard depuis plus de sept mois maintenant et j’ai encore beaucoup de choses à découvrir. À la préfecture, j’ai déjà travaillé sur beaucoup de thématiques différentes qui reflètent les nombreux enjeux du département : la Sécurité civile avec la campagne de prévention des feux de végétation cet été. J’ai aussi été très mobilisée durant l’épisode cévenol du 19 septembre au centre de crise. J’ai fait plusieurs actions de prévention à la sécurité routière, de communication. Et des cérémonies commémoratives durant lesquelles j’ai l’honneur de revêtir mon uniforme de sous-préfète. D’un point de vue plus personnel, j’ai découvert une partie du département, mais moins que je l’aurais souhaité, en raison de la crise sanitaire. Et c’est pareil pour les Gardois, que je rencontre la plupart du temps par visio-conférence.

Quelles sont vos priorités pour l’année 2021 ?

En tant que directrice de cabinet du préfet, mon domaine de compétences est celui lié à la sécurité, de manière générale : la sécurité publique, la sécurité civile, la sécurité routière, et la sécurité en matière sanitaire. Cette année, le bon déroulement de la campagne de vaccination et la lutte contre la propagation de l’épidémie de la covid 19 reste la priorité car le virus est toujours là, et les chiffres augmentent dans le Gard. Il faut continuer à respecter les gestes barrières. Autre priorité et non des moindres : la sécurité routière. L’année 2020 a été la moins meurtrière depuis plus de 10 ans avec 37 personnes tuées dans des accidents de la route. Mais les périodes de confinement ont eu un impact car il y avait beaucoup moins de circulation. Et 37 personnes c’est toujours trop de victimes et la plupart sont des jeunes. Il est donc indispensable de poursuivre la prévention et de rappeler les consignes car on a encore beaucoup trop de comportements à risque : la vitesse, l’alcool et les stupéfiants.

Photo AS / Objectif Gard

Les évènements récents et répétés dans le quartier du Chemin Bas d’Avignon à Nîmes inquiètent. Vous avez décidé de ne pas rester les bras croisés. D'ailleurs, dernièrement, vous avez reçu cinq femmes représentant les parents d’élèves des écoles du Chemin Bas, qu’en avez-vous retiré ?

J’ai reçu le 13 janvier dernier une délégation de cinq femmes, parents d’élèves des écoles maternelles et primaires Jean-Moulin, George-Bruguier, Pont-de-Justice et du collège Romain-Rolland. Ces mamans m’ont fait part de leurs inquiétudes sur l’insécurité, les trafics, mais aussi de manière plus générale sur la situation dans le quartier. Les échanges ont été très constructifs et nous avons discuté pendant une heure et demie. Je suis contente de les avoir rencontrées, c’était la première fois qu’elles venaient à la préfecture. Je leur ai assuré que nous entendons leurs préoccupations et que nous agissons. En matière de sécurité, j’ai expliqué que la police nationale était présente quasiment chaque jour en 2020 avec 350 opérations de contrôle dirigées contre les trafics et qui ont permis l’interpellation de 121 personnes. Le climat d’insécurité s’étant accru au mois de décembre, la police a augmenté les opérations et le préfet demande systématiquement des renforts de CRS à la zone sud à Marseille qui nous sont octroyés en fonction des disponibilités. L’objectif est de mener une vraie action de déstabilisation des trafics en faisant des opérations aléatoires, visibles et d’ampleur. Nous en avons menées la semaine dernière et nous en mèneront encore. L’annonce récente par le ministre de l’Intérieur de 13 policiers supplémentaires (10 policiers en avril 2021 et 3 en septembre, NDLR) affectés à Nîmes viendra aussi renforcer les moyens de la police.

La sécurité c'est essentiel. Mais la prévention est importante aussi, non ?

Mais nous étions toutes d’accord : la réponse ne peut pas être uniquement sécuritaire, il faut aussi travailler en amont sur la prévention de la délinquance. Et pour cela tous les acteurs concernés doivent travailler ensemble : l’État, les associations, la Ville de Nîmes, le département et les habitants du quartier. Les habitants sont les premiers concernés. Quand les bus se font caillasser, ils en pâtissent car les lignes sont déviées. Quand les bénévoles des associations sont menacés, ce sont les habitants qui ne pourront pas bénéficier de leur aide. C’est pour cela que nous avons besoin d’eux, ils sont légitimes et ils peuvent nous solliciter comme ces mamans l’ont fait. Nous écrire - nous lisons tous les courriers -, nous rencontrer, s’engager dans les conseils citoyens pour nous faire part de leurs difficultés, de leurs propositions, de leurs idées.

Photo AS / Objectif Gard

L'idée aussi est de créer un climat de confiance entre l'État et les habitants ?

Pour travailler main dans la main, on doit se faire confiance et cette confiance elle va grandir si l’on se connaît mieux. Parfois, on a peur de l’inconnu. C’est pour cela que j’ai invité ces mamans, mobilisées pour l’avenir de leurs enfants et pour l’amélioration de leur quartier, à venir nous voir avec leurs enfants, à venir visiter la préfecture qui est la maison de l’État où tout le monde est le bienvenu et découvrir le rôle du préfet et ses équipes. La déléguée du préfet, Yasmine Fontaine, est une interlocutrice de proximité sur laquelle elles peuvent s’appuyer. Elle est présente au Chemin Bas d’Avignon. J’ai aussi organisé cette semaine une réunion en préfecture avec les associations présentes sur le terrain et qui font un travail formidable tous les jours auprès des jeunes. J’irai moi aussi à leur rencontre au Chemin Bas très prochainement, car il est nécessaire qu’on se connaisse davantage pour cordonner nos actions et travailler main dans la main. Enfin, je suis dans ce département depuis peu de temps mais je m’aperçois à travers ces échanges avec les représentantes des parents d’élèves scolarisés au Chemin Bas et avec les associations, que ce sont très souvent des mamans qui se mobilisent. Elles sont pleinement légitimes à se saisir de ces problèmes et à nous en faire part. Tous les habitants sont une force extraordinaire pour initier des changements et sur laquelle, je l’espère, on pourra s’appuyer pour avancer ensemble.

Comment les services de l’État restent-ils au contact avec les quartiers prioritaires de la "Politique de la ville" ?

L’État est très investi pour les quartiers prioritaires de la "Politique de la ville" (QPV). Nous avons cinq délégués du préfet qui sont chaque jour dans les QPV du département et qui travaillent en permanence avec les associations et les habitants. Nous finançons beaucoup d’associations et de projets, par exemple le stade Pelatan au Chemin Bas d’Avignon, et celui du Mas de Mingue, que l’État a financé à 80 %. Mais plutôt que de faire une liste, je préfère donner quelques exemples concrets et récents. En matière de sécurité, lorsqu’un problème défini est remonté, la police nationale et la Ville font des GPO (groupe de partenariat opérationnel) avec les personnes concernées. Ce fut le cas la semaine dernière avec une association dont les bénévoles étaient pris à partie par des trafiquants. En matière de prévention de la délinquance, la semaine dernière, d’anciens policiers du centre loisirs jeunesse (CLJ) et les médiateurs de Tango Transdev ont sensibilisé les 72 élèves de 6ème du collège Romain-Rolland sur les conséquences des caillassages et des incivilités commises dans les bus. Enfin, c’est ensemble que nous devons aussi montrer les belles initiatives dans les quartiers, la solidarité qui existe entre les habitants, mettre en lumière leurs réussites, les talents et l’engagement de la jeunesse, car ils sont bien réels ! Pour terminer, je voudrais rappeler que l’État vient de lancer « Prodiges de la République » pour récompenser les jeunes de moins de 30 ans qui s’engagent pour la société. Je suis certaine qu’il y a des exemples formidables dans les quartiers. Envoyez-nous les candidatures !

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

A la une

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio