ÉDITORIAL Nîmes métropole : Franck Proust, politique ou comptable ?

Ça y est, le Nîmois descend dans l’arène. Lundi, en conseil communautaire, Franck Proust a animé le débat autour du budget 2021. Animé, seulement. Disons que le président ne s’est pas trop mouillé… Chose assez rare en politique, le républicain a laissé son directeur des Finances, Vincent Foucher, présenter les grands lignes de l’exercice. De quoi, au passage, hérisser le poil de quelques élus de son groupe. Vincent Foucher a en effet été embauché en 2015 par Yvan Lachaud, président de Nîmes métropole à l'époque et ennemi juré du maire de Nîmes. Faut-il voir là le signe que l’Agglo s’émancipe de Jean-Paul Fournier ? En politique, rien n’arrive par hasard. Surtout pas d’un élu qui évolue depuis 31 ans dans ce sérail. Franck Proust, son directeur de cabinet, Bernard Baumelou, et son premier vice-président, Frédéric Touzellier, ont huilé leur stratégie. Envoyé en éclaireur au front, le fantassin Foucher a détaillé le trou de 14 M€ de l’Agglo, en partie dû à la cause de la crise sanitaire, sans oublier d'insister sur le peu de marges de manœuvre laissé par le prédécesseur centriste. Sur sa lancée, le même Foucher a présenté les solutions de Franck Proust : une hausse des taxes, combinée à une baisse des dépenses. Augmenter les taxes la première année de son élection, pas bête. Au Conseil départemental, l’ex-président Denis Bouad l’a fait et, cinq ans plus tard, plus personne ne s’en souvient ! Toutefois ce n’est pas pour ça que le président a laissé son directeur partir au charbon. Avec cet intermédiaire, difficile de s’empailler lorsque son camarade LR, Pascal Gourdel, lui explique que le remède fiscal est trop amer à avaler pour les Nîmois. Là, c'est franchement malin ! Et surtout, dans la presse du lendemain, ça ne nourrira pas une nouvelle guerre picrocholine entre l'Agglo et la ville de Nîmes ! Et l’opposition dans tout ça ? Pour elle aussi, c'est compliqué. La nouvelle lubie de soi-disant "concertation" de Franck Proust, autour du nébuleux Comité de redressement, a de quoi la mettre mal à l’aise. En impliquant les élus dans les décisions, difficile pour eux de s'en extraire totalement. Et puis notons qu'un communiste, en la personne de Bernard Clément, est membre de l’exécutif. Voilà peut-être la tactique de Franck Proust. Programmé en mars, e vote du budget dira si l'initiative a fonctionné. De quoi lui permettre (enfin ?) de donner un cap concret aux habitants de l’Agglo ?
Coralie Mollaret