Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 23.03.2021 - corentin-migoule - 3 min  - vu 630 fois

CULTURE Saint-Jean-du-Gard, place forte du street art

Misako expose dans une vingtaine de pays dont les États-Unis et plusieurs pays asiatiques. (Photo DR)

À la fois urbaines et contemporaines, très colorées et percutantes, les œuvres de Misako dévoilent souvent un message fort qui dénonce le monde d’aujourd’hui et sa soif intense de consommation. Suivies de près par de nombreuses galeries françaises, ses créations s’exportent à l’international. C’est à Saint-Jean-du Gard, considérée comme « la perle des Cévennes », que l’Héraultaise a choisi d’exprimer son art.

Parce que son poste dans la communication et le web design ne la faisait « pas vibrer », la jeune femme de 38 ans, qui a grandi à Lunel, a choisi de « vivre ses rêves » quitte à renoncer à « un bon salaire. » Celle que l’on ne connaîtra que sous le pseudonyme Misako, son nom d’artiste, a enfin sauté le pas pour prendre officiellement sa licence de créatrice en 2019.

Une évidence tardive pour celle qui s’est infligée un Deug, suivi d’une licence d’arts appliqués à l’université Vauban de Nîmes, avant de poser la dernière pierre d’une pyramide de l’apprentissage par l’obtention d’un master à la faculté Paul-Valéry de Montpellier. C’est dans la Grand-rue de Saint-Jean-du-Gard que cette trentenaire énergique s’est installée en 2019, accompagnée de sa petite famille.

Ses œuvres impliquent une démarche créative caricaturale du monde dans lequel on vit. (Galerie Sonia Monti / DR)

Fascinée par Andy Warhol, conquise par l’expressionniste Jackson Pollock, Misako pratique un street art féminin engagé. « Je ne suis pas féministe dans l’âme mais je mets beaucoup en avant les femmes dans mes œuvres », explique la Luneloise, qui dit « mixer les techniques traditionnelles de la peinture » en y intégrant « des techniques plus modernes » car c’est « un bon combo » qui fait son style.

« Très geek », Misako apprécie le retour en grâce du street art « depuis 4-5 ans ». « Il y a toujours de la demande, c’est presque sans limites », rajoute-t-elle. Et ça tombe bien, car elle ne s’en fixe aucune ! Exposée dans les deux plus grandes galeries d’art en ligne du pays, la jeune maman expose également dans deux galeries parisiennes : L’œil ouvert et Sonia Monti.

Sollicitée par plusieurs fondations pendant la pandémie, celle qui passe en moyenne une semaine par œuvre s’est attelée à la création d’une toile dénonçant les violences conjugales : « J’ai représenté le visage de La jeune fille à la perle de Vermeer, mixé avec le corps de Wonder Woman sur un fond très graffiti », s’émerveille cette fan de super-héros.

« J’ai expédié au Brunéi Darussalam »

Passionnée par la pratique numérique, Misako met en forme ses idées à l’aide d’une tablette graphique avant le passage sur la toile. Parce qu’elle aime la couleur et les matières qui lui permettent de laisser libre cours à son expression, l’artiste utilise sans compromis encre, pochoir, spray, coulure, peinture acrylique et posca. Telle une madeleine de Proust, la néo-gardoise aime livrer des productions qui chatouillent l’âme.

De plus en plus sollicitée par acheteurs et galeristes étrangers, Misako est très vite devenue une artiste accomplie au rayonnement international. Plébiscitées, ses œuvres s’exportent aux quatre coins du globe. « J’adore le fait de pouvoir être éloignée de tout à Saint-Jean-du-Gard et malgré tout faire voyager mes œuvres un peu partout à travers le monde », se réjouit celle qui nous a fait découvrir un pays : « J’ai expédié au Brunéi Darussalam. Je ne savais même pas que ça existait (rires) ».

Si elle s’impatiente à l’idée d’exposer à la salle Ugolin d'Anduze en juillet prochain pour en mettre plein la vue aux Gardois, Misako attend la concrétisation d’un projet qui lui permettrait d’exposer ses œuvres dans un réseau mondial de 40 galeries. Assurément, l’enfant de Lunel qui se cherchait s’est trouvée et a bien grandi.

Corentin Migoule

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