ALÈS Cratère Surfaces, l'Italie à l'honneur pour un festival dans la rue jusqu’à ce samedi soir

Du monde était présent sur toute la place des martyrs de la résistance d'Alès.
- Romain FioreDepuis jeudi, le centre-ville d’Alès est devenu un vaste terrain de jeu pour artistes et spectateurs. Pour sa 25ᵉ édition, le festival Cratère Surfaces a misé sur une programmation resserrée, mais très participative, avec une place particulière accordée aux compagnies italiennes. Dernier acte ce samedi soir.
Vendredi, à la nuit tombée, les différentes places d'Alès étaient pleines. Il faut dire que malgré l’orage la veille, les festivaliers ont répondu présent. La chaleur a retardé les arrivées, mais les spectacles programmés après 20h ont bénéficié d’un vrai engouement.
« On a eu des spectacles très participatifs, les gens sont à l’écoute et ils adhèrent », confie Olivier Lataste, directeur du Cratère. « Je pense qu’on devrait frôler les 20 000 spectateurs. »
Des formats courts et interactifs
Vendredi soir, le parcours du spectateur pouvait ressembler à une traversée d’univers : de la place Gabriel-Péri à la cathédrale, en passant par le parvis du Cratère ou la place des Martyrs.
Dès 19h, les cuivres des Fanflures Brass Band ont mis l’ambiance. Une formation rodée à l’espace public, qui circule en déambulant et entraîne facilement le public. Dans le même registre énergique, 95% Mortel — un orchestre à l’écriture libre et au ton volontairement chaotique — a tiré son épingle du jeu avec une performance dense, qui n’a laissé personne indifférent. Le public était invité à participer activement en voyant les musiciens se balader dans la foule et les faire tourner en bourrique, une constante dans cette édition.
Italie en ligne de mire
Le thème choisi cette année — Focus Italia — s’est décliné sous plusieurs formes. On retiendra notamment Il Giro della Piazza, spectacle familial autour d’une course cycliste complètement absurde, où trois comédiens alternent acrobaties, jonglage et théâtre burlesque. « Les spectacles pour enfants ont été adorés. Ils étaient joyeux, vivants. On sent que le public est très à l’écoute cette année », se réjouit Olivier Lataste, directeur du Cratère.
Autre proposition marquante : Time to Loop, un duo mêlant acrobaties sur vélo, clownerie silencieuse et récit amoureux minimaliste. Le format court (25 min) convient parfaitement à l’espace public. Le jeu repose autant sur la performance physique que sur une connivence maîtrisée avec le public.
Enfin, Juliette on the road, adaptation itinérante de Roméo et Juliette, a surpris par son efficacité : un seul décor, les rues de la ville, peu de mots, mais une présence forte des interprètes qui redonnent chair à une histoire connue, dans les rues mêmes de la ville.
Une parole plus engagée
Cratère Surfaces ne se limite pas à l’animation de centre-ville. Certains spectacles proposent une lecture critique du monde. Habiter le monde, de la compagnie Délit de Façade, aborde de front les enjeux liés à la jeunesse, à l'identité et à l’engagement. Théâtre, krump, beatmaking : plusieurs langages artistiques se croisent dans un format hybride, très écrit, qui tranche avec les formes plus ludiques du reste de la programmation.
Autre forme singulière : Doors, un spectacle muet où deux clowns manipulent des cadres de portes sans murs. Derrière l’humour absurde, une réflexion discrète sur les frontières, les règles et le sens du passage.
Encore quelques rendez-vous ce samedi
Pour ce dernier soir, plusieurs spectacles sont encore programmés. Parmi eux : Tancarville, une chorégraphie absurde autour d’un étendoir à linge (21h30, Théâtre de Verdure), une ultime représentation de Juliette on the road (21h30, départ parvis de la Cathédrale), ainsi que la performance acrobatique de Time to Loop à 21h place de Belgique. Les Fanflures Brass Band reviendront à 23h sur le parvis du Cratère pour clôturer l’édition.
En trois jours, Cratère Surfaces aura démontré une nouvelle fois sa capacité à faire dialoguer les disciplines, les générations et les esthétiques dans l’espace urbain. Un festival en mouvement, qui interroge autant qu’il rassemble.