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Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 12.04.2021 - boris-boutet - 3 min  - vu 12310 fois

FAIT DU JOUR Ces résidents qui passent leur confinement au camping de l'Espiguette

Maryse et Bernard sont des habitués du camping depuis 40 ans. (Photo Boris Boutet)

Le camping de l'Espiguette a ouvert le 27 mars. Alors que les vacanciers ne peuvent pas y accéder pour le moment en raison des mesures sanitaires, les quelques 600 résidents qui louent un emplacement à l'année pour installer leur tente, leur caravane ou leur mobil-home, peuvent être accueillis sur place. 

Un temps pluvieux et une ambiance feutrée. En se baladant dans les allées du camping de l'Espiguette, difficile d'imaginer que l'on est en pleines vacances de Pâques. Soit, en temps normal, l'un des premiers temps forts de la saison. "On se croirait en novembre à quelques jours de la fermeture, rit jaune la directrice, Maud Hubidos. Nous étions dans le jus en mars pour préparer l'ouverture et tout est retombé. Une grosse partie du personnel est à nouveau au chômage partiel." 

Mais contrairement à l'an dernier à la même période, le site n'est pas complètement à l'arrêt. "Nous sommes autorisés à accueillir quelques résidents et ceux qui sont en déplacement professionnel, explique-t-elle. Nous hébergeons ainsi des sportifs de haut niveau qui s'entraînent à Port Camargue et quelques travailleurs qui ont des chantiers au Grau-du-Roi. Côté résidents, nous avons une centaine de mobil-homes occupés et quelques campeurs sont aussi sur place." 

Dans les allées du camping de l'Espiguette, quelques résidents profitent de la tranquillité des lieux. (photo Boris Boutet)

Et si l'on est loin de la foule des grands jours, les commerçants ont décidé de jouer le jeu en restant ouverts les matins, tandis que le boulodrome du camping est l'un des seuls lieux accessibles pour les loisirs, à condition bien sûr de respecter les gestes barrières.

Locataires d'un emplacement depuis 1984, Bernard et Maryse n'ont pas hésité longtemps à quitter le Beaujolais dès l'ouverture du camping. "On est parti à la veille de la mise en place du confinement le week-end dans le Rhône, expliquent-ils. Là-bas, il gèle toutes les nuits, on s'est dit qu'on serait bien mieux ici."

Devoirs et apéro sur les terrasses

Quitte à passer plusieurs semaines dans un mobil-home. "Nous avons une grande maison avec terrain mais nous préférons être ici, poursuivent-ils. On bénéficie de la tranquillité des lieux et on adore la Camargue. Et puis, depuis le temps, on fait un peu partie des meubles. On connaît tous nos voisins et le personnel du camping. Parfois, on boit l'apéritif ensemble sur la terrasse en conservant nos distances. Sinon, on va se balader autour de chez nous ou faire nos courses à Aigues-Mortes."

Comme eux, de nombreux retraités ont fait le choix d'arriver dès à présent à l'Espiguette pour profiter du calme et du cadre privilégié dont bénéficie le site. D'autres, plus jeunes, souhaitent simplement passer le confinement loin de la ville. "Je vis toute l'année avec mon copain dans un appartement étudiant à Avignon, illustre Lydie. Mes parents m'ont proposé de me laisser leur emplacement pour qu'on puisse se mettre au vert pendant ces quelques semaines. C'est quand même beaucoup plus sympa d'être ici." 

Quelques mètres plus loin, Léna, 13 ans, fait ses devoirs devant la caravane où se repose Audrey, sa maman. "Quand je leur ai dit que j'étais au camping, toutes mes copines étaient jalouses, rigole l'adolescente originaire de Marignane. J'aime la simplicité de la vie ici, ça change du quotidien. Ça fait du bien d'y passer quelques semaines, mais j'espère que le confinement ne durera pas trop longtemps car je suis aussi pressée de revoir mes amis." 

Léna, 13 ans, fait ses devoirs devant sa caravane. (photo Boris Boutet)

Un souhait certainement partagé par Maud Hubidos qui rêve, sans trop y croire, de pouvoir accueillir des vacanciers pour le week-end de l'Ascension. "Pour le moment, nous sommes comme tout le monde : difficile de se projeter, regrette-t-elle. Le côté positif, c'est que l'on est désormais rodés avec l'expérience de l'an dernier où l'on s'est rendus compte que l'on savait gérer en situation de crise." 

"Côté finances, complète-t-elle, on a fait ce qu'il fallait pour conserver un bilan à l'équilibre. Forcément, les investissements prévus ont été mis en stand-by. Nous devrons notamment rénover près de 200 chalets dans les prochaines années. Il s'agit désormais de mettre à plat les plans de financement."

Car avec plus de 2 000 emplacements, le site est l'un des plus importants d'Europe. Chaque projet nécessite donc des sommes importantes et doit être étudié de près. Cette période de calme qui précède, on peut l'espérer, un retour d'une forte activité cet été, est propice à la réflexion. D'ici là, les 200 à 300 résidents de l'Espiguette actuellement présents sur place profitent du camping dans ce contexte inédit.

Boris Boutet

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