Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 13.04.2021 - coralie-mollaret - 6 min  - vu 1506 fois

FAIT DU JOUR Report des Départementales et Régionales ? Ce qu'en pensent les maires du Gard...

Faut-il maintenir les élections Départementales et Régionales en juin ? Avant de se décider, le Gouvernement a souhaité recueillir l'avis des maires de France. Dans le Gard, une majorité d’élus indiquent que les conditions sont réunies pour organiser ce double scrutin.

Le message est tombé vendredi dans la boîte mail des maires. Un message de la préfecture pour sonder les élus sur l’organisation des Départementales et Régionales, prévues les 13 et 20 juin : « veuillez m’indiquer, par oui ou par non, si les conditions préconisées par le Comité scientifique vous semble réunies pour tenir les deux scrutins prévus en juin prochain. » Quelques heures plus tard, un texto est envoyé par les services de l'État, rappelant aux édiles qu’ils ont jusqu’à lundi midi pour répondre. 

Après réception des réponses, Objectif Gard a pu consulter les résultats. Dans le Gard, 288 maires ont participé à cette consultation sur les 351 concernés par le questionnaire. Résultat : 57% des maires - soit au total 163 édiles - estiment que les conditions étaient réunies pour organiser le double scrutin contre 38% qui estiment au contraire que ce n'est pas faisable. Entretien avec six maires qui expliquent leur position. 

Le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier :

« Il faut maintenir les élections »

Jean-Paul Founier, maire de Nîmes (Photo OG)

En réunion ce lundi matin avec ses collaborateurs, le maire de la capitale gardoise de 150 000 habitants a lu attentivement le rapport du conseil scientifique ainsi que la position de l'Association des maires de France, couplés au questionnaire. Pour Jean-Paul Fournier pas de doute : le maire qui conduit son quatrième mandat à la mairie estime « qu'il faut maintenir les élections, comme ça a été le cas pour les Municipales. Je ne crois pas que les organiser en septembre ou octobre soit possible. » Au regard de la liste des préconisations des spécialistes de la santé, la Ville de Nîmes comprend qu'organiser de telles élections peut paraître dissuasif pour beaucoup de maires : dédoublement des bureaux de vote (soit 170 contre 83 habituellement à Nîmes), vaccination des assesseurs et présidents de bureaux de vote, créneaux horaires réservés aux personnes vulnérables… Toutefois, c'est avec un certain optimisme que la municipalité mise sur une amélioration de la situation sanitaire, permettant en juin de raccourcir cette liste de règles sanitaires. 

Le maire de Bellegarde, Juan Martinez :

« Je ne peux pas assurer décemment ce scrutin ! »

Juan Martinez, le maire de Bellegarde et président de la CCBTA. (Photo : Stéphanie Marin/ObjectifGard)

Infirmier de profession, le maire de Bellegarde - 7 200 habitants - se dit « favorable à un report des élections » : « les conditions préconisées par le conseil scientifique ne sont pas réunies. Nous ne sommes pas en mesure de vacciner tous les assesseurs. On fait courir un risque important à ceux qui vont tenir les bureaux de vote mais aussi aux électeurs. » Ancien conseiller départemental du canton de Beaucaire, Juan Martinez aurait bien aimé se présenter… Sauf qu'en tant qu'ex-collaborateur du cabinet du Conseil départemental, il doit encore attendre quelques mois pour se présenter aux Départementales. « Ma position n’a rien à voir avec ma situation personnelle », assure l’édile, mettant en avant son pragmatisme : « mes agents sont mobilisés sur le centre de vaccination. Je ne vois pas comment je vais pouvoir participer aux opérations de vote les 13 et 20 juin. » D’autant que si l’État imposait de dédoubler les bureaux de vote « j’aurai besoin de 72 assesseurs et présidents pour faire voter mes 5 000 électeurs. » Enfin, Juan Martinez regrette que « l'on fasse les choses au dernier moment... Franchement, on peut attendre quelques mois, nous ne sommes pas en Birmanie ni en Russie ! » 

Le maire de Saint-Gilles, Eddy Valadier :

« On n’est pas à trois mois près... »

Le maire de Saint-Gilles, Eddy Valadier (Photo : Coralie Mollaret)

À Saint-Gilles, Eddy Valadier a une double casquette. Il est maire Les Républicains mais aussi conseiller départemental sortant sur le chef-lieu du canton. Ce week-end, le quinquagénaire a répondu au mail de la préfecture, lui demandant son avis sur le maintien du double scrutin de juin. « Les préconisations faites par le conseil scientifique pour réaliser ces opérations électorales ne me semblent pas réunies », commente le Eddy Valadier. À Saint-Gilles, il faudrait 18 bureaux de vote en cas de dédoublement, soit 80 personnes pour s’en occuper : « Arrivera-t-on à trouver l’ensemble du personnel ? Et seront-ils tous vaccinés ? Pour des grandes collectivités, c’est difficile alors imaginez pour les petites ! », objecte Eddy Valadier. Pour lui, « appeler 40 millions de Françaises et Français à se déplacer, alors que nous ne savons pas dans quelle situation sanitaire nous serons, me paraît être risqué. La priorité est à l’économie, la réouverture des restaurants, des cafetiers… On est pas à trois mois près pour réaliser ces opérations électorales. »

Le maire RN de Beaucaire, Julien Sanchez :

« le Gouvernement se défausse sur les maires ! »

Julien Sanchez, maire RN de Beaucaire Photo : Coralie Mollaret)

La position du maire de Beaucaire, commune de 16 000 habitants, n’a pas bougé : « oui, je pense toujours que nous pouvons organiser les élections. » À 37 ans, Julien Sanchez a anticipé : « nous avons 12 bureaux de vote, il nous en faudra donc 24 si on suit les préconisations du conseil scientifique. Par exemple, deux bureaux de vote resteront en mairie et deux seront installés au conservatoire toujours sur la place Georges Clémenceau. » Et pour le nombre d’assesseurs ? Les présidents des bureaux de vote ? « Pour les présidents des bureaux de vote, ce seront les élus du conseil municipal. Après pour les assesseurs, comme tout le monde on sera en galère… Après on fera les choses. Franchement, je ne comprends pas la question du Gouvernement. Si on décide d'organiser les élections, on s'adaptera et on y arrivera. Là, on a le sentiment que le Gouvernement cherche à se défausser sur les maires pour annuler les élections. Je ne marche pas là-dedans. »

Le maire de Lanuéjols, Alexandre Vigne :

« le scrutin pourrait se tenir à l'autonome »

Alexandre Vigne, maire de Lanuéjols (Photo : droits réservés)

Dans la région du Vigan, le maire de Lanuéjols, village de 630 habitants, est sur le front de la crise sanitaire. « Les maires des petites communes sont préoccupés toute la journée par les problèmes de leurs administrés », confie l’édile. D'ailleurs Alexandre Vigne en a un gros : « mardi dernier, on devait vacciner nos aînés à Meyrueis en Lozère où un centre avait spécialement été mise en place. Or, nous avons reçu un message de l’ARS (Agence régionale de santé) nous annonçant qu’il n’y aura pas de dose ! Le tout sans la moindre explication ! » Préoccupé, le maire rappelle : « j’ai 360 habitants sur ma commune, nous avons eu 10 cas de Covid et un décès. » Dans ces conditions, Alexandre Vigne est plutôt favorable « à l’organisation des élections en automne. En juin, je ne sais pas si on sera sorti de la pandémie, surtout au vue de l’avancement de la campagne de vaccination. » Aussi, Alexandre Vigne s'est dit « surpris » quand au sondage de l’État : « on nous a dit vendredi soir qu’il fallait qu’on lise les documents et que l’on réponse vite au mail. Il n’y avait pas un caractère d’urgence pour mobiliser des maires qui, en ce moment, gèrent la pandémie. »

Le maire de Bagnols-sur-Cèze, Jean-Yves Chapelet : « On n'est pas pressé, la démocratie n'est pas en danger »

Jean-Yves Chapelet, maire de Bagnols-sur-Cèze. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Pour Jean-Yves Chapelet, maire de Bagnols-sur-Cèze, ville de 18 000 habitants, la priorité des élus locaux n'est pas aux élections : « Je ferai ce qu'on me dit, je suis un républicain. Mais aujourd'hui, je gère la mise en place d'un centre de vaccination, j'ai la question des congés scolaires, on ne sait pas encore combien de temps le confinement va continuer... Toutes mes journées sont consacrées à ces sujets. » Il se dit favorable à ce que les deux scrutins soient reportés en septembre ou octobre, au moment où les taux d'incidence du virus seront plus bas. Car pour lui, organiser les élections au moment où les seuils sont encore haut pourrait encore provoquer des taux de participation faibles, comme lors des municipales de 2020. Et ça pose problème : «On n'est pas pressé, la démocratie n'est pas en danger. Aujourd'hui, ce qui est en danger, c'est l'expression de la démocratie... » Il a fait part de son avis dans la grande consultation du Ministre et a apprécié être concerté. « Si on nous dit que c'est au mois de juin, il faut qu'on réorganise tout. Il faut savoir que les bureaux se trouvent à la place du centre de vaccination. Il va falloir que je trouve d'autres lieux. Sincèrement, ça me complique la tâche. Je pense aussi aux gens qui travaillent avec moi, les fonctionnaires, on leur demande énormément », conclut-il.

Coralie Mollaret et Marie Meunier

Coralie Mollaret

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