Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 24.06.2021 - stephanie-marin - 3 min  - vu 626 fois

LE 7H50 de Benoît Barret (Alliance Police) : "La seule personne en France qui n'a pas de remise de peine, c'est la victime"

Benoît Barret, secrétaire national adjoint du syndicat Alliance Police (à droite) et son secrétaire départemental, Franck Groux, lors du congrès régional organisé au Pont-du-Gard ces mardi 22 et mercredi 23 juin. (Photo : Stéphanie Marin/Objectif Gard) - Romain CURA

Alliance Police organisait ces mardi 22 et mercredi 23 juin un congrès régional au Pont-du-Gard. Il s'est déroulé en présence d'une quarantaine de représentants départementaux dont Franck Groux, secrétaire départemental du syndicat et du secrétaire national adjoint secteur province, Benoît Barret. Interview.

Objectif Gard : En quoi consiste ce congrès régional ?  

Benoît Barret : Ce qui est important pour nous, c'est la vie de nos régions, la vie de nos départements, et surtout celle de nos représentants départementaux qui sont au contact direct des collègues au quotidien. Cela permet de nous faire remonter les besoins, les doléances, le sentiment des policiers de terrain. Nous avons plusieurs combats. Le premier est celui de la justice avec une vraie politique de répression envers les agresseurs de policiers. Il y a un vrai sujet sur la peine encourue, la peine prononcée et la peine exécutée dans le cadre des agressions envers les policiers. On veut aussi une vraie protection pour les policiers, que ce soit pour eux-mêmes sur le terrain mais aussi pour leurs familles. Vous avez vu le buzz malsain, déloyal, inadmissible sur l'article 24 de la loi "sécurité globale", mais nous on veut aller plus loin. Pour nous, un policier doit être flouté lors de l'intervention. Tous les jours, même en Occitanie, des collègues dans certaines cités voient leur nom, leur prénom, leur adresse tagués sur les murs, avec des menaces directes.

Dans le Gard, quelles sont les problématiques qui ressortent particulièrement ces derniers temps ? 

Franck Groux : Il y a toujours un problème d'effectifs mais aussi la réponse pénale puisque parfois les peines ne sont pas adaptées à la hauteur des infractions commises. Et, notre procureur, M. Maurel, a demandé la systématisation des perquisitions dans les affaires de violences conjugales. Attention, il le faut. Toutefois, c'est bien sur le papier mais comment fait-on pour le réaliser ?

Parce que pas assez d'effectifs ? 

B.B. : Il y a plusieurs choses. Je comprends le Gouvernement, il n'y a pas de débat par rapport à ça, il y a des priorités quasiment chaque jour. Des priorités sur les violences conjugales, c'est bien normal puisqu'on a vu des drames se passer dans plusieurs régions de France. Mais aussi sur les rodéos urbains... Ce sont des obligations, sauf qu'à un moment donné, les effectifs étant ce qu'ils sont, les priorités vont être très délicates à mettre en place. Nous avons des collègues qui aujourd'hui, ont un portefeuille de 300, 400, 600 dossiers par enquêteur. Ça devient alors délicat de prioriser. Plus ça va, plus la procédure pénale est lourde et plus la procédure pénale est lourde moins le policier pourra être efficace pour la victime. La victime doit être prise en compte mais pour qu'elle puisse être prise en compte, il faut que la procédure pénale soit simplifiée.

J'insiste sur les effectifs car des renforts ont été annoncés, à Nîmes, Bagnols-sur-Cèze mais aussi sur le secteur de Tarascon-Beaucaire... 

F.G. : À Nîmes, quatorze renforts ont été annoncés d'ici la fin de l'année, sur les mouvements polyvalents, on n'a pas encore les volumes. Mais il faut que vous sachiez que nous avons aussi des malades, nous avons le jeu des mutations... Nous voulons savoir si à la fin, en tenant compte de tout cela, nous serons en positif ou en négatif.

B.B. : La question des effectifs est un vrai sujet même s'il y a eu 10 000 postes annoncés par le président de la République sur le quinquennat, c'est bien. Mais ces collègues doivent être formés, c'est un an d'école, donc ils n'arrivent pas aussi vite sur le terrain. Aujourd'hui, ce que nous disons, c'est qu'il doit y avoir une vraie réflexion sur les effectifs notamment en nous supprimant des charges indues. Il y a des missions qui ne doivent plus être les nôtres.

Par exemple...

B.B. : On ne doit plus garder des détenus à l'hôpital, on ne doit plus faire d'extractions de détenus pour une dent à arracher, une visite chez le médecin, etc. Le métier de la police nationale c'est protéger les gens, faire de la surveillance, interpeller les auteurs d'infractions et les présenter à la justice. Garder des préfectures, ce n'est pas le rôle de la police nationale. Sans parler de ces gens qui passent entre les mains de la justice, qui sont relâchés avec des aménagements de peine mais qu'on ne revoit plus. Ce sont les policiers qui sont sollicités pour rechercher ces personnes qui auraient dû rester en prison. Nous sommes dans une société ultra-violente et nous demandons une réponse pénale forte et ferme. Et ce qui est certain, c'est que les gens qui agressent un policier doivent avoir la certitude de la peine, sans remise de peine.  On ne conteste pas ce système de remise mais il n'empêche que la seule personne en France qui n'a pas de remise de peine, c'est la victime qui s'est fait agresser.

Propos recueillis par Stéphanie Marin

Stéphanie Marin

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