Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 12.09.2021 - anthony-maurin - 4 min  - vu 675 fois

FERIA D'ARLES Final triomphal dans les arènes

Paseo de la dernière corrida du cycle arlésien du Riz 2021 (Photo Anthony Maurin).

Qu'on se le dise, les maestros du jour, triomphants et heureux (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Antonio Ferrera (silence et deux oreilles) Miguel Angel Perera (deux oreilles et salut) et Emilio de Justo (oreille et oreille) affrontaient un lot de Jandilla/Vegahermosa dont le dernier de la tarde a été primé d'une vuelta al ruedo à titre posthume. 

"On n'est pas à l'opéra ici !" lance un spect'acteur à l'attention de l'orchestre quand il se met à jouer de la musique. De la musique différente de celle habituelle mais quoi de plus normal ? N'a-t-on plus besoin de créer ? Devons-nous vivre entièrement dans le passé ? Bien sûr que nous sommes à l'opéra ! L'opéra de la vie et penser le contraire signifie un certain déclin. Ici, dans des arènes encore légèrement décorées à la manière de Goya, en tout cas en souvenir de son époque et de son travail sur la tauromachie, nous sommes tous un peu un opéra. Son décor, ses acteurs et sa musique.

Belle petite entrée pour cette corrida de clôture, moitié d'arènes. Des toros espérés, des hommes attendus et un public étonnant en place. Les Jandilla (5) et Vegahermosa (1) ont donné du jeu, ont montré de la bravoure et de la caste tout en laissant leur belle noblesse permettre aux trois piétons de sortir sur de gaillardes épaules.

Antonio Ferrera (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Antonio Ferrera a bien préparé son prochain solo à Nîmes. Même s'il a écouté un silence à l'issue de sa première prestation, il a montré de belles choses. Son toro de Jandilla lui correspond, il faut aller le chercher car il a du répondant. Le toro prend le percale mais Ferrera est un coup en haut un coup en bas. Manque d'inspiration ou envie de passer à autre chose. Dommage.

Antonio Ferrera (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

On retrouve l'Antonio Ferrera que l'on veut voir et revoir lors de son second duel. Face à ce très bon toro, vibrant au cheval, à la belle charge sans vice et au moral d'acier, Ferrera ne sera jamais en-dessous. Du premier capotazo à une mort digne d'un film de science-fiction, le maestro banderille et éteint la musique. La reprise de La Mamma par Chicuelo II ne lui sied guère, il demande, de manière respectueusement théâtrale de changer le morceau. Grand bien lui fait, l'orchestre s'exécute et sort son Opera Flamenca enflammé. L'alchimie prend et les mouchoirs tombent, deux oreilles.

Miguel Angel Perera (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Troisième toro de la corrida, premier exemplaire pour Miguel Angel Perera. Encore un toro aux qualités variées et plaisantes, encore un toro qui file au cheval et qui titille l'estomac. Devant lui, Perera comprend qu'il va falloir s'arrimer mais il sait faire. Il fait. Il fait bien. Il fait très bien. Sur une série interminable durant laquelle ses pieds, joints, sont restés immobiles, il a fait chavirer le navire. Un trésor de plus dans le lit du Rhône ! Les archéologues n'iront pas chercher loin... Un final dantesque, deux oreilles sans aucun doute.

Miguel Angel Perera (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Son combat suivant sera moins plaisant pour les tendidos mais quelle faena... Quelle merveille de précision, un bijou de technicité et d'intelligence. Miguel Angel Perera a tout simplement été grandiose. Comment s'est-il senti à l'issue de ce cadeau offert sans remerciements ? Un discret salut ? C'est dur ! Perera est allé partout, il a fait tout ce que l'on peut faire. Il n'est peut-être pas un torero criard mais sa voix, il la pose sur le sable. Son pinceau, c'est une muleta et il faut regarder pour observer l'oeuvre se réaliser. Son idée, c'est un corps qui bouge sans bouger, un esprit qui avance en sprintant lentement. Perera est grand.

Emilio de Justo (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

La venue d'Emilio de Justo dans les arènes d'Arles est une fête. Son public aime l'y voir et lui permettra de couper une oreille à l'issue de cette mise en bouche. En guise d'entrée, le maestro signe une entame fleurie et plaisante devant le seul Vegahermosa de la tarde. Même s'il n'est pas aisé de se faire à sa compagnie, il permet de travailler en quasi sérénité. Hélas pour Emilio de Justo, la suite va se déliter. Il essaiera de remettre le public en émoi avec des manoletinas d'exception et spectaculaires mais on en reste là.

Emilio de Justo (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Dernier toro de la feria d'Arles, Riz 2021. Des bracelets aux poignets et des sourires sur les lèvres. Cette feria n'était peut-être pas parfaite mais elle a eu le mérite d'être bonne, très bonne quand on y regarde de plus près.

Revenons à Emilio de Justo et au final. Si l'OM est une équipe séduisante depuis le début de la saison, son défenseur Alvaro était dans les arènes a vu un toro de près ! Emilio de Justo lui brinde son adversaire et ce dernier s'invite au brindis. C'est d'ailleurs ce même toro qui fera un tour de piste. Il le fera peut-être pour lui mais surtout pour l'ensemble de la corrida menée.

Allez, revenons à Emilio des Justo ! Une oreille ? C'est tout ?  Il y avait six toros lors de cette course mais tout a semblé s'arrêter au quatrième. Emilio de Justo ne va pas rééditer ce genre de performance tous les trois jours. Même si on sait que c'est un grand torero, il s'est placé au-dessus et on ne lui octroie qu'un pavillon blanc. Celui de la résignation sans doute... Dommage entre Perera et lui, on aurait pu, dû, avoir un final en apothéose.

Vuelta pour le dernier toro de Jandilla (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Le mayoral a lui aussi salué... tout seul en piste, une fois que tout le monde ou presque était parti !

Chicuelo II, l'orchestre, accompagné de l'excellente chanteuse Estelle Mazillo et d'une chorale de jeunes dirigée par Élisabeth Colneau (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Anthony Maurin

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