Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 09.11.2021 - stephanie-marin - 3 min  - vu 548 fois

NÎMES Pour la comédienne Émilie Lafarge : "Créer une compagnie était une question de nécessité"

Émilie Lafarge et Marie-Hélène Roig, comédiennes et fondatrices de la compagnie Le Feu au Lac. (Photo : Stéphanie Marin/Objectif Gard) - Romain CURA

Cette nécessité s'est révélée lors du premier confinement, moment où les comédiens étaient empêchés de monter sur scène. Émilie Lafarge et Marie-Hélène Roig écrivaient un spectacle, une dramaturgie éclatée à l'image de la psyché de Virginia Woolf.

La création de ce spectacle intitulé Ce que je suis en réalité demeure inconnu, a donné naissance à la compagnie Le Feu au Lac. L'inverse est vrai aussi. Finalement, l'important n'est pas la chronologie mais l'envie qui animait les deux comédiennes, Émilie Lafarge et Marie-Hélène Roig, membres du collectif Les Possédés. "On a créé notre compagnie toutes les deux pendant le premier confinement. On a bossé comme des folles depuis nos maisons. On a cherché des fonds, lancé une cagnotte. À ce moment-là, ce n'était même pas une question de courage mais plus de nécessité. Une nécessité absolue d'aller au bout de ce projet-là et de créer ce spectacle", se souvient Émilie Lafarge.

Ensemble, ces deux femmes ont voulu travailler sur une mise en scène, qui se révèle profonde, le regard porté sur la fragilité des rapports humains. Le tout grâce à des montages de textes à partir de quatre œuvres : L'idiot de Fiofor Dostoïevski, Oblomov d'Ivan Gontcharov, Les Vagues de Virginia Woolf et Ma vie avec Virginia de Léonard Woolf. "Cela nous a demandés un énorme travail pour dégrossir ces œuvres et arriver à construire quelque chose à partir de ''cadavres exquis'', raconter une histoire sans qu'on ne constate une rupture. Ce n'est pas un collage, plus un tissage à partir de morceaux de textes", souligne Marie-Hélène Roig.

La pièce "Ce que je suis en réalité demeure inconnu" au théâtre L'Odéon à Nîmes, ce mercredi 9 novembre à 20h et mercredi 10 novembre à 20h. (Photo : Emmanuel Madec)

Il y a une histoire, des histoires, d'amour, de rivalités amoureuses, de liens familiaux, un dîner, un mort et six personnages qui se nourrissent de tout cela, qui nourrissent des pensées sur ce qui est réel autour d'eux, ce qui ne l'est pas et autant de raisons de se débattre pour vivre, survivre. "Vous pouvez parler, ça ne me dérange pas, je vous entends", a lâché Émilie Lafarge face au public du théâtre L'Odéon à Nîmes, hier soir.

Dans la salle, les lumières étaient toujours allumées, des spectateurs continuaient à s'installer, d'ailleurs 20 heures n'avait pas encore sonné. Tous les comédiens étaient déjà sur scène, attablés, ils riaient, buvaient, mangeaient. Cette interpellation a eu un silence pour seule réponse. Émilie était-elle à ce moment-là dans la peau de son personnage Virginia Woolf ? Déjà la frontière entre le réel et l'imaginaire devenait flou.

Mais où est Virginia Woolf ? (Photo : Sandy Korsekwa) • SANDY_KORZEKWA

Noir. Que le spectacle commence. Autour de la table, c'est Virginia (cette fois c'est bien elle et plus Émilie) qui fait les présentations, une partie des membres du Bloomsbury Group, elle-même donc, son époux Léonard, les fantômes d'Oblomov, sa fiancée Olga et son ami Stolz ainsi que Nastassia Filippovna. "Nous avons voulu travailler sur une dramaturgie éclatée à l'image de la psyché de Virginia Woolf. Comme une mise en abîme. Représenter au plateau le reflet des pensées agitées de nos personnages dans une narration onirique, extra-temporelle, comme un rêve de théâtre. Le rêve de faire se rencontrer ces personnages fictifs et réels, d'époques et de pays différents, en un seul espace", expliquent les deux metteures en scène. L'ensemble est lié par de la musique jouée au piano par Thibault Deblache, du Bach, du Beethoven, du Schubert mais aussi la chanson Septembre de Barbara interprétée par Marie-Hélène Roig et Via con me de Paolo Conte chanté par Isham Conrath.

Des textes, de l'imaginaire, de la musique, des chants mais aussi de la danse. Découvrez "Ce que je suis en réalité demeure inconnu" au théâtre l'Odéon à Nîmes. (Photo : Sandy Korsekwa) • SANDY_KORZEKWA

Aller voir Ce que je suis en réalité demeure inconnu, c'est faire une concession, une seule : accepter de lâcher prise. Si vous êtes prêts à vous laisser balader (dans le bon sens du terme), direction L'Odéon ce mardi 9 ou mercredi 10 novembre.

Stéphanie Marin

Stéphanie Marin

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