Publié il y a 1 an - Mise à jour le 17.05.2022 - abdel-samari - 2 min  - vu 9439 fois

ÉDITORIAL Burkini dans les piscines : un bien pour un mal ?

Photo via MaxPPP - PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP

Cela faisait longtemps que les sujets polémiques d'extrême-Droite n'étaient pas sur le devant de la scène. À peu près trois semaines depuis la fin de la campagne présidentielle. Et voilà que par l'intermédiaire d'une proposition du maire de Grenoble, la "fachosphère" a repris du service. Du pain béni cette histoire du burkini dans les piscines. Et elle est loin d'être terminée parce que le conseil municipal de la commune hier soir a approuvé le changement de règlement des piscines municipales. Le port du burkini y est donc désormais autorisé. Le fond de l'affaire car il n'y a que cela d'intéressant finalement. D'abord, Éric Piolle le maire rappelle qu'il ne s’agit pas d’une autorisation mais d’une non-interdiction. Le principe fondateur dans le respect de la loi de 1905 : rien n’interdit le port de vêtement religieux dans l’espace public y compris à la piscine. Éric Piolle l'assure pourtant, le burkini selon lui ce n’est pas la burqa à la piscine. Il souhaite avant tout lutter contre la sexualisation du corps des femmes. Défendre les questions de santé et de prévention pour se protéger du soleil. Forcément, cela ne convaincra pas l’extrême-Droite qui cherche à faire des musulmans la source de tous les problèmes en France. Ceci dit, cette délibération à Grenoble pose question. Sans être islamophobe ni laïcards, on peut s'inquiéter pour la liberté au sens large des femmes. Il est, qu'on le veuille ou non, un signe religieux en devenir. D'une religion qui dans son extrême pourrait en faire un instrument de visibilité politique. Et comme le hijab, il sera porté par beaucoup de femmes par conviction. Mais sera imposé aussi, quelques fois, à des plus jeunes filles qui n'avaient rien demandé. Derrière cette volonté d'une stricte égalité louable, les élus de Grenoble n'ont donc peut-être pas assez pris en compte le risque d'une instrumentalisation politique. Et qui provoquera, une nouvelle fois, une stigmatisation à outrance d'une communauté modérée qui cherche l'apaisement et à se confondre avec tous les autres citoyens. Par ailleurs, on peut s'interroger sur le rôle de ce conseil municipal qui désormais voudrait, pourquoi pas, arbitrer les évolutions d'une religion ? Des moeurs ? Qui donnerait un avis et déciderait comment les femmes doivent exposer leur corps ? Quel serait le maillot adéquat pour ne pas "sexualiser" son corps ? Probablement que la décision du conseil municipal n'est que la conséquence d'un État qui n'a pas tranché dans le vif plus tôt... Dommage. Maintenant, il n'a plus trop le choix.

Abdel Samari

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