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Publié il y a 1 an - Mise à jour le 02.07.2022 - thierry-allard - 3 min  - vu 4773 fois

FAIT DU SOIR À Laudun l'Ardoise, une exploitation agricole dans l’impasse pour une histoire d’accès

Didier et Astrid Allegret sont dans l'impasse (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

« C’est le pot de terre contre le pot de fer », souffle Astrid Allegret, qui tient une exploitation agricole à Laudun-l’Ardoise avec son mari Didier. Dans le rôle du pot de terre, l’exploitation et son point de vente construit en 2015 à un jet de pierre du rond point des 4 chemins. Dans celui du pot de fer, le Conseil départemental. 

En cause ? L’accès au point de vente sur la route départementale 9. « Le Conseil départemental estime que le route est trop dangereuse pour qu’on ait cet accès », explique Astrid Allegret. Tout commence en 2014, lorsque le couple d’agriculteurs obtient un permis de construire pour un hangar agricole. « On vendait à la ferme, mais je voulais un point de vente », rejoue Didier Allegret. Un permis accordé pour un bâtiment agricole qui doit accueillir « un point de vente dans un coin », ajoute Didier Allegret. 

Le magasin ouvre en avril 2015, et les problèmes ne vont pas tarder. « En juillet 2015 je reçois une lettre du Conseil départemental me disant que mon accès n’est pas aux normes pour un point de vente recevant du public », poursuit l’agriculteur, qui retourne alors voir la mairie. La solution trouvée par la municipalité est de proposer à l’agriculteur de vendre le terrain situé derrière son bâtiment afin d’y bâtir la nouvelle déchetterie intercommunale. La déchetterie aurait un accès au rond-point voisin, dont pourrait profiter le point de vente des Allegret. 

« On a vendu le terrain à l’Agglo, et à ce moment là on s’est dit qu’on était sauvés », note Didier Allegret. Las, le projet ne se fera pas, et cette question d’accès devient un impasse. Deux procès-verbaux d’infraction sont dressés en 2016 puis en 2017 et en décembre 2017 le tribunal de Nîmes condamne les agriculteurs à cesser l’activité de leur point de vente sous peine d’une astreinte de 200 euros par jour, auxquels s’ajoutent 1 000 euros d’amende. 

« Si on ne trouve pas une solution, au 20 août je ferme »

De ce fait, « l’année dernière, nous avons dû payer 12 600 euros d’amende, et chaque année, ils nous remettent au tribunal », ajoute Astrid Allegret. Le couple retourne voir la mairie, propose des solutions, comme la mise en place d’une voie de stockage pour tourner en sécurité, la pose d’un panneau stop à la sortie de leur accès assorti d’une interdiction de tourner à gauche, le tout à leur charge. « Mais tout ce qu’on propose, ils le refusent », regrette Didier Allegret, qui affirme par ailleurs n’avoir jamais reçu la visite d’agents du Département sur place pour tenter de trouver une solution. 

Et en mai dernier, le coup de massue : après une nouvelle assignation en justice, le tribunal les condamne à payer l’astreinte précédente, 30 200 euros, et fixe l’astreinte non plus à 200 euros par jour, mais à 300 à partir du 20 août. « On va nous faire fermer boutique, c’est du racket », estime Didier Allegret qui prévient : « Si on ne trouve pas une solution, au 20 août je ferme, et c’est toute mon exploitation, quarante ans de travail, qui vole en éclats. » Une exploitation qui compte une dizaine de salariés en comptant le magasin ouvert de mars à octobre, et qui embauche entre 20 et 25 saisonniers chaque année. Autant d’emplois menacés par un éventuel dépôt de bilan. 

Une situation que le couple Allegret trouve injuste : « nous avons entre 120 et 130 clients par jour et il n’y a jamais eu un accident », affirme Astrid Allegret, alors que l’exploitation rencontre déjà des difficultés. « Nous sommes dans une situation difficile, avec une mauvaise saison sur les asperges, les fraises, la sécheresse et une crise qui s’annonce sur les prix du vin », rajoute Didier Allegret. 

Contacté, le conseiller départemental du canton de Roquemaure Patrick Scorsone estime que sur ce dossier, « il y a eu des maladresses. » « J’ai une certaine sympathie pour l’entrepreneuriat, après quand on demande un permis de construire il faut s’y tenir, quand on fait les choses précisément, il n’y a pas de problème », poursuit l’élu, en rappelant que le permis accordé l’était pour un hangar agricole, pas pour un point de vente. « La fréquentation n’est pas la même », ajoute-t-il. 

S’il se dit « désolé de la situation », Patrick Scorsone l’affirme : « on n’a pas de marge de manoeuvre, il y a une décision de justice, on ne peut pas mettre les gens en danger. » Le conseiller départemental imagine toutefois « une opération de médiation avec le propriétaire du terrain voisin pour trouver une sortie honorable et faire une sortie sur le rond-point », car dans leur malheur, les Allegret se heurtent aussi à un propriétaire voisin qui ne souhaite pas leur vendre sa parcelle, ce qui permettrait d’envisager une sortie sur le rond-point des 4 chemins. Une parcelle laissée complètement en friche, du reste. 

En attendant, le couple a lancé une pétition à la caisse de son point de vente, qui comptait plus de 400 signatures en moins d’une semaine. 

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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