ALÈS Faire plus avec moins, le casse-tête de l'Agglo pour traverser la crise
Hier soir, dans la salle des assemblées du bâtiment Atome, s'est tenu le premier conseil communautaire de l'année 2021. Une soirée en grande partie consacrée à une projection vers l’avenir de l'Agglo via le débat d’orientation budgétaire, étroitement lié à une crise sanitaire devenue crise économique.
Parce que le conseil municipal qui avait eu lieu trois jours plus tôt (lundi) avait occasionné des passes d'armes qui ont parfois terni le débat, Christophe Rivenq, président d'Alès Agglomération, a joué la carte de l'apaisement ce jeudi soir, à l'occasion du premier conseil communautaire de l'année 2021. Et il a bien fait, car le temps aurait manqué !
À l'issue d'un vote interminable que la majorité des conseillers aurait à coup sûr préféré réaliser à main levée, Nicolas Perchoc, seul candidat, a été élu 2e vice-président d'Alès Agglomération en remplacement du démissionnaire Jalil Benabdillah (lire ici).
"Le gros morceau de la soirée", comme l'a qualifié Christophe Rivenq, est ensuite arrivé. Le déterminant débat d'orientation budgétaire dont la délibération a été votée en bien plus de temps que les 24 autres à l'ordre du jour réunies. Avant de le lancer, le président d'Alès Agglo s'est attaché à rappeler le contexte dans lequel il intervenait. Celui d'une année 2020 "toute particulière avec une crise économique inégalée depuis la Seconde Guerre mondiale", se traduisant par une perte de 8,3 points du PIB national.
Mais parce que l'Agglo s'est montrée "prévoyante", sans pour autant "prévoir la crise", les finances locales "résistent bien", promet son président, qui mentionne que "la dette nationale avoisine en moyenne 37 000 euros par personne, alors qu'elle n'est que de 400 euros pour les habitants du territoire."
Fonctionnement, endettement, investissement : triptyque gagnant ?
Ainsi, l'Agglo va s'engager dans la relance en réalisant sept années d'investissement en six, sans pour autant être "une planche à billets" car "ça ne sera pas possible de faire tout et n'importe quoi." Mais le conseiller communautaire Michel Mercier trouve malgré tout le président "un peu frileux sur l'investissement", qui "n'augmente pas assez" à son goût.
De son côté, Patrick Malavieille, vice-président de l'Agglo, brandit le triptyque supposément gagnant : fonctionnement, endettement, investissement. "Il faut chasser les mauvaises dépenses de fonctionnement en réfléchissant à nos capacités de mutualisation pour réduire l'endettement", préconise le maire de La Grand-Combe, qui veut "un équilibre" et des montants d'investissement "crédibles."
"Le prochain budget devra être solidaire envers nos concitoyens et nos entreprises, celles qui jouent le jeu", annonce Sylvain André qui, comme son homologue grand-combien, ne veut pas "oublier la culture". Pour illustrer son propos, le maire de Cendras dégaine l'argument Crouzet, entreprise qui fabrique des moteurs électriques et dont le site alésien est menacé de fermeture (lire ici). "Ce n'est plus possible d'aider des patrons voyous qui perçoivent énormément d'aides de l'État et continuent de licencier alors que leurs entreprises sont bénéficiaires."
Une nouvelle identité économique ?
Des paroles trouvant écho chez Christophe Rivenq, qui continuera à "dénoncer ce capitalisme sauvage", et permettant au conseiller communautaire d'opposition qu'est Arnaud Bord de soumettre sa "remise en question profonde" de l'avenir de notre bassin. "Avant-hier bassin minier et florissant, hier fleuron de l'industrie, notre territoire n'a plus d'identité économique", regrette le socialiste, qui prône une refonte basée sur des "actions spécifiques vers des domaines qui nous sont chers tels que le renouvellement énergétique et le paramédical."
"La concurrence est rude pour attirer des entreprises sur nos territoires. Les aides à l'installation ne sont plus suffisantes. Les opérations de séduction montrent leurs limites", énumère Arnaud Bord, faisant sans doute référence aux différentes campagnes de communication menées par la Ville et l'Agglo dans le métro parisien.
Ce à quoi le président de l'Agglo, après avoir signifié que 30 dossiers relatifs au défi "Je quitte Paris" ont déjà été téléchargés, a répondu en martelant le double objectif de ces campagnes de com' : "Non seulement attirer des personnes qui ont des projets pour notre territoire, mais aussi changer l'image que certains hauts fonctionnaires ont d'Alès, car j'en ai ras-le-bol que tout file à Marseille, Montpellier ou Toulouse."
Corentin Migoule
Et aussi : Au cœur d'un débat que le président d'Alès Agglomération s'est attaché à garder apaisé, un échange a tout de même provoqué l'hilarité d'une partie de l'assemblée. "Monsieur Bord, la parole est à vous", a d'abord indiqué Christophe Rivenq, avant de préciser : "Arnaud, pas Serge", en référence à l'édile de Saint-Julien-les-Rosiers, lui aussi conseiller communautaire, qui porte le même nom. Ce à quoi le principal intéressé, élu d'opposition à la mairie d'Alès, a répondu : "Je ne suis pas encore maire (rires)". "Rendez-vous en 2045", lui a alors assené Christophe Rivenq, estimant sans doute que son temps (contrairement à celui d'Alès Agglomération) n'est pas encore arrivé. "On passera par 2026 d'abord", s'est contenté de répondre Arnaud Bord. "Oh ça va, on peut bien rigoler, on s'entend bien", a conclu le président d'Alès Agglomération, "heureux que la démocratie ait pu s'exercer" tout au long du conseil.
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