Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 04.02.2022 - corentin-migoule - 3 min  - vu 1799 fois

ALÈS Merlin Gérin : la fin d'une mobilisation "historique" contre "un mastodonte de la finance"

La grève a pris fin ce mardi chez Merlin Gérin Alès. (Photo Corentin Migoule)

Après huit jours d'une intense mobilisation amorcée en pleine nuit (relire ici), les salariés de Merlin Gérin ont repris le travail ce mardi soir. L'épilogue d'une lutte "historique" dont le bilan s'avère "mitigé" pour l'intersyndicale qui s'est heurtée à une direction "inflexible"

Ils auront tenu le piquet de grève, se relayant la nuit sans faiblir huit jours durant. Ce mardi soir, les plus de 200 salariés grévistes de l'entreprise Merlin Gérin Alès ont déposé les armes. "Tout est allé très vite entre le lundi où nous avions un fort taux de grévistes prêts au combat, et le mardi où il a fallu trouver une solution de sortie de crise", rejoue Joël Bréaud, délégué CGT et secrétaire du comité d’entreprise.

Percevant "quelques signes de faiblesse au sein des troupes", l'intersyndicale, mobilisée et unie depuis le début du mouvement initié le 25 janvier au petit matin, s'est quelque peu fragilisée après huit jours particulièrement éprouvants. "On était sur une fin de non-recevoir de la direction après huit jours. Il fallait se rendre à l'évidence, elle n'avait pas du tout la volonté de trouver une issue. Ça ne discutait plus. On a compris qu'on pouvait rester une semaine de plus sans que ça ne change rien. Le combat était inégal, même si on a bien résisté", raconte Joël Bréaud.

Six intérimaires embauchés en CDI

Malgré les interventions du sous-préfet de l'arrondissement d'Alès, Jean Rampon, du cabinet de la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, ainsi que celle du président d'Alès Agglomération, Christophe Rivenq, la direction est restée mutique lorsque ces derniers ont proposé leur médiation. Face à "l'inflexibilité" du groupe Schneider Electric, propriétaire de l'entreprise alésienne, un accord de fin de conflit a été soumis à la direction par l'intersyndicale.

Laquelle a finalement obtenu 2% d'augmentation générale assorti d'un plancher à 45 euros pour les plus bas salaires, une revalorisation de la prime d'ancienneté, une prime "vacance" légèrement réhaussée (40 euros), et le maintien d'une augmentation individuelle du salaire de l'ordre de 0,9%. Six embauches d'intérimaires en production ont par ailleurs été entérinées par le groupe Schneider Electric, ce qui constitue "une belle victoire" pour l'intersyndicale qui militait de longue date pour que soit abaissé le taux d'intérim, lequel oscillait autour de 30% de l'effectif total.

Les ateliers de production assurant la construction des disjoncteurs qui font le "beurre" de l'entreprise Merlin Gérin ont donc redémarré dans la nuit de mardi à mercredi. Une reprise de l'activité qui susciterait "beaucoup d'amertume chez les salariés" à en croire Pierre Mounier, délégué syndical CGT. "La dynamique est un peu cassée. Il faudra le temps de digérer", ajoute-t-il, eu égard à une reconnaissance financière qui n'est pas arrivée dans les proportions espérées.

"On s'en rappellera longtemps"

Nathalie Pommet, également élue CGT, retient "l'énorme détermination et le courage" dont ont fait preuve les 95% de salariés grévistes pendant huit jours, y compris la nuit, bravant "le vent et les températures négatives". La dernière nommée reconnait que l'intersyndicale n'a "pas déplacé des montagnes", mais a opposé "une belle résistance" face à ce "mastodonte de la finance".

L'élue CGT n'hésite pas à évoquer une mobilisation "historique" qui fera date dans l'esprit des salariés de la société Merlin Gérin Alès dont la 50e bougie sera soufflée cette année. "On n'avait jamais vu un tel mouvement", jurent les plus anciens employés, parmi lesquels certains tireront leur révérence en 2022. "On se rappellera longtemps de ce mois de janvier 2022", promet Nathalie Pommet.

S'il range au rayon des points positifs l'aspect "fédérateur" du mouvement pour les salariés, Pierre Mounier s'inquiète de "la toute-puissance de ces grands groupes" qu'il qualifie de "machines infernales ayant plus de pouvoir que les politiques". Et de conclure : "Ça fait peur et ça doit inévitablement nous interpeller !"

Corentin Migoule

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