Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 07.06.2022 - francois-desmeures - 4 min  - vu 1280 fois

ALÈS Vedettes des ventes de livres, les mangas ont désormais un palais dédié

(Photo François Desmeures / Objectif Gard)

Alix Guelfucci et Aurélien tiennent les rênes du nouveau magasin Alès Mangas (photo François Desmeures / Objectif Gard)

Alès Mangas a ouvert la semaine dernière au 26, rue de la République, à Alès. Ouvert par Alix Guelfucci, le magasin est le fils naturel de la boutique Alès BD, rue du 19-Mars-1962. Il fallait un antre personnel au leader des ventes de livres que la Pass culture ne finit plus de pousser. En laissant une place pour les expositions et ateliers, la (double) librairie ajoute plusieurs pages à son récit. 

Une pandémie comme source d'énergie. L'idée peut sembler étrange mais c'est bien dans les temps de réflexion qu'a offert le Covid qu'Alix Guelfucci, propriétaire du magasin Alès BD dans la courte rue du 19-Mars-1962, a fait germer l'idée d'extraire le manga de sa boutique pour lui en dédier intégralement une. "Le manga, je le travaille depuis toujours, tempère la pétillante gérante, qui a assisté à l'essor des ventes. Le Pass culture a aussi été un propulseur." Face à des clients "de plus en plus nombreux et de plus en plus de titres", le mur du fond du magasin initial ne suffisait plus. "Il fallait donner un espace dédié."

100 m2, environ 7 000 références

Chose désormais faite au 26 de la rue de République, à côté du bouquiniste, dans un magasin flambant neuf de 100 m2 et 7 000 références qui réunit une clientèle majoritairement jeune. "On a de très bons connaisseurs de mangas, salue Alix Guelfucci. D'autres passionnés de l'univers du Japon, qui vont aller sur des titres moins connus et plus anciens. Puis, un public au courant des parutions, de ce qu'on a en animes (*), en scans (**), ou en webtoon (des séries journalières sur internet qui vont basculer en format papier, NDLR). Le secteur évolue très vite mais c'est très agréable. Et on est confrontés à un public toujours au courant."

La réflexion, qui a précédé la création du magasin, est éditoriale et économique. Le premier engouement, lié aux animes présentés notamment dans le club Dorothée, date du début des années 90. "Aujourd'hui, c'est beaucoup plus important, constate Alix Guelfucci. On assiste à une augmentation constante des ventes de 40%. Le manga passe ainsi devant toutes les ventes de livres." Le covid a énormément profité au support. "C'est lié à une réalité : tous les animes ont été diffusés d'un coup et mis en accès libre sur Netflix et les autres plateformes." Le Pass culture a fait le reste. Ce qui n'est pas sans provoquer de difficultés, liées aussi à la crise conjoncturelle des matières premières. "Rupture de papier, rupture de stock chez l'éditeur, impression plus longues", énumère la gérante.

Actuellement, les dessins de David Gilbert sont exposés à Alès Mangas (photo François Desmeures / Objectif Gard)

À côté des ouvrages, la nouvelle boutique permet aussi de proposer des produits dérivés comme des figurines ou des goodies de l'univers du manga, certains en provenance directe du Japon, même s'il faut parfois tordre le bras aux fournisseurs pour être approvisionné. "On attend la marchandise au fur et à mesure", en sourit Alix Guelfucci, qui fera la navette entre les deux boutiques, tandis qu'Aurélien - "le geek" comme elle l'appelle - sera en permanence au milieu des mangas.

Mais surtout, le fond du magasin va permettre de développer une nouvelle activité, "d'animation, d'ateliers et d'expositions". Les cadres de David Gilbert décorent déjà les murs de l'espace. "Il y aura bientôt un atelier dessin avec Thibaut le Gonidec", explique Sylvain Cérène, chargé de l'animation. Un dessinateur qui est déjà intervenu dans les collèges, comme à celui de Brignon en janvier. Sylvain Cérène en avait profité pour présenter l'univers manga, et retracer son histoire, devant les élèves. "On fait beaucoup d'animations pour apprendre aux jeunes à lire, confirme ce dernier. Parce que le manga apparaît très désorganisé par rapport à la BD franco-belge. On peut organiser une journée à vocation pédagogique, en expliquant une sorte de "grammaire de l'image". Pour moi, c'est le devoir d'un libraire engagé, qui va au-delà d'offrir un café à ses clients. C'est important de faire le lien, aussi parce qu'un jeune passionné a plein de choses à nous apprendre."

Ici, les auteurs ne viennent pas seulement pour signer mais "font face à 30 lecteurs, pour discuter". Après l'inauguration d'Alès Mangas, le 18 mai, Alès BD recevra d'ailleurs un  illustrateur, Jean-Michel Arroyo, pour Pigalle 1950, le 20 mai.

Au premier magasin, Alès BD, les mangas ont été remplacés par les comics (photo François Desmeures / Objectif Gard)

Et le vide laissé par le départ des mangas des rayons d'Alès BD ? Que les passionnés se rassurent, il est déjà comblé. "On a remis en lumière les comics, qui étaient un peu écrasés entre les BD et les mangas, rassure la gérante à la double casquette. Ça permet de les faire découvrir aux plus jeunes. Mais ados et adultes sont aussi curieux..." Et tous ont désormais une offre pléthorique à portée de main. Et de pied, les deux boutiques n'étant séparées que de 150 mètres.

François Desmeures

francois.desmeures@objectifgard.com

Alès Mangas est ouvert du lundi au samedi, de 10h à 18h, et 19h le samedi.

(*) Pour évoquer un dessin animé japonais, on parle simplement d'anime (prononcer animé). La nuance est ténue mais essentielle pour les passionnés...

(**) Mangas pas encore traduits officiellement.

François Desmeures

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