AU PALAIS A-t-il jeté sa compagne du second étage ?
« En matière de violences conjugales, la victime est toujours la première accusée par l’agresseur. Et plus la proie est faible, moins elle a de chance de s’en sortir », estime Maître Karline Gaborit qui défend une trentenaire qui dénonce son mari comme un homme violent. Mais dans ce dossier, difficile de savoir qui a raison. C’est la parole de l’un qui nie toutes les accusations, contre la parole de madame qui s’est vue marquer une ITT de 23 jours. La vice-procureure Laurène Dorlhac avoue n’être « pas très à l’aise dans le dossier » bien qu’elle ait « rarement vu dans un compte rendu médical deux pages et demi de lésions ». Elle demande 6 mois avec sursis contre le sexagénaire qu’elle soupçonne de « violence suivie d’incapacité supérieure à 8 jours », commise le 25 mai 2015 dans le huis clos familial d’un petit appartement de Nîmes.
La victime prétend « être séquestrée et ne pas pouvoir sortir seule ». Pire, le jour des faits elle affirme que son mari qui a trente ans de plus a voulu la jeter de la fenêtre du second étage. Avant elle aurait reçu une correction à base de coups de pieds et de poings. Son mari lui réfute catégoriquement les griefs. « Je n’arrive pas à soulever un kilo. J’ai des problèmes physiques et là on m’accuse d’avoir essayé de jeter la femme du second étage, ce n’est pas possible », déclare ce grand et solide gaillard qui a travaillé plusieurs décennies dans la sécurité. Il explique pour justifier le sang trouvé dans l’appartement, les cheveux arrachés et les blessures constatées : « elle a voulu sauter de la fenêtre, j’ai tenté de la retenir, elle s’est blessée toute seule ».
« A entendre cette dame mon client est le bourreau, mais c’est lui qui appelle les secours. Et puis il y a un contexte particulier, car madame est rentrée illégalement sur le territoire et elle doit de l’argent au passeur... De l’argent que mon client doit payer », affirme Me Jérôme Arnal qui insiste sur le fait que c’est la parole de l’un contre la parole de l’autre et « qu’il n’y a pas d’éléments objectifs qui permettent de le condamner ». Des propos qui ont convaincu la présidente du tribunal correctionnel de Nîmes qui a relaxé le mari. Ce dernier a affirmé à l’audience « avoir fait une connerie de se marier » avec cette « dame ».
Boris De la Cruz
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