Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 10.08.2021 - thierry-allard - 4 min  - vu 4009 fois

CORONAVIRUS « Situation extrêmement tendue et inquiétante en Occitanie » d’après l’ARS

Au service réanimation au CHU de Nîmes. (Photo d'illustration : Romain Cura/ObjectifGard)

Au service réanimation au CHU de Nîmes (Photo : Romain Cura/ObjectifGard)

L’Agence régionale de la santé (ARS) l’affirme : la quatrième vague de la pandémie de covid-19 est une réalité dans notre région, et les semaines à venir s’annoncent très difficiles. 

« La situation est extrêmement tendue et inquiétante en Occitanie, il s’agit de la situation métropolitaine la plus sensible » : le directeur général adjoint de l’ARS Occitanie Jean-Jacques Morfoisse n’y est pas allé par quatre chemins ce mardi après-midi lors d’une conférence de presse en visioconférence. Car tous les indicateurs sont au rouge, voire au violet dans notre région, avec des taux d’incidence, comprendre les nouveaux cas pour 100 000 habitants sur sept jours, qui crèvent les plafonds : 601,8 dans l’Hérault, 441 dans le Gard et plus de 400 dans l’Aude, les Pyrénées-Orientales et la Haute-Garonne, pour une moyenne régionale à 412,6. Pour rappel, le seuil d’alerte est de… 50. Notez que ces chiffres ne comptent que les résidents, donc « on sous-estime la réalité du nombre de cas positifs en Occitanie », précise le directeur général adjoint de l’ARS. 

« Ce taux, extrêmement élevé, reste stable », note Jean-Jacques Morfoisse, sachant que dans le tas, certains départements sont à la baisse, comme les P-O, la Haute-Garonne et l’Aude, et d’autres augmentent, comme le Gard. En première ligne, les jeunes : chez eux, le taux d’incidence avoisine les 1 000 cas pour 100 000 habitants, « ce qui explique la circulation du virus », commente le directeur général adjoint de l’ARS Occitanie. Et chez les personnes âgées, certes plus protégées par la vaccination, « ce taux monte et dépasse 50, mais qui dit contamination ne veut pas dire forme grave », prévient Jean-Jacques Morfoisse. 

Alors dans ce contexte, l’ARS cible trois populations prioritairement pour la vaccination : « les personnes âgées, les personnes vulnérables avec des co-morbidités comme de l’hypertension, du diabète ou de l’obésité et les jeunes pour limiter la diffusion du virus, en rappelant que les jeunes peuvent aussi faire des formes graves ou des covid longs », pose-t-il. 

La vaccination, pour freiner les entrées dans les hôpitaux publics et privés de la région, où le nombre d’entrées augmente brutalement depuis quelques jours et où le pire est à venir. « Cette hausse est d’un niveau inconnu en Occitanie lors des vagues précédentes », note le directeur général adjoint de l’ARS Occitanie. Sur la semaine du 2 au 8 août, les hospitalisations bondissent de 34,7 % et la réanimation de 65,4 %, pour un taux d’occupation des lits de réanimation de 35 % désormais. 

Les évacuations sanitaires ont commencé

On pourrait se dire qu’on a de la marge, mais ce serait sous-estimer la rapidité de cette quatrième vague due au variant Delta, « qui laisse supposer une courbe exponentielle », souffle Jean-Jacques Morfoisse. Ainsi, à l’échelle régionale, « lors des trois premières semaines de juillet nous étions à 35 patients en moyenne, au début de la la semaine dernière 116 et aujourd’hui nous avons dépassé les 200 patients en réanimation », affirme-t-il. Et les projections de l’Institut Pasteur, dont la robustesse a été éprouvée depuis le début de la crise sanitaire, « amènent à un point de rupture, à savoir un nombre de patients qui dépasse nos capacités, d’ici la fin de la semaine », alerte le directeur général adjoint de l’ARS Occitanie. Et même la projection la plus optimiste envisage plus de 800 patients en réanimation au pic de la quatrième vague, envisagé mi-septembre.

Et pourtant, les 462 lits habituels de réanimation d’Occitanie sont passés à 588 avec le plan blanc, déclenché la semaine dernière dans notre région. « Ça permet de décaler le point de rupture, mais pas de beaucoup », note Jean-Jacques Morfoisse, alors que notre région vient de commencer les évacuations sanitaires vers les régions Grand Est et Hauts-de-France : une patiente de l’hôpital de Narbonne vers celui d’Amiens, et deux patients du CHU de Montpellier vers celui de Lille. « Et il y en aura d’autres la semaine prochaine », avance le Pr Vincent Bounes, chef de service du SAMU de Haute-Garonne. « C’est une nécessité absolue, tranche Jean-Jacques Morfoisse, pour pouvoir accueillir les patients qui vont arriver, c’est une certitude, dans les prochains jours. » 

Cette hausse brutale des hospitalisations se conjugue « au problème de pénurie des soignants et à leur fatigue, ils ont de plus en plus de mal à comprendre pourquoi une personne qui a des facteurs de risques n’est pas vaccinée », ajoute le Pr Bounes. Sans compter que, avec le plan banc, des soignants actuellement en vacances peuvent être rappelés au chevet des malades. Cette hausse se conjugue aussi à l’activité « normale » des hôpitaux : « cela pose des difficultés, il y a d’autres services et la prise en charge des patients non-covid », note le Pr Jacques Reynes, chef du Service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Montpellier qui constate lui aussi « un problème de fatigue des soignants et une perception de plus en plus difficile des non-vaccinés. » 

Les autorités sanitaires rappellent l’importance de la vaccination, puisque « l’immense majorité des patients hospitalisés pour des cas de covid graves n’est pas vaccinée, autour de 90 % », dit le Pr Bounes, qui voit dans les services « des patients plus jeunes que lors des vagues précédentes, avec une présence importante de co-morbidités, au premier chef le surpoids. » Le Pr Reynes ne dit pas autre chose, et affirme que « ce serait un désastre s’il n’y avait pas eu ce saut de vaccination en juillet, on serait déjà sous l’eau, même si nous sommes dans une situation compliquée pour les deux à trois prochaines semaines. » À ce jour, 57 % de la population de la région est entièrement vaccinée, et 69 % a reçu une première dose, alors que « la campagne de vaccination bat son plein », note le directeur général adjoint de l’ARS.

« La période qui nous attend va être très compliquée », rajoute-t-il, qualifiant les projections de « très inquiétantes », aussi « par rapport à l’accidentologie et les pathologies graves » hors covid. Du reste, le report des interventions pouvant l’être a commencé dans notre région. 

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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